De milliers de personnes ont répondu, ce samedi 29 septembre 2018, à l’appel à marcher lancé par l’opposition politique burkinabè, en vue de soutenir les Forces de défense et de sécurité (FDS) et interpeller le «gouvernement aux abois» du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP), afin qu’il se «réveille» et change «sa manière de gouverner».
De la Place de la Nation (Centre-ville) en passant par la Cathédrale, l’avenue Kwame N’Krumah, le rond-point des Nations unies, de milliers de militants et sympathisants des partis de l’opposition, ont marché sur les artères de Ouagadougou pour dénoncer la gouvernance des autorités post-insurrection de 2014.
«Nous sommes avec les FDS». «A bas le terrorisme». «Malheur au MPP et ses alliés qui bâillonnent le peuple. A bas les politiciens sans idées. Vive l’opposition», tels sont les mots que l’on pouvait lire sur les pancartes et les banderoles que brandissaient les manifestants de ce samedi matin. Des slogans hostiles au pouvoir en place ont été également entendus au cours de cette marche qui est la première, depuis la prise du pouvoir par le MPP fin décembre 2015. Selon le leader de l’opposition Zéphirin Diabré, c’est une marche qui doit contribuer à faire changer les choses au Burkina.
Quelques images de pancartes
«Les marches meeting sont de retour au Burkina», a affirmé M. Diabré, pour qui la «mobilisation doit encore monter graduellement en puissance, pour permettre d’imposer un nouveau rapport de force».
Les partis membres de l’opposition et certaines organisations de la société civile qui disent constater des attaques de type terroriste et «une mal-gouvernance» depuis l’arrivée au pouvoir de Roch Kaboré, ont initié cette marche-meeting afin d’inviter le gouvernement «à équiper les FDS, à doter les services de renseignement des moyens conséquents et à changer sa manière de gouverner».
«Nous voulons des équipements pour nos FDS. Nous voulons des moyens pour nos services de renseignement. Nous voulons une grande solidarité avec les veuves et les orphelins des victimes qu’elles soient militaires ou civiles», a soutenu le leader de l’opposition Zéphirin Diabré, qui a invité le président Roch Kaboré à «prendre un décret pour limoger purement et simplement les ministres en charge de la Sécurité et de la Défense», car pour lui il y a un échec de leur part.
«Toute initiative qui entre dans le cadre de l’union sacrée autour des FDS, nous nous sommes partants», a déclaré M. Diabré, notant que cette union sacrée «ce n’est pas pour sauver le MPP». «Nous voulons que le gouvernement prenne vite des mesures pour que la rentrée scolaire ne soit pas perdue dans les zones attaquées», a-t-il poursuivi.
Le chef de file de l’opposition a par ailleurs dénoncé la politisation de l’administration, la corruption et le népotisme. «Nous voulons que le gouvernement prenne à bras le corps la question du logement et du lotissement et qu’il arrête de brader nos terres avec ses amis promoteurs immobiliers», a-t-il dit, l’invitant également à «trouver du travail pour les jeunes».
«Nos libertés sont en dangers, le pouvoir est aux abois. Il a commencé à vouloir torpiller les syndicalistes, a tenté de supprimer le droit de grève et le droit de sit-in, ensuite il est passé aux OSC», a confié le premier responsable des partis de l’opposition en prenant en exemple l’arrestation de Pascal Zaïda du Cadre d’expression démocratique, de l’activiste Naïm Touré. Quant à la mise aux arrêts de Safiatou Lopez, il a demandé que toute la lumière de l’affaire la concernant soit faite, avant d’exiger sa libération.
Le président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Eddie Komboïgo, présent à la marche-meeting, a laissé entendre que «la situation» que vit actuellement le Burkina est «une situation» qui a été «créée par le CDP de Simon Compaoré et de Roch Kaboré». «Ils ont rusé pour être au pouvoir. Ils sont des autorités illégitimes vis-à-vis même de l’insurrection», a-t-il conclu, regrettant le manque de dialogue entre le gouvernement et l’opposition.
Autres images de la marche-meeting
Pour Aziz Dabo de la Nouvelle Alliance du Faso (NAFA), cette marche-meeting vise à «tirer la sonnette d’alarme afin que (les) dirigeants comprennent que le Burkina est pour nous tous et que nous aimons tous ce pays». «Nous les interpellons afin qu’ils puissent revoir leur manière de gouverner», a conclu M. Dabo.
A cette marche-meeting on note également, la présence du président de Le Faso Autrement, Ablassé Ouédraogo, le Pr Mahamoudou Dicko, président de la Nouvelle Alliance du Faso et Me Gilbert Noël Ouédraogo de l’ADF/RDA, ainsi que d’autres responsables des partis politiques.
Par Daouda ZONGO