Accueil Communiqué de presse OXFAM: « Les pays exportateurs d’armes doivent impérativement arrêter d’alimenter des conflits »

OXFAM: « Les pays exportateurs d’armes doivent impérativement arrêter d’alimenter des conflits »

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Les efforts déployés pour promouvoir un cessez-le-feu mondial sont un « échec retentissant », selon Oxfam qui suggère aux « pays exportateurs d’armes d’ arrêter impérativement d’alimenter des conflits ».

Les efforts menés par la communauté internationale afin de mettre en place un cessez-le-feu mondial pour que les pays touchés par le conflit – et le monde entier – puissent contrer la propagation du coronavirus et ainsi sauver des millions de vie se sont soldés par un échec retentissant, déclare Oxfam aujourd’hui.

Dans son nouveau rapport « Conflict in the time of coronavirus », Oxfam montre que dans de nombreux pays déchirés par des conflits, les violences et les combats se poursuivent sans relâche. Cette situation est exacerbée par l’échec diplomatique du Conseil de sécurité des Nations Unies, par des années d’investissements insuffisants dans les efforts de consolidation de la paix et par l’afflux permanent d’armes dans les zones de conflit.

« Nous attendions une prise de responsabilité de la part du Conseil et de nombre des pays qui disent soutenir le cessez-le-feu tout en continuant de participer activement à des conflits dans d’autres parties du monde, de déployer des opérations militaires, de vendre des armes et de soutenir des tierces parties impliquées dans les conflits. », affirme José María Vera, directeur général intérimaire d’Oxfam International.

Le vendredi 8 mai, les États-Unis ont finalement refusé de voter une résolution de l’ONU en faveur d’un cessez-le-feu mondial. Selon Oxfam, il s’agit d’un nouvel échec qui vient s’ajouter à la longue liste de défaites dans les tentatives de mettre fin aux conflits, à un moment où la paix et la coopération internationale sont plus nécessaires que jamais.

Pour deux milliards de personnes vivant dans des pays fragiles et touchés par des conflits, la pandémie de coronavirus est un danger bien réel.

Ces conflits mettent en péril des millions de personnes dans des régions où les systèmes de santé sont paralysés et où les hôpitaux sont bombardés. D’autres se retrouvent obligées de fuir pour rejoindre des camps surpeuplés où les conditions déplorables favorisent la propagation du virus.

« J’ai bien peur que le cessez-le-feu n’entre en vigueur qu’après que le COVID-19 se soit déjà propagé. À quoi sert de déclarer la paix s’il n’y a plus personne pour en bénéficier ? » raconte une militante pour la paix yéménite partenaire d’Oxfam à Aden.

L’année dernière seulement, la communauté internationale a investi plus de 1 900 milliards de dollars en dépenses militaires. Cette somme est 280 fois plus élevée que la somme fixée par l’appel aux dons de l’ONU contre le coronavirus.

Dans un contexte marqué par le coronavirus :

  • Fin avril, la branche de BAE Systems au Royaume-Uni a envoyé un avion-cargo en Arabie saoudite.
  • La Russie a des commandes de tanks blindés qui ont été testés en Syrie.
  • La France continue d’alimenter la guerre au Yémen en vendant des armes à l’Arabie saoudite.
  • L’Allemagne a autorisé la vente d’un sous-marin à l’Égypte en avril.
  • Le mois dernier, le Canada a levé la suspension sur les exportations d’armes en Arabie saoudite.

« Les pays exportateurs d’armes doivent impérativement arrêter d’alimenter des conflits et au lieu de cela, redoubler d’efforts pour faire pression sur les pays belligérants en faveur d’un cessez-le-feu mondial afin d’investir dans un processus de paix mettant fin une fois pour toute aux conflits », ajoute José María Vera.

Selon Fatimata Gansonré, habitante de Kaya au Burkina Faso qui a reçu l’aide d’Oxfam : « Depuis le début de l’épidémie de COVID-19, tout est bloqué. On ne peut plus sortir, on ne peut plus se rassembler, nous avons dû mettre un terme à nos activités. La vie est devenue plus rude, et j’ai peur. Ma peur a deux visages : l’insécurité et le virus. Avant le COVID-19, nous avions déjà du mal à trouver de quoi manger, mais c’est encore plus difficile aujourd’hui. »

Dans son rapport, Oxfam fait part de la situation dans plusieurs pays :

  • Au République centrafricaine, des groupes armés ont violé le cessez-le-feu dans une montée subite de violence, malgré l’appel à la paix lancé et le fait que 14 groupes armés avaient signé un accord de paix avec le gouvernement en février 2019.
  • Au Myanmar, l’armée a rejeté les appels nationaux et internationaux en faveur d’un cessez-le-feu complet alors que le conflit dans l’État de Rakhine a redoublé et que les raids aériens et les bombardements sont fréquents dans les zones habitées. Dans tout l’État de Rakhine, des centaines de milliers de personnes sont déplacées, vivant souvent dans des refuges surpeuplés, et n’ont qu’un accès très limité aux services de santé. Près d’un million de personnes n’ont aucun accès à Internet, à un moment où la disponibilité des informations sur le virus peut sauver des vies.
  • L’Arabie saoudite a annoncé un cessez-le-feu unilatéral de deux semaines au Yémen à partir du 9 avril et l’a ensuite prolongé d’un mois, mais des affrontements continuent d’avoir lieu entre toutes les parties au conflit. À peine la moitié des services de santé yéménites fonctionnent encore tandis que plus de 100 000 cas de choléra ont été recensés cette année.
  • En Colombie, les rebelles de l’ELN ont déclaré le cessez-le-feu, mais pas les autres groupes armés, ni le gouvernement.
  • En Afghanistan, les négociations de paix intra-afghanes prévues pour mars ont été retardées et les Talibans refusent un cessez-le-feu si le gouvernement ne s’y engage pas aussi.
  • Au Burkina Faso, en raison des violences actuelles, les populations se voient souvent dans l’incapacité d’accéder à des biens et services essentiels comme l’eau, les soins de santé et les denrées alimentaires. Les restrictions en place visant à prévenir la transmission du virus sont d’autant plus d’obstacles.
  • Au Soudan du Sud, certains financements destinés à la consolidation de la paix ont été interrompus par les bailleurs, qui donnent la priorité à la lutte contre le coronavirus.

Selon José María Vera, « des décennies de conflit ont détruit les systèmes de santé et les économies de pays déchirés par la guerre, exposant deux milliards de personnes à la menace de maladies telles que le coronavirus. Gérer le coronavirus est suffisamment complexe pour un pays en paix, alors alimenter un conflit tandis qu’une pandémie sévit est condamnable ».