Certains mutins auraient déjà reçu des SMS de leurs banques leur signifiant la disponibilité de cash dans leurs comptes. Info ou intox ? En tout cas, une fois de plus, les militaires qui ont manifesté bruyamment du vendredi 12 à ce lundi 15 mai ont démenti les propos des autorités ivoiriennes selon qui la Côte d’Ivoire traverse une situation financière difficile. Par quelle magie a-t-on réuni autant d’argent, le temps d’un week-end pour faire rentrer les mutins dans leurs casernes, le sourire aux lèvres ? Alassane Ouattara qui vient de capituler une fois de plus face au canon des militaires mécontents et réclamant le reliquat des primes à eux promises, est un véritable faiseur de miracle ! Si cet argent était disponible, pourquoi avoir laissé les armes crépiter, contraignant les populations terrorisées à se terrer chez elles ? Pourquoi avoir laissé les « jeunes gens » affecter l’économie ivoirienne et celles des pays de la sous-région en bloquant les corridors, les ports et autres activités commerciales dans les grandes villes de la Côte d’Ivoire, dont la capitale économique, Abidjan ? Ce n’est pas sérieux et Alassane Ouattara et ses mutins devraient trouver pour de bon un terrain d’entente afin de préserver la quiétude du pays.
Paix des braves ou simple accalmie ? En tout cas, les armes se sont tues et les tirs de mécontentement qui ont causé tout de même deux morts et plusieurs blessés ont cessé. Mais pour combien de temps ? Juste le temps que les humeurs changent de nouveau et que les comptes des militaires mécontents tendent vers le rouge ou s’assèchent au rythme de leur train de vie effréné ? Les revendications et manifestations ne manqueront jamais. Du reste, les fonctionnaires qui y ont légitimement droit, eux qui travaillent souvent dans une précarité criarde et ont besoin de l’amélioration de leurs conditions de vie ne seront pas moins tentés de descendre dans la rue. L’Etat répondra-t-il avec la même promptitude à leurs doléances, eux qui n’ont pas de fusils ? Ou alors les mutins, pardon les militaires seront-ils appelés à la rescousse pour les mater, comme on le voit souvent sous les tropiques ? Le volcan ivoirien n’est visiblement qu’en phase sommeil et risque à tout moment d’entrer en éruption. « Le vieux forgeron disait un jour que le feu n’a pas d’ami ». Et c’est la véritable leçon que doit tirer Alassane Ouattara de cette nouvelle épreuve à laquelle l’ont soumis ses anciens amis.
Ex-rebelles injectés, pour la plupart sans formation adéquate, dans les effectifs de l’armée ivoirienne pour services rendus, ils ont encore pris les armes, tiré en l’air, bloqué les corridors, terrorisé les populations et mis à mal l’économie ivoirienne et celles de pays voisins comme le Burkina Faso et le Mali. Et malgré l’accord qui a été trouvé entre eux et le gouvernement, et dont on ignore tout de la nature, les mutins avaient affiché toute leur détermination à aller jusqu’au bout de leur action, c’est-à-dire, obtenir les 7 millions, reliquat des 12 millions de francs CFA des primes promises à chacun d’eux par Alassane Ouattara, au temps où celui-ci voulait se faire roi à la place de Laurent Gbagbo.
Visiblement, les temps ont changé et les promesses avec. Le chef de l’Etat ivoirien, prétextant la situation financière difficile à laquelle est confrontée la Côte d’Ivoire, entendait passer par pertes et profits le pactole dû à ses anciens anges-gardiens. Mais ceux-ci, après avoir placé la Côte d’Ivoire sous coupe réglée, ont eu raison de Ouattara. La pilule était trop amère pour passer du côté de Bouaké !
En tout cas, les mutins se sont fait entendre, et de la pire des manières pour une Côte d’Ivoire où en quatre jours de crise, tout commençait à manquer. Les armes se faisant menaçantes, et peu de gens s’aventuraient dehors. Du coup, les écoles et commerces ont fermé. Pire les routes étant devenues dangereuses et trop coûteuses à cause du rançonnement systématique des transporteurs, le ravitaillement de certaines villes était devenu problématiques. Il urge de fermer la page de ces revendications sauvages en trouvant une solution, même hors des arcanes de la république, le deal s’étant passé hors république et ne saurait donc engager aujourd’hui l’Etat ivoirien.
Quelle espérance de vie pour le fameux accord du reste dénoncé aussitôt pas les mutins ? Le ver est déjà bien logé dans le fruit. Les mutins, les grands gagnants de ce bras-de-fer qui n’a sans doute pas livré toutes ses facettes remettront sans doute le couvert, l’appétit venant en mangeant. A contrario, c’est le chef d’Etat-major général des armées qui doit être dans ses petits rangers, lui qui avait imprudemment et dans la précipitation, annoncé le feu sur les mutins, pour rétablir l’ordre à Bouaké. Quel sera le prochain épisode de cette mauvaise série? Question à une boule d’attiéké !
Par Wakat Séra