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Ouganda: «Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre» à Bobi!

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Vite que Bobi Wine retrouve son micro pour adoucir les moeurs! (Ph. lejournal.africa)

Aussitôt libéré, aussitôt réembastillé! C’aurait pu être le titre d’un film dramatique à succès si l’histoire n’était point de la fiction mais pure réalité. Le héros de cet épisode cauchemardesque,  est certes coutumier des œuvres de l’esprit, car chanteur de son état, mais Bobi Wine, puisque c’est de lui qu’il s’agit est également député de l’opposition. C’est sans doute ce statut qui a valu à l’homme, sans aucune autre forme de procès, sa double incarcération rocambolesque. Si l’élu du peuple s’était vu, dans un premier instant allégé des charges de détention illégale d’armes qui l’ont conduit devant une cour martiale alors qu’il s’était rendu dans la capitale ougandaise pour soutenir un candidat de son parti à une élection partielle, ce dernier n’a pas longtemps respiré l’air de la liberté. En effet, il a été presque dans la foulée de son élargissement été présenté à un autre magistrat. Cette fois-ci, le chef d’accusation aussi lourde que fantaisiste n’est autre que celui de trahison. Avec 32 autres personnes, le persécuté de Kampala devra répondre des faits de jet de pierre sur la voiture du président Yoweri Museveni. Même le chef de l’opposition ougandaise, Kizza Besigye n’a pas échappé à ce qui pue la cabale à mille lieues! Certes, le chanteur député pourra se faire soigner dans un centre médical, car il aurait été torturé, mais il est placé sous surveillance des autorités et devrait se présenter devant une juridiction le 30 août prochain, sauf dernière évolution.

Le sort de l’entrepreneur, acteur, artiste et député, serait anecdotique s’il ne ressemblait à bien de cas d’opposants emprisonnés pour juste les empêcher de déranger la conscience de dirigeants qui ne trouvent la force nécessaire que pour mater leurs adversaires! Le chapelet serait fastidieux à égrener mais ne  fait qu’enfoncer l’Afrique dans ses parodies démocratiques qui, loin de faire honneur au continent qui a besoin de tous ses fils et de toutes ses filles pour se développer, ne fait qu’exceller dans le surplace. Pourtant, comme l’a chanté l’artiste, «qui n’avance pas, recule». L’Afrique recule donc, avec des dirigeants ayant cultivé à souhait le culte de la personnalité, aidé dans leurs entreprises ubuesques par des courtisans dont les intérêts sont intimement liés à la longévité du chef du pouvoir. Du reste, n’est-ce pas ce même essaim de sangsues du peuple qui a contribué à ouvrir la voie de la présidence à vie au septuagénaire Yoweri Museveni, au pouvoir depuis plus de 32 ans, et qui s’est spécialisé dans le dépeçage de la constitution?  Offenses au chef de l’Etat et trahison! Des termes génériques facilement trouvés pour décourager tout téméraire désireux de rendre la vie difficile au «chef». Car à bien les décortiquer, ce sont des concepts vides qui permettent à toute justice à la solde d’accomplir sans grand effort sa sale besogne de casser de l’opposant. Dans des pays dits de grande démocratie, des dirigeants et autres politiciens se sont vus enfarinés ou lapidés avec des tomates ou des œufs. Certains ont même subi des jets de chaussure, suivez mon regard!

En tout cas, comme dans les Saintes Ecritures, où personne n’a pu lapider cette femme conduite à Jésus pour adultère, que «celui qui n’a jamais péché, jette la première pierre» à Bobi Wine. Nul ne pourra en principe s’offrir ce plaisir, surtout pas Yoweri Museveni qui lui a trahi la loi loi fondamentale de son pays pour se fossiliser dans le fauteuil présidentiel.

Par Wakat Séra