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Paix dans le monde: le pari de Paris

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Les militantes Femen étaient de la partie accueil à Donald Trump (DR)

Le forum sur la paix a refermé ses portes ce mardi 13 novembre. Il aura permis de retenir le dialogue comme instrument privilégié pour ramener la paix sur la planète. Comme quoi, les vieilles recettes ne s’éculent point, car comme le dit le proverbe, les plus longues guerres finissent toujours autour d’une table. «Il ne sert à rien de construire des châteaux de sable avant les grandes marées (…). Ce n’est pas un jeu d’enfant: nous jouons avec l’avenir de nos enfants.» Paroles choisies du propos du secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres à l’ouverture du Forum de Paris sur la paix, organisé par la France dans la foulée de la commémoration du centenaire de l’Armistice de 1918 qui a mis fin à la première guerre mondiale. Loin d’être un simple alignement de mots, ce discours doit constituer le bréviaire de tous les humains soucieux de vivre dans un monde de paix, qu’il va nous falloir léguer aux générations futures. L’initiative de Emmanuel Macron qui a rassemblé dans un même espace confiné grandes puissances, petits pays, et délégations de la société civile est plus que noble. Certes, elle ne durera que trois jours, trois petits jours bien insuffisants pour rappeler aux peuples des Cinq continents et des villages les plus reculés de la planète que cette denrée qu’est la paix commence à devenir de plus en plus rare. Pire, elle se mue même en espèce en voie de disparition. Il est donc plus qu’urgent de remettre les pendules à l’heure de la quête de la paix, comme s’y évertuent la France et son président.

Mais est-ce encore possible de rattraper la paix, mot le plus usité à toutes les tribunes officielles mais qui est la vertu la moins cultivée par les habitants de la Terre où l’argent maître pousse à des actes qui sont aux antipodes du concept? Rien n’est moins sûr. Les ventes d’armes, la mauvaise gouvernance, le combat pour l’industrialisation à outrance dans un contexte où la planète subit la dure loi des gaz à effet de serre, le terrorisme, le commerce inéquitable, l’intolérance religieuse, la chasse aux migrants, l’encouragement et l’appui conscient ou non à des régimes dictatoriaux qui oppriment leurs peuples, le non-respect des droits humains, la situation précaire des minorités, etc. Le chapelet des maux contre la paix serait trop fastidieux à égrener jusqu’au bout. Cependant, la liste non exhaustive démontre à souhait, comme l’a relevé en substance, le dimanche 11 novembre, l’ambassadeur de France au Burkina, Xavier Lapeyre de Cabanes, lors de son allocution durant la cérémonie de commémoration du centenaire de l’Armistice, la volonté d’aller à la paix qui guidait cet acte historique est bien vendangée. On pourrait même se demander, face à l’intransigeance et les velléités guerrières de certains dirigeants, la paix ne résonnera plus que comme un vœu pieux. Du reste, les déclarations de guerre, certes à fleurets mouchetés, entre les grands de ce monde, possesseurs de la dangereuse bombe atomique qui fait si bien chanter et/ou du fameux droit de veto au conseil de sécurité des Nations Unies en tant que membres permanents, créent souvent une psychose intenable pour le monde.

Sans se faire juge ou accorder un blanc-seing au grand raout de Paris sur la paix qui, on ne le sait encore trop, sera un forum de plus ou un forum plus, on pourrait tout de même regretter son boycott par le sulfureux Donald Trump qui ne cesse de tenir, et même adopter des postures belliqueuses, le plus souvent par twitts. Les récentes passes d’armes du successeur de Barack Obama par médias interposés avec Kim Jong-un, le président nord-coréen, sans citer d’autres exemples liés à l’unilatéralisme américain, sont assez illustratives de cette peur que fait vivre le tenant du concept «l’Amérique d’abord» au reste du monde. Et les militantes Femen, au nom d’autres manifestants qui eux ont pu être contenus par les nombreux cordons de sécurité, l’ont rappelé à Trump qu’il reste une menace pour la paix dans le monde.  En tout cas, les Africains, même s’ils n’ont pas forcément payé le plus lourd tribut à la guerre la plus longue et la plus dévastatrice de l’humanité, en gardent des séquelles bien évidentes, ne serait-ce que la perte des plus de trente mille «tirailleurs sénégalais» tués dans les tranchées ou ailleurs. La paix, comme le disait le président ivoirien, Feu Félix Houphouët Boigny, «la paix, ce n’est pas un mot, c’est un comportement».

Par Wakat Séra