Un Noël endeuillé au pays des Hommes intègres. C’est un communiqué du gouverneur de la région de l’Est qui signale que dans l’après-midi du 25 décembre, sur la RN 04, axe Fada-Kantchari, un minibus de transport en commun a heurté une mine. Le bilan est catastrophique: 10 morts, 5 blessés, sans compter les passagers portés disparus. Un drame de plus, un drame de trop. Preuve, s’il en fallait encore, que «trêve de Noël», terroriste connaît pas!
Ces derniers temps, les Burkinabè ont pourtant eu l’impression qu’ils bénéficiaient comme d’une bouffée d’oxygène, au regard des prouesses récentes des Forces de défenses et de sécurité (FDS) et des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Selon les rares nouvelles qui viennent encore du front, et relayées surtout par les infatigables informateurs des réseaux sociaux, les victoires des nôtres se sont traduites de façon concrète sur le terrain des opérations.
La reprise, dans la province du Mouhoun, de Solenzo, ville qui est restée de longs jours sous le joug et la férule des terroristes, en est, pour l’instant, l’illustration emblématique. D’autres opérations menées par les FDS ont, selon des communiqués qui nous sont régulièrement transmis, permis de mettre en déroute les ennemis de la nation, neutralisant un bon nombre d’entre eux, dispersant les autres, détruisant leurs bases et récupérant du matériel de guerre dont ils disposaient.
Mais les faits sont têtus! Il faut se rendre à l’évidence: les terroristes qui écument le Burkina peuvent être sonnés et groggy par endroits, mais force est de reconnaitre qu’ils n’ont pas abdiqué. Les attaques se font persistantes, insistantes, pernicieuses. Elles se passent là où on pense qu’elles peuvent se produire, mais aussi en des endroits où on ne les attend pas vraiment, ce qui rend, sans doute, la prévision et l’anticipation compliquées.
Et c’est bien là la preuve que le Burkina Faso n’est pas encore sorti de l’auberge. Car si on s’amuse à faire le décompte macabre des terroristes annihilés depuis les premières attaques perpétrées sur le sol burkinabè, on se retrouve avec un total de plusieurs centaines de macchabés dans leurs rangs. De toute évidence, ce n’est pas cela qui les décourage puisque la folie meurtrière continue et frappe aveuglément, dans l’intention évidente de faire du mal partout où ils se sentent en mesure de le faire.
La violence sauvage continue. Les drames et déchirements qu’elle cause sont là, bien réels: les personnes déplacées internes, les PDI, qui fuient leurs zones d’habitation pour trouver refuge dans quelque endroit plus hospitalier. Les écoles et centres d’éducation qui se ferment dans les zones à risques, jetant à la rue des enfants désormais déscolarisés. Des milliers de familles déchirées, contraintes de se livrer à la mendicité pour arracher la pitance au quotidien.
Non, la guerre contre le terrorisme est loin d’être gagnée puisque de toute évidence, elle est loin d’être finie. Combien de temps durera-t-elle encore cette guerre lâche que nous imposent les groupes terroristes dont on dit qu’ils ne viennent plus d’ailleurs mais sont alimentés par des cellules latentes locales? Nul ne saurait se risquer à le prédire.
Mais une chose est sûre, ce sont les Burkinabè dans leur ensemble qui ont intérêt à s’unir pour espérer vaincre l’hydre terroriste. Clivages, clans, esprit de division, invectives, mépris traduisent tous le malaise, l’indignation et la frustration qui hantent les esprits, certes, mais il n’est pas certain qu’ils produisent quelque chose de positif qui sauve une nation en péril. On a régulièrement parlé «d’union sacrée» peut-être sans trop y croire. En tout cas, les faits démontrent que les Burkinabè devront vraiment s’y mettre, afin d’essayer de faire mentir le regretté Norbert Zongo qui disait que «nul ne saurait avoir un avenir dans un pays qui n’en a pas»!
Par Wakat Séra