Dans un rituel perpétuel, les fidèles chrétiens ont commémoré la nativité de Jésus-Christ ce 25 décembre. Plus que jamais le Sauveur aura fort à faire pour ramener la quiétude, la joie et le bonheur, dans un monde miné par les conflits, les violences, le viol constant des droits humains et le règne de l’injustice sous toutes ses formes. Alors que les armes tonnent dans une République démocratique du Congo (RDC) dont les populations subissent au quotidien les attaques des miliciens et rebelles du M23, les urnes continuent d’être remplies pour des élections générales qui devaient se tenir sur la journée du 20 décembre et qui connaissent déjà, avant même la proclamation des résultats, une forte contestation de l’opposition. Les opposants dénoncent un «chaos électoral sur fond de fraude massive» organisé par une Commission électorale nationale indépendante (Céni) et son président qui avaient été rejetés par une partie de la classe politique à qui les événements actuels semblent donner raison.
Dès lors, la cocotte-minute a commencé à siffler, les candidats de l’opposition qui ne manquent pas de poids, financier comme populaire, ayant décidé de «rejeter» ce «simulacre d’élection». Ils comptent donc manifester leur ire ce mercredi, ce qui n’est pas du goût du pouvoir du président candidat, Felix Tshisekedi, qui a clairement prévenu qu’il n’acceptera pas le moindre «trouble à l’ordre public». Il y aura forcément de l’électricité dans l’air, si d’ici à là, les démons de la violence qui errent depuis la campagne électorale ne sont pas contenus. Mais jusqu’où iront Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Denis Mukwege, des poids lourds de l’opposition, qui ont déjà commis l’erreur cruciale d’être allés en rangs dispersés à une élection présidentielle à un tour face à un mastodonte, au propre comme au figuré, qui souque ferme pour se maintenir au pouvoir? Le sang des populations innocentes, manipulées dans les deux sens, risque encore de couler pour des intérêts individuels et égoïstes de politiciens sans foi ni loi.
Au Soudan, c’est la «guerre des généraux» qui fait rage depuis avril, entre l’armée au pouvoir et les paramilitaires. Dans un conflit pour lequel les populations civiles prises en tenaille paient, comme à l’accoutumée un lourd tribut, le général Abdel Fattah al-Burhane et le général Mohamed Hamdane Daglo «Hemetti», d’anciens alliés qui ont pris le pouvoir des mains d’Omar el-Béchir, confisquant ainsi la longue révolution du peuple, ne se font aucun cadeau. Une crise humanitaire doublée de combats militaires meurtriers est ainsi devenue le quotidien d’une population qui avait, visiblement, jubilé trop tôt à la chute d’el-Béchir qui a dirigé le pays d’une main de fer durant 24 ans. La «guerre des généraux» à l’issue incertaine, chaque camp bénéficiant de ses appuis étrangers, n’est certainement pas près de prendre fin dans un Soudan coutumier des conflits et violences militaires. Surtout que la communauté internationale manifeste une impuissance notoire!
Que dire du Sahel africain dont les populations, civiles comme militaires, demeurent confrontées aux attaques quotidiennes de terroristes qui, paradoxe des paradoxes, disent tuer au nom d’Allah, Dieu d’amour qui a envoyé son fils sur terre comme sauveur? En plus des morts qui ne se comptent plus, les personnes déplacées internes qui ont fui les zones dangereuses pour des cieux plus cléments, grossissent sans cesse les rangs, installant ainsi une crise humanitaire qui ne fait que s’aggraver.
Néanmoins, le Niger, le Burkina Faso et le Mali qui sont dans l’œil du cyclone s’organisent avec une volonté forte d’en découdre qui leur permet de faire face à cette hydre terroriste dont les têtes poussent aussitôt coupées. Et voici la bêtise humaine qui tue aussi, sous la forme d’installation d’entrepôts d’hydrocarbures, d’aéroports et autres infrastructures de nature dangereuse en pleine ville, au milieu des populations, créant régulièrement des tragédies au bilans macabres monstrueux. Comme à Kaloum en Guinée, dans la nuit du 18 au 19 décembre.
L’année n’a même plus assez de jours pour les deuils déclarés pour attaques terroristes meurtrières, accidents de toutes sortes, incendies, inondations, guerres, etc. Pour le moment, seuls les militants du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) savourent leur cadeau de Noël, en la personne de Tidjane Thiam, 61 ans, qui a été élu président de ce parti monument lors du congrès du vendredi 22 décembre. Le jeune financier et homme politique succédant ainsi à l’ancien président ivoirien, Henri Konan Bédié, décédé le 1er août.
En tout cas, la tâche ne sera pas simple pour le Prince de la paix qui est né ce 25 décembre pour la joie des millions d’enfants sur la terre. Même le froid de l’harmattan du Sahel ou celui de l’hiver en Occident n’ont pu décourager «Petit Papa Noël» qui, à l’occasion, est descendu du ciel la hotte pleine de cadeaux. Mais, visiblement, le bonhomme rouge venu de la Laponie, ne partage pas assez d’amour dans ce monde de haine! Le Pape dans sa bénédiction urbi et orbi de ce jour de Noël sera-t-il enfin écouté ou aura-t-il prêché dans le désert, lui qui demande de faire taire les armes?
Joyeux Noël à tous!
Par Wakat Séra