Des populations ont manifesté, ce samedi 26 mars 2022, à Ouagadougou, pour exiger l’annulation du contrat ferroviaire qui lie le Burkina Faso au Groupe Bolloré, qu’elles accusent de plusieurs manquements.
Répondant à l’appel du Consortium Burkina 2050, dont la Coordonnatrice est Nestorine Sangaré, des Ouagalais ont battu le pavé, ce samedi 26 mars 2022 à Ouagadougou, pour dire non au Groupe Bolloré, responsable de SITARAIL et exiger l’annulation du contrat qui le lie au Burkina Faso en ce qui concerne le chemin de fer.
Les manifestants qui ne veulent plus de Bolloré, sont allé remettre un mémorandum interpellateur à l’Assemblée législative de la transition (ALT). Dans ce document ils recommandent «aux autorités de la Côte d’Ivoire et du Burkina d’exprimer une volonté politique sans équivoque pour mettre fin au pillage des richesses nationales par le Groupe Bolloré à travers sa filiale SITARAIL».
Ils invitent, également l’Assemblée législative de la transition «à prendre des dispositions de concert avec le président du Faso, le Premier ministre, le président de la Cour constitutionnelle et tous les organes habilités de l’Etat pour engager des actions urgentes pour empêcher la vente de tout ou une partie des actions de SITARAIL détenues par l’actionnaire majoritaire qu’est Bolloré». «Pour se faire, nous demandons l’annulation de toutes les conventions et de tous les avenants au contrat» qui lient celui-ci au Burkina Faso, a fait savoir Mme Sangaré.
Des sanctions pour tous les manquements
«Nous demandons à l’Etat burkinabè d’engager des actions idoines prévues dans les closes de déchéance de la concession pour faire sanctionner le concessionnaire SITARAIL pour tous les manquements préjudiciables aux intérêts du peuple burkinabè», a-t-elle poursuivi, souhaitant qu’il soit «diligenter une procédure dans l’urgence pour arrêter le processus engagé par le groupe Bolloré pour vendre ses actions dans SITARAIL à l’entreprise Italo-suisse Mediterranean Shipping Company d’ici le 31 décembre 2022».
Cette manifestation a vu la participation des organisations syndicales comme le syndicat des retraités du chemin de fer du Burkina Faso, la Fédération nationale des syndicats des taximen et des acteurs du transport urbain du Burkina Faso, de l’Association des vendeurs et vendeuses de pate de manioc du Burkina Faso et de la Coopérative place Naba Koom.
«Nous sommes sortis ce matin pour dénoncer les 27 années exercices de Bolloré SITARAIL infligées aux travailleurs burkinabè», a dit Moutaga Traoré, Secrétaire général du syndicat des retraités du chemin de fer du Burkina.
Dans son message, M. Traoré a lancé un appel aux autorités de la transition, notant «qu’en plus des défis sécuritaires» qu’elles doivent relever, «il y a des réalités, telles que des conflits sociaux internes à SITARIAL qui urgent, des contentieux judiciaires qui perdurent».
«Nous demandons aux nouvelles autorités de la transition, de prôner la transparence dans la gestion de notre patrimoine ferroviaire pour que nous puissions avoir un traitement efficient par rapport aux travailleurs ivoiriens», a-t-il laissé entendre.
Une «gestion calamiteuse de SITARAIL»
Pour M. Traoré, «la gestion calamiteuse de SITARAIL doit prendre fin». «Il y a des familles éprouvées, endeuillées, des enfants qui ne vont plus à l’école et sont laissés à eux-mêmes», a-t-il poursuivi, attirant l’attention des nouvelles autorités afin que «des mesures idoines soient trouvées pour soulager un tant soit peu ces cheminots qui sont éprouvés».
«Si aujourd’hui on dit que le train ne marche plus, les premières victimes seront les taximen. Nous les taximen, nous vivons le jour au jour. Et ça fait deux ans et demi que le train voyageur ne marche plus», a soutenu Adama Emmanuel Nacoulma, président de la Fédération nationale des syndicats des taximen et des acteurs du transport urbain du Burkina Faso. «Nous voulons purement et simplement qu’on retire le contrat et le remettre à un Burkinabè pour que nous puissions avancer», a dit M. Nacoulma. Il a appelé le président du Faso à «prendre ses responsabilités».
Quant à Zara Ilboudo de la coopérative Place Naba Koom, elle demande aux députés d’ouvrir l’œil et annuler le contrat de Bolloré. «Nous ne voulons plus de Bolloré. Au Burkina ici-même il y a des gens à qui on peut donner le contrat», a-t-elle signifié.
«Notre chemin de fer est une cause nationale, c’est notre patrimoine. Nous en avons mare qu’on brade notre patrimoine à cause des intérêts personnels», a renchéri Adissa Koanda.
Le 3 mars dernier une marche avait été organisée pour les mêmes raison et un message avait été remis au ministère en charge du Transport.
Par Daouda ZONGO