Presque tous au même régime des coupures d’électricité! Plus qu’un épiphénomène, c’est la triste réalité que subissent beaucoup de pays africains, certains plus que d’autres. Fort heureusement, la lumière du soleil arrive encore à distinguer le jour de la nuit, là où l’électricité se fait rare. En tout cas, dans bien des pays, le courant ne passe plus, et c’est bien le cas de le dire. Il est devenu, par endroit, une denrée rare, non pas parce les populations n’ont pas les moyens pour y accéder, ou à cause de quelconque catastrophe naturelle, mais simplement parce que le fossé de la demande et de l’offre devient abyssal. Et aussi, surtout, parce que les installations faites pour la plupart, depuis Mathusalem, ne répondent plus aux besoins actuels des nombreux consommateurs.
Pourtant reconnu comme un géant économique de l’Afrique, là où les affaires fourmillent et prospèrent, le Nigeria souffre de ce mal endémique et, en journée comme la nuit, nombre de quartiers, s’offrent gratuitement, des concerts de groupes électrogènes qui marchent sans arrêt, favorisant notamment la pollution de l’air. Et quand des groupes armés s’en mêlent, ce sont 17 Etats sur les 36 que compte le Nigeria, qui sont déconnectés du réseau national depuis plus d’une quinzaine de jours.
A quand la fin de ce noir sidéral qui plonge les populations dans une inquiétude sans borne, le courant électrique étant aussi important pour les grandes usines et autres sociétés que les ménages? Equation à plusieurs inconnues. Mais la situation pourrait durer au moins jusqu’à mi-novembre, estiment des autorités qui ne savent plus où donner de la tête. Certes, ce sabotage desinstallations par des groupes armés est déplorable, mais plus dramatique est cette impuissance des autorités politiques à permettre à l’économie de tourner, qu’elle soit celle des grandes industries de production appartenant à des magnats comme Aliko Dangoté, ou des petites unités, de photocopies de documents ou de collage de pneu, qui font vivre toute une famille, de Lagos à Kano, Ikeja, Benin City, ou Calabar.
Comment imaginer que l’un des pays, classés parmi les rares locomotives économiques de l’Afrique, puisse être pratiquement aux arrêts parce qu’aucune projection n’a permis de déceler que les installations électriques sont vétustes et méritent d’être remplacées? Comment accepter que des dirigeants qui se succedent, ne se livrent, entre eux, que des guéguerres politiques et des querelles de clochers qui se limitent à la conquête ou la préservation du pouvoir au lieu de planifier l’intérêt national? Comment comprendre que ce pays, grand producteur de pétrole qui le vend l’or noir à ses voisins, au point d’en manquer pour ses propres populations, n’ait pas trouvé, depuis lors, le remède à ce mal qui rend son économie si vulnérable? Comment expliquer que le Nigeria, avec tous ses milliardaires et hommes d’affaires au portefeuille épais, ne soit pas en mesure de juguler certaines difficultés, comme, la pénurie de carburant, les pannes d’électricité à petite échelle, et maintenant d’envergure nationale?
Rien ne pourra justifier ces défaillances, si ce ne sont la grande et la petite corruptions qui gangrènent l’économie d’un pays qui, avec sa superficie de 923 768 Km2 et ses 223,8 millions d’habitants constitue déjà un bon marché de consommation pour lui-même. Même si la nébuleuse Boko Haram continue de faire la loi, devant des chefs d’Etat qui, jusque-là, ont brillé par leur impuissance à lutter contre ce véritable cancer, il faut reconnaître que sans la corruption et avec une certaine rigueur dans la gestion de la chose publique, le Nigeria doit pouvoir tourner le dos à ces soucis existentiels.
Question: comment avec autant de soleil, une richesse naturelle que leur envient les peuples d’autres continents comme l’Europe, les Africains ne peuvent-ils pas se mettre ensemble pour construire de grandes centrales solaires, qui alimenteraient plusieurs régions? Le Maroc, avec le complexe solaire de Ouarzazate, pourrait bien servir de tête de pont, surtout que le Royaume chérifien entend miser, aujourd’hui, sur la coopération Sud-Sud, selon la vision et l’offensive diplomatiques à outrance du Roi Mohamed IV.
Et que la lumière soit!
Wakat Séra