Des centaines de personnes ont marché ce dimanche 15 octobre 2017, du Conseil de l’Entente au Tribunal militaire à Ouagadougou, sur une distance de plus d’un kilomètre, pour réclamer que justice soit faite pour l’ex-président burkinabè Thomas Sankara, assassiné le 15 octobre 1987 lors d’un coup d’Etat qui a porté Blaise Compaoré au pouvoir.
Munis de portraits « du père de la révolution d’août 1983 » au Burkina et de certains de ses compagnons, ainsi que des drapeaux du pays des « Hommes intègres », les manifestants scandaient tout au long de leur marche des slogans hostiles aux commanditaires du putsch de 1987. Cette marche suivi d’un sit-in devant le Tribunal militaire entre dans le cadre de la commémoration des 30 ans de l’assassinat de Thomas Sankara.
Avec à leur tête le colonel-major à la retraite Bernard Sanou, président du Comité international mémorial Thomas Sankara, des leaders du mouvement Balai Citoyen, Sama Karim (Sams’K le Jah) et serge Bambara (Smockey), les centaines de personnes arpentant les artères de la ville de Ouagadougou les poings levés, ont fait une escale à l’Ambassade de France au Burkina pour y déposer un mémorandum avant de poursuivre leur chemin.
Dans ce mémorandum adressé à la République française, le Comité international mémorial Thomas Sankara exige des autorités de cet ancien pays colonisateur « la levée du secret défense ainsi que toutes les archives portant sur le dossier Sankara et l’ouverture d’une enquête en France pour situer les diverses responsabilités dans cet odieux assassinat ».
La marche a été ponctuée également par l’entonnement de l’hymne national, le Ditanyè.
Arrivés devant le Tribunal militaire, après plus d’une trentaine de minutes de marche, une délégation des marcheurs a été reçue par les premiers responsables de la justice militaire, notamment le colonel Sita Sangaré, directeur de cette institution judicaire. Un mémorandum a été également remis pour exiger « vérité et justice pour Thomas Sankara et ses 12 compagnons, que les principaux inculpés Blaise Compaoré, Gilbert Diendéré et Hyacinthe Kafando aident à l’identification du corps du père de la révolution ».
Il est aussi demandé qu’un « châtiment à la hauteur du forfait de tous les commanditaires, exécutants et complices de ces crimes du 15 octobre 1987, la restauration de la mémoire des illustres disparus et des réparations pour les familles déjà durement éplorées ».
« Nous sommes venus aussi pour les encourager dans leur travail et nous espérons que bientôt le dossier pourra passer devant le tribunal pour un procès que nous attendons depuis longtemps », a laissé entendre le colonel-major à la retraite Bernard Sanou.
Pour Sams’K le Jah, même s’ « il y a de l’espoir » pour ce dossier, il faut « continuer à la pression pour que (le Tribunal militaire) comprenne que le peuple attend », l’encourageant à se donner « tous les moyens possibles » pour le dénouement de cette affaire.
Trente ans après l’assassinat de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons, les familles, le peuple burkinabè ainsi que des personnes épousant l’idéologie « du père de la révolution d’août 1983 », attendent que la vérité soit dite et que justice soit faite.
Dans cette affaire dont la procédure judiciaire a « réellement commencé en 2015 » sous la Transition, deux combats sont à mener, selon les avocats en charge du dossier. Il s’agit de celui « judiciaire et politique » et pour cela « il y a un besoin de coopération avec certains Etats et des organismes » pour l’aboutissement du dossier.
A ce jour, une « cinquantaine d’auditions dont des confrontations » ont été tenues au cours de l’année 2017 et « une quinzaine de personnes sont formellement inculpées ».
Daouda ZONGO