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Non, la route ne tue pas, c’est nous qui tuons sur la route!

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Les accidents de la route présentent un bilan effrayant (Ph. d'illustration)

Les accidents de la route! Des centaines de tomes de livres ne suffiraient pas pour les comptabiliser, eux et leurs corollaires terrifiants aussi bien pour les victimes que pour la société. «Au cours de la dernière décennie, les taux de décès dus aux accidents de la circulation ont considérablement augmenté en Afrique, entraînant la perte de près de 250 000 vies humaines sur les routes du continent rien qu’en 2021. À l’inverse, les taux de décès dus aux accidents de la route ont diminué de 5 % au niveau mondial pendant la même période», souligne un nouveau rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Au Burkina Faso, 4460 personnes ont été tuées et 58 140 autres ont été blessées suite à 91 253 accidents de la circulation routière survenus entre 2019 et 2022. Toujours au «Pays des hommes intègres», rien que le premier trimestre de l’année 2023 a enregistré 471 morts et 7 335 blessés causés par les 11 717 accidents de la route sur cette courte période. Ces statistiques officielles effarantes et effrayantes, mettent bien en exergue, l’ampleur des dégâts de ce mal qui résiste à tous les efforts entrepris pour le contrer. Et tout se passe comme si ce sont les véhicules qui conduisent les hommes, êtres dotés de raison, et non le contraire. Car, il faut le dire de go, la presque totalité des accidents de la route auraient pu être évités, si les Burkinabè, le voulaient.

La main de l’homme

La route ne tue pas, c’est nous qui tuons sur la route! Une évidence, quand on scrute les causes des accidents de route qui portent, presque toujours, la griffe de l’homme. Vitesse excessive ou inadaptée; alcool et stupéfiant au volant; usage du téléphone cellulaire en pleine conduite; non respect du code de la route; mauvais état des systèmes de freinage et d’éclairage des véhicules; absence de courtoisie et intolérance chez les conducteurs; non port du casque pour les motocyclistes et de la ceinture de sécurité pour les automobilistes; imprudence juvénile des élèves et étudiants qui prennent la route pour terrain de jeu pour acrobates; routes prises pour des pistes de Formule1 par des conducteurs des voitures et bus de transport en quête de multiplication de la recette journalière, au mépris de leur vie et celles des passagers; transport de toute une famille, soit père, mère parfois enceinte et enfants, sur une seule et même moto faite pour deux personnes; surcharge de véhicules en marchandises; mauvais état des routes, certaines chargées de ralentisseurs sauvagement construits. Le chapelet des causes de ces accidents, aussi graves les uns que les autres, peuvent encore être égrené à l’infini, mais elles se ramènent, dans l’ensemble, à la main de l’homme.

ONASER, policiers et sociétés d’assurances

Malgré les multiples activités et campagnes de sensibilisation de l’Office national de sécurité routière (ONASER), la courbe ne tombe pas, même si par moment elle infléchit, et même là, de façon peu perceptible. Le comble, ces voitures, dont le grand nombre est du lot des «au revoir la France», c’est-à-dire des véhicules d’occasion qui retrouvent une nouvelle vie en Afrique et au Burkina compte tenu de nos moyens limités, sont vite amorties mais continuent de circuler. Et même de polluer, à peine visibles sous les nuages de fumée qu’elles déplacent. Que dire de tous ces «taxis verts», véritables cercueils roulants, où tout manque, jusqu’au frein! Paradoxalement, ces taxis qui, évidemment ont leur clientèle qu’ils transportent souvent, des et vers les marchés et auto-gares, possèdent un certificat de visite technique à jour. Et il en sera ainsi, encore longtemps, tant que leurs conducteurs pourront louer des pièces essentielles qu’ils rendront à leurs propriétaires après la visite concluante.

Mais souvent les chauffeurs, qui n’ont pour toute pièce que leur permis de conduire, rusent avec les policiers, réussissant à corrompent certains. Fort heureusement la plupart des agents de la police routière font correctement leur job et verbalisent sans état d’âme les conducteurs indélicats, quitte à conduire les véhicules en faute à la fourrière. En tout cas, grâce aux actions sensibilisatrices de l’ONASER et celles répressives des forces de l’ordre qui mettent…l’ordre dans la circulation et sur les routes nationales, les chiffres devraient connaître une tendance baissière, et donner moins de soucis aux sociétés d’assurances très sollicitées pour les prises en charge.

Mais, la route est encore longue!

Par Wakat Séra