Le paysage politico-démocratique dans nos pays est abscons et subit à des intervalles de continuité constitutionnelle, des coups d’États et des dérives sévères comme si le temps où les plafonds de verres se brisent n’est pas révolu.
En effet, les différentes ruptures constitutionnelles sont révélatrices de ce que notre gouvernance à bout de souffle est enchainée dans la confusion des sphères politique et militaire croisées à un mixte militaro-civil et religieux dans l’architecture politico-institutionnelle. Ce mélange entre les sphères conduit à une triple transformation de l’ordre du système de gouvernance :
“ La politisation de l’armée, la militarisation du politique, l’institutionnalisation du néo –patrimonialisme“
Assistons-nous à une sorte de Guantanamo de la gouvernance africaine ?
On n’y semble pas être loin, car, si les idéaux démocratiques sont en recul, la figure politico-démocratique embrasse le virage de la confiscation démocratique avec toutes les atteintes possibles, l’ethno-stratégie et la déconstruction de l’État qui pourrait à terme s’effondrer.
Abstention faite de la quête d’une unité nationale et d’un souverainisme affirmé pour les désireux de la construction des États-nations prospères, la tendance s’affirme aujourd’hui par une carte d’identité de la rupture avec l’assistanat colonial ou encore la tutelle internationale. C’est-à-dire sortir des vieux fétiches !
Pourtant, cette brèche déjà ouverte, s’élargie au fur et à mesure que le déséquilibre par l’externalité des facteurs géopolitiques et le manque de contrôle de nos gouvernances internes nous enfonce un peu plus dans l’ornière.
Toutefois, convient-il de rappeler que même si une casuistique s’impose dans l’analyse de chacun de nos pays, la variante des crises régionales se retrouve autour d’une racine commune :
- Le même père : les hommes politiques qui s’éternisent au pouvoir sans alternance
- La même mère : la consolidation des rivalités de positionnement dans l’espace politico-social, l’accumulation individuelle des ressources publiques et la substitution du culte de la personnalité sur les projets politiques résolus à la reconstruction de l’État
- Les enfants et la famille élargie : la voyoucratie et le népotisme
Voici ainsi ouvert l’octogone dans nos pays, où la gouvernance est sans règle et sans arbitre, où les acteurs sont eux-mêmes le cheval de Troie de la gouvernance. Autrement dit, en apparence légitime mais dont les fonctionnalités sont malveillantes et ne concourent qu’à la paupérisation des classes sociales.
Comme le disait l’Amíral Cabral dans son texte « Détruire l’économie de l’ennemi et construire notre propre économie » :
« La libération nationale, la lutte contre le colonialisme, la construction de la paix, le progrès et l’indépendance sont des mots vides dénudés de signification s’ils ne peuvent pas être traduits par une véritable amélioration des conditions de vie ».
Tall Madina
≠Colombe Noire
Analyste politique et géostratégique, diplômée en Études Stratégiques, Sécurité et Politique de Défense. Chercheuse sur les questions de terrorisme dans la zone sahélo-saharienne, éditorialiste et écrivaine. Présidente du Mouvement Nouvel Afrique – Nouvelle Génération
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