Ceci est une tribune de Madina Tall sur la mouvance des relations actuelles entre le bloc eurasiatique et occidental pour reconquérir l’Afrique.
Opération séduction contre caprice des grands-pères, il n’y aura pas de meilleure image pour illustrer la mouvance des relations actuelles entre le bloc eurasiatique et occidental pour reconquérir l’Afrique.
En effet, l’Europe est capricieuse dans le Golfe de Guinée tandis que Moscou séduit le bassin des pays du Sahel.
De ce seul constat, naît un profond malaise notamment en Afrique francophone désormais à couteaux tirés entre dégagisme français et acclamation russe.
Comme un sentiment de revanche à la suite d’une décolonisation avortée, certains états sont étiquetés de « néo-révolutionnaires » alors que d’autres assument de façon intemporelle le paternalisme colonial, « les bons élèves ».
Encore à ce stade, certains rappellent les conséquences des choix opposés de l’Afrique francophone post indépendance à la directive occidentale à l’image de ceux de la Guinée, du Mali, du Burkina Faso.
Pourtant, de tels faits historiques partagés avec grandiloquence même à raison auraient tort de ne pas inviter à l’analyse les causes des ruptures et les changements de notre époque qui modifieront certainement la répétition de l’histoire.
La récente offensive russe au Sahel comme pourvoyeur de sécurité et porte étendard d’un discours anti néocolonialisme plaît à plus d’un, son allure de pseudo géant militaire au talon d’Achille économique fait craindre en l’état des choses, une guerre à la fois de défiance et de procuration contre les concepteurs du pré carré africain.
D’autre part, le succès du dégagisme français au Sahel avec son repli accéléré des zones de conflits fait peser à la France, le poids d’un affront militaire historique au Sahel et une rétrogradation de son rayonnement international.
Au coeur d’intérêts multiples et d’enjeux géoéconomiques sans équivoque, ce semblant de guerre froide pose une question plus lointaine de l’avenir de la gouvernance et de la coopération africaine.
En ce sens, nul n’ignore la dichotomie idéologique et politique entre le Kremlin et l’Elysée. Leurs histoires et leurs rapports avec l’Afrique sont une somme de répulsion et d’attraction sociales, politiques et économiques où seuls les intérêts priment et la course à légitimité internationale par la voix africaine prédomine.
De ce fait, le choix de la coopération des états africains avec l’un ou l’autre aura une incidence conséquente sur la gouvernance politique et le modèle de société dans un contexte où les pratiques démocratiques sont remises en cause sur le continent africain.
Sans jeu de mots aucun, les états africains sont confrontés à choisir soit la démocratie empoisonnée, soit la dictature vertueuse à défaut d’un modèle singulier qui revêtira l’identité de l’état et les aspirations des peuples.
Tall Madina
≠Colombe Noire
Analyste politique et géostratégique, diplômée en Études Stratégiques, Sécurité et Politique de Défense. Chercheuse sur les questions de terrorisme dans la zone sahélo saharienne, éditorialiste et écrivaine. Présidente du Mouvement Nouvel Afrique – Nouvelle Génération
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