Recharger sa bouteille de gaz butane est devenu si difficile pour le consommateur dans certains quartiers de la capitale burkinabè, comme l’a constaté une équipe de Wakat Séra, le vendredi 23 décembre 2022, à Yagma et les environs de Tampouy. Pour cause, ce combustible si important pour les ménages est en manque dans les points de vente agréés. Ce qui entraîne comme conséquence immédiate, la spéculation entretenue par des revendeurs non agréés au grand dam des consommateurs.
Les échos d’une pénurie de gaz butane prennent de plus en plus de l’ampleur depuis quelques jours dans la capitale burkinabè. Une équipe de Wakat Séra s’est rendue, le vendredi 23 décembre 2022, dans quelques points de vente de gaz pour s’imprégner de cette réalité.
Au quartier Yagma, dans l’arrondissement n°9 de Ouagadougou, Emile Sawadogo, un vendeur agréé du produit nous confie que cela fait environ deux semaines qu’il manque de gaz dans son stock. «Tous les jours, mes clients viennent demander le gaz mais nous n’avons pas de stock disponible», regrette-t-il.
Il explique que «le grand camion» se fait de plus en plus rare, en référence à son livreur, qui peut mettre, selon lui, trois semaines avant de venir le ravitailler. M. Sawadogo déplore cette situation qui accentue la pénurie à son niveau et ne lui permet pas de satisfaire la demande de sa clientèle.
Installée à quelques encablures du nouveau commissariat de police de Yagma, Nongma Delphine Drabo (nom d’emprunt) est gérante d’une boutique de vente de gaz. A notre passage, son stock était vide. Selon la commerçante, elle endure cette situation «désagréable depuis quelques temps». «Le gaz est devenu très difficile à trouver, c’est sûrement à cause de la situation délétère du pays, marquée par la hausse des prix des hydrocarbures et l’insécurité», accuse-t-elle.
Elle ne se souvient même plus exactement de la date de son dernier ravitaillement. «La dernière livraison que j’ai reçue remonte à très longtemps, fin novembre je crois», affirme-t-elle, hésitante. Elle profite de l’occasion pour exprimer son désarroi face à ce manque de gaz, «parce que nous entrons dans une période de forte consommation avec la fraîcheur et les fêtes de fin d’année».
Autre quartier, mais même constat! Ali Ouédraogo est vendeur agréé au quartier Tampouy. Dans sa boutique, il dispose de deux marques de gaz. Mais il n’avait que quelques bouteilles dans son entrepôt. Et même là, il nous confie que ces bouteilles ont déjà été commandées. «Comme vous-même vous le voyez, on n’a quasiment rien ici», avance-t-il, indiquant que «tout le monde se plaint de ce manque».
«Pourquoi? Je ne saurai vous le dire avec certitude, mais ce que je sais, c’est que nous entrons dans une période de fraîcheur et il y a les fêtes qui approchent. La consommation du gaz augmente dans ces périodes», tente-t-il de justifier.
De la pénurie à la spéculation
Ali Ouédraogo déplore par ailleurs, un autre phénomène lié à ce manque de gaz, la spéculation. Celle-ci est entretenue, selon lui, par des revendeurs non agréés qui profitent de la pénurie pour «gonfler» les prix.
Cette spéculation, nous en avons fait le constat dans un yaar (petit marché) dans un quartier de la capitale. La bouteille de 6 kg dont le prix est fixé à 2 000F CFA, y est revendue entre 2 500F CFA et 3 000F CFA. Celle de 12,5 kg est revendue à 6 000 ou 6 500F CFA au lieu de 5 500F CFA.
Notre interlocuteur, Ali Ouédraogo, rappelle que le gaz est pourtant subventionné par le Gouvernement afin de le rendre accessible à tous. Il invite donc les autorités compétentes à se saisir de cette question pour mettre un terme à la spéculation imposée à une population «déjà assez souffrante». La solution, selon lui, pourrait être de disponibiliser le gaz, car «la spéculation provient du manque».
Par Siaka CISSE