Cela a été décidé depuis deux jours: «150 milliards d’euros, le prix sans débat de l’Afrique pour l’Europe. »
Certains seront offusqués, mais en fait, la prostitution politique est le plus vieux métier des politiciens africains. Ils se vendent pour leurs intérêts personnels et bradent nos états aux « Sugar Daddy » occidentaux.
Le transfuge en politique étant un classique, le 6e sommet UE – UA de 2022 projette aux états alignés à la realpolitik classique postindépendance, le fantasme d’un « partenariat euro-africain rénové » au prix de 150 milliards jusqu’en 2030 alors que les états non – alignés décriés pour leurs positions souverainistes et nationalistes sont loin de ce « plan Marshall bis » du néocolonialisme occidental et de la contre-attaque à l’influence sino-russe en Afrique.
Vous vous en doutez sûrement, les grands oubliés ou du moins les grands ignorés de ce sommet sont la gouvernance en Afrique et la sécurité au Sahel.
En effet, lesdites questions sont des trouble-fêtes dans l’hypocrisie générale de la corporation euro-africaine car elles ne peuvent être traitées sous l’angle réaliste d’une part, de la volonté africaine de redéfinir des relations d’égal à égal et diversifiées entre l’Europe et le reste du monde et d’autre part, de la perte d’influence de la France au Mali et au sahel du fait de son échec militaire, son arrogance diplomatique et la forfaiture de sa politique étrangère.
Cependant, là où la décision française de quitter le Mali a fait l’objet d’une harmonie européenne pour des raisons globalement d’intérêts européens, nos « champions démons-crates » applaudirent à balle réelle contre le Mali avec lequel ils partagent l’africanité de sang et non d’alliance.
D’ailleurs, le sang, on en parle ?
Le mea culpa français pour justifier son départ du Mali et son projet d’expansion militaire vers les pays du Golfe de Guinée évoque le prix du sang payé par la France avec 53 soldats tués au Mali. Cela serait d’autant plus vrai si « la France des peuples » voulait bien rappeler que l’histoire nous enseigne que près de 30.000 tirailleurs africains de « l’armée noire » créée en 1857 sont morts sous les couleurs du drapeau français sur le champ de bataille et pour l’annexion de plusieurs colonies à la France.
« Ce qui est arrivé à Macloclo, arrive aussi donc à Maclacla… ».
En outre, l’on pourrait se pencher aussi sur le sujet du coût des opérations françaises depuis 2013 au Mali (5 milliards) qui comparativement au retour sur investissement à coups de trafic d’or et d’exploitation des ressources naturelles et minéralières au Sahel mérite de faire l’objet d’une meilleure focalisation politique et médiatique.
Même si l’admettre est difficile, la plus grosse erreur de la France est de maintenir l’assistanat colonial sans intérêt et totalement inégal pour les états africains alors que le continent est aujourd’hui mondialisé et courtisé, avec des états qui prônent une pleine souveraineté et obligent quelle que soit la manière l’occident et la France à changer ses méthodes. La preuve, des Assimi Goïta ou des Ousmane Sonko politiquement ou militairement parlant, on en trouve partout en Afrique avec comme slogan : l’Afrique autrement.
Comme l’a dit Jacques Chirac lors d’un entretien accordé à TV5 Monde en 2008 : « On oublie une chose : une grande partie de l’argent qui est dans notre porte-monnaie vient précisément de l’exploitation depuis un siècle de l’Afrique. Alors, il faut avoir un peu de bon sens, je ne dis pas de générosité, de bon sens, de justice, pour rendre aux Africains ce qu’on leur a pris. »
C’est à vous de comprendre…
Tall Madina
≠Colombe Noire
Analyste politique et géostratégique, diplômée en Études Stratégiques, Sécurité et Politique de Défense. Chercheuse sur les questions de terrorisme dans la zone sahélo-saharienne, éditorialiste et écrivaine. Présidente du Mouvement Nouvel Afrique – Nouvelle Génération
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