Nombreux sont ceux qui affirment que tout est aujourd’hui «politisé», mais certaines de mes convictions me poussent à soutenir par contre que seulement certains enjeux sont “politisables“ selon les sensibilités et les rapports d’influences sur le mode de gouvernance, les intérêts et plus largement la puissance d’un État directement confrontée à la mouvance des relations internationales.
Cette affirmation s’inscrit dans un tropisme très clair qui doit une forte corrélation avec la temporalité des faits, car ce qui était “politisé“ hier ne l’est plus forcément aujourd’hui ou l’est plus encore en ce moment. Dirons certains dans une allégorie folklorique, qu’il s’agit des mouvements d’humeurs dans l’agenda social d’un État.
Mais qu’à cela ne tienne, la dépolitisation de la jeunesse demeure en maitre à l’heure où leur absence est significative lors des échéances électives, au sein du débat public et dans les instances de décisions. Les chiffres en témoignent et ce constat toujours plus flagrant est la phrase d’accroche dans les discours des politiciens.
Cette doxa dominante est soutenue par l’attrayante campagne de “l’engagement dans l’entrepreneuriat et les métiers du numérique“ qui sauraient évidemment être une alternative pour l’indépendance tant recherchée par la jeunesse et l’opportunisme futuriste d’un avenir prometteur à l’aune des changements liés à la contemporanéité.
Aussi, dois-je rappeler que cette idée aussi séduisante soit-elle ne peut s’opérationnaliser sans une politique réelle dans le sens de l’organisation et l’exercice du pouvoir, qui en l’espèce, sont l’entrepreneuriat et le numérique, dans nos sociétés. Mais encore, sans oublier que la volonté politique qui témoigne une priorisation domaniale par rapport à d’autres devra impulser le socle de ces idées.
Loin d’être dramaturgique, c’est ici une vérité drastique qui pourrait offusquer certains et susciter un débat chez d’autres, mais qui reste vraie : la politique et dans son édifice la gouvernance sont celles-là mêmes le fil conducteur de toute orientation sociale dans une sphère nationale ou internationale. C’est l’exemple d’une politique nationale de la jeunesse ou encore une politique d’harmonisation des droits de douanes au niveau régionale.
Sans lever le drapeau de la primauté de la politique sur d’autres domaines aussi importants, tout le sens de ce court laïus repose sur un appel à la repolitisation de la jeunesse.
Une repolitisation, non pas dans l’acceptation des idéologies politiques existantes si elles ne riment point avec les aspirations citoyennes, suscitent une conflictualité dans les questions sociales, le tribalisme dans le choix des gestionnaires de l’État, un essoufflement économique…
Dans le sens d’une autre figuration, c’est vers une repolitisation responsable que nous devons tendre. Celle qui est infuse dans la construction et ou la reconfiguration des idées politiques, citoyennes, transformatrices, qui s’apparentent au stimulus social et sont harmonisées pour la lutte qui est mienne.
Comme le disait Joseph Ki-Zerbo «une société qui renonce à prendre en charge sa jeunesse et à la doter des outils d’une promotion optimale enterre son propre avenir. C’est une société suicidaire.»
Le mot d’ordre est clair, quelle qu’en soit la forme, partielle ou totale, la repolitisation devra œuvrer dans la bataille des idées et non des places. Ainsi, clouer le bec aux professionnels des candidatures ne serait pas mauvais car l’objectif recherché serait de convaincre par les idées et non par les personnes.
Enfin, ce processus de repolitisation n’est pas naissant, il est plutôt en progression dans nos sociétés à des échelons différents et sous des formes multiples.
Dans cette repolitisation en montée, mes réflexions m’amènent à établir pour répondre au tremplin des défis imminents une stratégie copernicienne nommée «la Stratégie de Tall»,
Qui fera l’objet d’une réflexion nouvelle dans le prochain article…
Entre temps, la jeunesse africaine reste en mouvement !
Tall Madina
≠Colombe Noire
Analyste politique et géostratégique, diplômée en Études Stratégiques, Sécurité et Politique de Défense. Chercheuse sur les questions de terrorisme dans la zone sahélo-saharienne, éditorialiste et écrivaine. Présidente du Mouvement Nouvel Afrique – Nouvelle Génération
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