A peine débarrassé de Choguel Kokalla Maïga, son ancien occupant, dans la nuit du mercredi 20 novembre, le fauteuil très éjectable de Premier ministre malien, n’est pas resté bien longtemps vide. Il a aussitôt été repris, le lendemain, ce jeudi, par un militaire, un personnage influent de la transition, qui lui était bien familier. Le général Abdoulaye Maïga, puisque c’est de lui qu’il s’agit, y avait déjà fait son apprentissage, en tant qu’intérimaire du poste, lorsque l’autre Maïga, en l’occurrence Choguel Kokalla, avait des ennuis de santé. A cette époque, celui qui a, assez vite épousé sa nouvelle mission, était déjà vu comme le nouveau locataire, sur la durée, de la primature, car peu d’observateurs misait encore sur le retour du PM souffrant.
Sauf que, le désormais ex-Premier ministre qui, lui également, ne doutait pas de l’appétit aiguisé de son ministre de l’évincer pour de bon de son fauteuil pour en devenir le propriétaire, a recouvré la santé, dans une forme qui lui a permis de revenir à son poste, plus virulent que jamais, contre les «détracteurs» et les «ennemis» de la transition. Mais, cette fois-ci, l’affaire est pliée pour Choguel qui accuse son successeur, alors qu’il était son intérimaire, d’avoir fait bien des bébés dans son dos, dont la création d’une centaine de partis politiques en un laps de temps record.
En tout cas, gardant jalousement son maroquin de l’Administration territoriale, le général Abdoulaye Maïga lance le signal clair que la moindre parcelle du Mali sera sous contrôle, tout comme les élections, prévues pour 2025. Question: n’est-ce pas, désormais, peu probable que les dates des scrutins soient maintenues, compte tenu des derniers événements politiques qui se sont succédé à Bamako? A moins que le pouvoir de la transition veut contredire Choguel Kokalla Maïga qui évoque une prorogation de la transition, information qu’il dit avoir apprise sur les médias, en même temps que Monsieur tout le monde, alors que lui était Premier ministre. De plus, même si le bus du gouvernement a changé de chauffeur et que le nouveau conducteur porte le même patronyme que l’ancien, les passagers demeurent pratiquement les mêmes, notamment les responsables des ministères de souveraineté.
C’est ainsi que les ministres de la Défense et des Anciens Combattants, le général de corps d’armée, Sadio Kamara; de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Mamoudou Kassogué; de la Réforme de l’État, chargé des Relations avec les Institutions, Bakary Traoré; de la Sécurité et de la Protection Civile, le général de division Daoud Aly Mohammedine; de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion Nationale, le général de corps d’armée, Ismaël Wagué; des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale, Abdoulaye Diop; de l’Économie et des Finances, Alousseni Sanou, restent tous à leurs postes. L’ossature de l’équipe, même si elle a un nouveau capitaine, reste presqu’inchangée. Comme quoi, il importait de sauvegarder la fondation du pouvoir de la transition, et surtout rester fidèle à l’adage selon lequel «on ne change pas une équipe qui gagne».
Quel sort pour Choguel Kokalla Maïga? Ce qui est clair dans tous les esprits, en premier celui du «démissionné», il ne sera point ménagé par le pouvoir de la transition, surtout qu’il lui est prêté des ambitions présidentielles. A moins d’un tsunami, malgré sa cinquantaine d’années d’expérience politique, il apprendra, sans doute, à ses dépens, que l’émancipation a un prix à payer. Sauf si, comme il est parvenu souvent à le faire, il arrive à retomber sur ses deux pieds, après ce saut sans parachute!
Un Maïga peut donc en cacher un autre, même si celui qui vient d’être caché, a pour nom de naissance Chouaïbou Issoufi Souleymane.
Par Wakat Séra