Ceci est une opinion de Madina Tall, analyste politique et géostratégique. Elle est également éditorialiste politique et présidente du Mouvement « Nouvel Afrique – Nouvelle Génération ». Mme Tall dans cette tribune revient sur le voyage du président Français Emmanuel Macron en Afrique et des discours prononcés au cours de ce déplacement.
Sagacité française, changement de ton et évolution sémantique sont une nouvelle empreinte dans le discours du président Emmanuel Macron lors de son voyage présidentiel au Gabon, en Angola, au Congo – Brazzaville et en République Démocratique du Congo.
Humilité et dextérité française étant une tradition de quelques jours, les effets d’annonces de la France doivent être beaux à entendre avec des tirades singulières, les verbes sont choisis avec précision et fermeté, les mots sont nuancés, techniques et se résument à une approche équilibrée, respectueuse et co-construite avec l’Afrique.
On croirait presqu’en ce partenariat renouvelé des beaux jours de l’Afrique et au pédalage inversé de la France sur sa politique en Afrique si seulement Charles de Gaulle ne nous rappelait pas que : « les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. »
Ainsi, entre l’offensive sino-russe et la francophobie sur le continent, la France cherche à dédiaboliser son image de gendarme de l’Afrique.
Cependant, 4 jours suffisent – ils pour décréter l’abolition de la françafrique quand celui qui veut l’abolir ne peut pas s’en passer au risque de creuser sa propre tombe ?
Une françafrique « révolue » pour Macron mais persistante sur le continent où les pratiques néocoloniales s’épanouissent sur le terreau de la mauvaise gouvernance, des détournements massifs et de la voyoucratie.
Une françafrique où règne un droit international à géométrie variable sur la légitimité des pouvoirs anti-démocratiques, autocratiques et dynastiques.
Une françafrique maintenue par les choix politiques de ses gouvernants malgré le rejet des populations, adeptes du non – alignement au dicta occidental.
-Vous avez dit indépendance, souveraineté, partenariats, dites plutôt liberté trompe l’oeil contre laquelle la jeunesse ne cesse de se révolter.
En ce sens, l’impopularité et le scepticisme avec lesquels sont accueillies les déclarations d’intentions de la France posent par ailleurs, l’épineuse question de ses futurs engagements concrets dans les « compromis à l’Africaine ».
D’ailleurs, cette question résume à elle seule la tournée africaine du Président Français et met à nu l’ingérence de la France dans les affaires politiques des pays africains pour ses propres intérêts.
La joute oratoire à Kinshasa entre les Présidents Emmanuel Macron et Tshisekedi nous apporte une réponse claire :
Le « compromis africain » est perçu comme le simulacre de processus électoraux fallacieux dont le tripatouillage des scrutins se termine par un arrangement politique souvent impulsé par la France dans plusieurs pays africains que nous connaissons.
Par conséquent, éviter un mépris à l’égard de l’Afrique impose la tenue d’élections transparentes et crédibles ainsi que des alternances spontanées sans recours à la légitimité internationale au détriment de celle du peuple.
Comme l’a dit le Président Tshisekedi : « {…} Regardez – nous autrement {…} et non pas toujours avec un regard paternaliste avec l’idée de toujours savoir ce qu’il faut pour nous » , conférence de presse à Kinshasa, 4 Mars 2023.
Et le Président Emmanuel Macron de renchérir :
« N’accusez pas la France pour ce qui dépend de vous {…} », conférence de presse à Kinshasa, 4 Mars 2023.
Cette dernière phrase conclu toute la discussion : la fin de la françafrique est la responsabilité des africains que nous sommes et l’alignement de la France sur les positions africaines.
Tall Madina
≠Colombe Noire
Analyste politique et géostratégique, diplômée en Études Stratégiques, Sécurité et Politique de Défense. Chercheuse sur les questions de terrorisme dans la zone sahélo saharienne, éditorialiste et écrivaine. Présidente du Mouvement Nouvel Afrique – Nouvelle Génération
Facebook : Tall Madina Officiel / Tall Madina
