Elle était comme en sursis, car la menace d’enlèvement planait au-dessus d’elle depuis 2021, selon «la radio mondiale». Mais, sans doute certaine d’être très intégrée à la population locale d’Agadez pour être victime d’une agression, dans cette communauté du Nord du Niger, au sein de laquelle elle s’impliquait, à travers divers moyens dont l’éducation des enfants, Eva Gretzmacher, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, ne pouvait rien craindre. Ou du moins, c’est ce que pensait l’Autrichienne de 73 ans, que ses hôtes depuis près de 30 ans, considéraient comme leur «sœur». Car ce qui ne devait pas arriver, arriva, ce samedi 11 janvier, lorsque des hommes armés non-identifiés firent irruption au domicile de Eva Gretzmacher, dont ils se sont emparée avant de la conduire vers une destination, encore inconnue. L’effet de surprise a, peut-être, empêché toute réaction qui aurait servi à contrecarrer le plan des ravisseurs. Pas même le veilleur de nuit qui aurait été rudoyé, n’a pu rien faire.
Qui a donc enlevé la plus Nigérienne des Autrichiens? Est-ce que ce sont les mêmes personnes qui la menaçaient qui sont passées à l’acte? Est-ce un simple crime crapuleux pour lequel les auteurs exigeront un rançon? La kidnappée était-elle plutôt détentrice d’un quelconque objet ou secret compromettant pour ses ravisseurs? Servira-t-elle comme otage à un groupe terroriste contre la libération de ses combattants? Autant d’interrogations qui pourraient compléter d’autres, et servir, pourquoi pas, de pistes de recherches pour retrouver dame Gretzmacher, et la libérer, le cas échéant. Certainement que la machine des investigations est déjà mise en branle par les fins limiers, notamment l’Autriche pour aller à la rescousse de sa ressortissante. Peut-être même que des négociations ont déjà été engagées pour ramener la captive à la maison. Dans l’espoir que tout cela est encore envisageable. Car, à ce stade, aucune hypothèse n’est à écarter. Du reste, il y a toujours des personnes ressources qui sont sollicitées dans ces cas, et, par des ramifications, parfois les plus imaginables, arrivent à dénouer l’écheveau des rapts.
Alors que tous les regards étaient tournés vers le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, le Jnim lié à al-Qaïda, a démenti toute implication dans l’enlèvement d’Eva Gretzmacher qui n’a donc pas, jusque-là, été revendiqué officiellement. Pourtant, l’acte fait penser aux kidnappings par lesquels procède al-Qaïda pour renflouer, grâce aux rançons, ses caisses. Les soupçons qui étaient portés sur le Jnim sont d’autant plus légitimes que ces groupes ont toujours besoin de beaucoup d’argent, non seulement pour recruter, mais aussi s’équiper, pour accomplir leurs funestes opérations qui endeuillent, constamment les populations du Sahel, et de plus en plus les pays du Golfe de Guinée. Le Bénin vient d’en faire les frais, avec l’attaque du 8 janvier, dans le nord du pays, au lourd bilan de 28 soldats tués, et revendiquée par le Jnim.
Ainsi donc, si ce n’est le Jnim, qui donc a enlevé Eva Gretzmacher? Retour à la question de départ, que cherche à résoudre l’Autriche, sans doute avec l’aide des autorités locales d’Agadez et nationales du Niger. Dans cette attente anxieuse, les populations d’Agadez n’ont d’autre recours que la prière à Dieu, pour que leur «sœur» revienne, «saine et sauve», à la maison. La famille autrichienne d’Eva Gretzmacher vit, sans doute, également, ses pires moments d’angoisse!
Ramenez vite Eva, à ses frères et sœurs nigériens et autrichiens!
Par Wakat Séra
