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Ouaga: comment va l’université Joseph Ki-Zerbo à 48 heures de l’arrivée de Macron?

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Quel visage présente l’université Ouaga I Professeur Joseph Ki-Zerbo, le grand temple du savoir au Burkina Faso, à deux jours de l’arrivée du président français Emmanuel Macron qui doit y prononcer, un discours sur la politique africaine de la France, à l’endroit de tous les jeunes du continent noir confronté actuellement à une crise de migration vers l’Europe? Ambiance.

Depuis l’annonce de l’arrivée de Emmanuel Macron au Burkina Faso, dans le cadre du renforcement des liens d’amitié et de coopération existant entre la France et le pays des Hommes intègres, les étudiants s’attendaient à voir un grand ménage sur leur campus. Ce qui aurait pour avantage d’améliorer leurs conditions de vie et d’études sur les plans sanitaire, sécuritaire, infrastructurel, matériel, etc.

«Voyez-vous-mêmes. Est-ce qu’il y a un changement constatable», lance avec empressement, dès l’entrée principale qui fait face au boulevard Charles De Gaulle, Harouna Kinda, étudiant en Sciences économiques de gestion (SEG), à l’équipe de reportage de Wakat Séra. Il affirme même ne pas être «étonné» de cet état de fait qui semble être partagé par la plupart des étudiants interrogés sur le sujet.

Dans l’enceinte de l’Université Ouaga I professeur Joseph Ki-Zerbo, les femmes de la brigade verte, dont la spécialité reconnue est de maintenir, au quotidien, les rues de Ouagadougou propres, s’affairent. Elles balaient les rues non bitumées, bichonnent les bâtiments administratifs et les amphithéâtres et soulagent les caniveaux de leur trop-plein d’ordures. En dehors de cet entrain des nettoyeuses attitrées, dont l’association est sous la coupe de la mairie de Ouagadougou,  rien de particulier ne semble indiquer que la plus grande université publique du Burkina s’apprête à accueillir l’hôte de marque venant de Paris.

Et nous poursuivons notre randonnée sur un campus déserté par les étudiants en grève, pour exiger, entre autres, la levée des sanctions contre certains de leurs camarades dans une affaire académique. Cap sur les pavillons situés à l’extrême nord de l’université. Nous y sommes accueillis, après un parcours laborieux sous une nuée de poussière qui contraignent les usagers à avoir recours à des cache-nez, par un vacarme indescriptible de bruit des marteaux, ciseaux, pinces, machines de concassage, et d’un camion-citerne. Des manœuvres sont à l’ouvrage pour installer deux tentes d’une capacité de 1 000 places chacune, en train d’être dressées, selon des étudiants, à l’occasion de la visite du président français. Alassane Ouédraogo n’est pas du même avis: «Nous ne sommes pas tenus de livrer les chapiteaux avant l’arrivée de Macron», a rétorqué le chef de chantier.

Tente en installation sur l’ex-terrain Jean-Baptiste Bassinga de l’Université Ouaga I Professeur Joseph Ki-Zerbo

«J’ai dit plusieurs fois à des étudiants que l’installation de ces tentes n’est pas liée forcément à la venue de Emmanuel Macron», insiste-t-il, tout en reconnaissant quand même qu’«il y a effectivement une coïncidence» de timing. Alassane Ouédraogo affirme que vu le rythme des travaux, les deux tentes, construites l’une sur le terrain dit du professeur Jean-Baptiste Bassinga et l’autre, non loin du mur situé au nord du campus, seront livrées après l’arrivée du président français. Selon M. Ouédraogo, les deux tentes devraient contribuer à résorber le problème de manque de salles à l’université Ouaga I.

Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, il faut le rappeler, a rendu, le 14 novembre dernier, une visite aux étudiants de la deuxième année de Lettres modernes qui étaient en plein cours de sémiotique. Le chef de l’Etat, selon ses propres dires, a effectué cette visite surprise pour s’imprégner de visu les réalités que vivent les étudiants et les universitaires dans ce temple du savoir. Pour d’autres citoyens qui ont lié ce séjour inopiné du président du Faso à l’université à l’arrivée de Emmanuel Macron.

«Rien n’a été fait»

Les amphis libyens E et D, situés à 30 mètres des pavillons F et G, fermés entre-temps pour réhabilitation, ne présentaient pas meilleure mine, avec des plafonds délabrés et beaucoup de  leurs brasseurs en panne. «Ces deux amphis avaient besoin de réparations au niveau des ventilateurs, des chaises et autres, mais vous-mêmes vous constatez que rien n’a été fait», déplore Maxime Conombo, étudiant en deuxième année d’anglais, qui était concentré sur ses cahiers dans l’amphi E. Pour lui, même la visite surprise du président Roch Kaboré au campus «n’a rien changé».

Ainsi se porte l’université Professeur Joseph Ki-Zerbo, deux jours avant l’arrivée de son hôte d’envergure, Emmanuel Macron.

Par Mathias BAZIE