A la suite de consultations à la base et auprès de leaders coutumiers et d’organisations de la société civile, la nouvelle constitution, après deuxième relecture exigée par le président togolais, Faure Gnassingbé, a fait l’objet d’un plébiscite, ce vendredi, par 87 voix sur 87 des élus du peuple, votants du jour. Ce vote consacre l’entrée du Togo dans la 5e république, et fait, surtout, passer le pays dans un régime parlementaire, à l’instar d’autres membres du Commonwealth, organisation qui a vu l’adhésion du pays en 2022.
«Avec la nouvelle révision constitutionnelle, on se retrouve avec une parfaite collaboration entre le législatif et l’exécutif en matière législative. (…) Désormais, les législatives pourront susciter plus d’engouement chez les Togolais que l’élection présidentielle de la Constitution actuelle. De plus, le multipartisme pourrait aussi subir des modifications par la collaboration des petits partis politiques. Ces derniers pourront évoluer vers de grands ensembles partisans». Foi de Koffi Amessou Adaba, enseignant et chercheur en sociologie politique.
Pour Pacôme Yawovi Adjourouvi, ministre togolais en charge des Droits de l’Homme, «cette révision apporte un nouveau régime plus représentatif. Une plénitude de pouvoir conférée au peuple par ses représentants». Quant au conseiller municipal Jules Yawo Assima, «l’avantage» de ce régime parlementaire, «en termes de coût des élections, de réduction de conflits post électoraux, a fini de nous convaincre».
Le président des chefs traditionnels du Grand Lomé, chef du canton d’Aflao Gakli, Togbui Djidjolė Détu X, est sur la même longueur d’onde, en ce qui concerne la procédure de la consultation et le régime parlementaire: «C’est une très belle démarche, parce que pour une première fois, les représentants du peuple que sont les députés sont venus à la base pour expliquer pourquoi une telle révision constitutionnelle. C’est vraiment une démarche formidable. Suivant les explications que la délégation nous a fournies sur les avantages du régime parlementaire, nous constatons que c’est une très bonne chose que nous pouvons expérimenter».
Mais, en attendant d’être promulguée, ou non, par le président de la République, la nouvelle constitution dont Faure Gnassingbé devait être le premier à avoir peur, car pouvant faire basculer tout le pouvoir entre les mains de son opposition si celle-ci devient majoritaire à l’issue des législatives du 29 avril, continue de faire des gorges chaudes. Des opposants et des organisations de la société civile ne digèrent pas ce nouveau texte auquel ils reprochent un passage en force opéré par le pouvoir en place. Ces derniers se disent prêts à user de tous les moyens pacifiques et légaux à leur disposition, pour combattre la nouvelle constitution. Ils en appellent d’ailleurs à la CEDEAO et à l’opinion internationale pour contrer le nouveau texte.
Pour l’instant, la campagne électorale se poursuit dans l’engagement de tous les acteurs à garder le Togo dans les sentiers difficiles de la paix qui est devenue une denrée rare dans le monde. «Quand on l’a, il faut la préserver jalousement», comme l’affirment certains Togolais qui s’interdisent, désormais, d’exposer leurs vies pour l’intérêt personnel et égoïste de politiciens, tant que ce n’est pas pour défendre la cause du développement de l’ancienne «Suisse» de la sous-région.
Par Wakat Séra