Paix et sécurité. Mots en vogue actuellement en Afrique mais difficiles à se concrétiser dans la réalité sur un continent miné par des conflits de tous genres, et surtout confronté à l’hydre du terrorisme qui enlace et étreint et étouffe des pays pauvres, désespérément livrés à eux-mêmes. Que pourra donc le forum de Dakar, dont l’édition de 2017 se penche sur le thème pompeux de la gestion des nouveaux défis sécuritaires africains? Peu ou peux est-on tenté de répondre compte tenu du dénuement criard des Etats africains englués dans une gadoue où se mêlent pauvreté, corruption et mal gouvernance. Véritables cancers dont les métastases sont pour l’instant difficiles, voire impossibles à stopper, le terrorisme et la piraterie qui sont au centre des préoccupations dans la capitale sénégalaise, hypotèquent toute action de développement, plongeant de plus en plus l’Afrique et sa jeunesse dans le désespoir. Même les multiples missions et opérations, sous coupe onusienne ou non, n’ont pu freiner la progression du mal. Le Mali et plus généralement le Sahel africain en savent un brin, eux qui malgré la forte présence et même omniprésence de la Minusma, de Serval ou Barkhane, n’ont jamais pu se défaire des chaînes du djihadisme dont la puissance de feu ne cesse de croître. Dans un Sahel où ils ont solidement implanté leurs tentes, les djihadistes qu’ils soient affiliés à Al Qaïda ou à l’Etat islamique continuent d’endeuiller presqu’impunément populations civiles et armées du Mali, du Tchad, de la Mauritanie, du Niger ou du Burkina Faso.
S’il n’est pas désespéré, l’état du patient n’en n’est pas moins inquiétant, le Sahel s’agrippant désormais à sa force qui peine à se matérialiser véritablement. Le nerf de la guerre fait toujours défaut. Malgré les premiers vagissements du bébé sous la forme de Hawbi, sa première opération, la force conjointe du G5 Sahel dont le train des cinq pays membres, tiré par la locomotive française, est loin du compte. Certes, dans l’attente des différentes réunions qui serviront de leviers pour la levée de fonds, les cinq membres de cette force qui se donne pour ambition de lutter contre le terrorisme et toutes les formes de banditisme dans le Sahel, sont conscients que leurs efforts sont encore insignifiants. Certes encore, les Etats Unis qui s’opposent à la mise sous tutelle onusienne de la force du G5 Sahel ont annoncé un apport de 60 millions de dollars américains au bassinet des contributions, mais comme le dirait le commerçant d’un marché africain, «c’est bon mais c’est pas arrivé». Dans une course effrénée de recherche de fonds, les pays du G5 Sahel et Paris jettent leur dévolu sur des émirats pétroliers dont l’Arabie Saoudite pour combler le gap de 100 millions de dollars encore à trouver. Lentement mais peut-être sûrement, les 240 millions d’euros, budget revu à la baisse sur un montant initial de 420 millions d’euros, seront peut-réunis d’ici à là pour permettre au Sahel de se doter de cette force présentée comme l’arme infaillible contre le terrorisme.
Que pourra donc la grande foire de Dakar, qui va une fois de plus s’échiner à ébaucher des stratégies qui, à l’instar des résultats des forums précédents seront bons à dépoussiérer pour les prochains rassemblements du genre, les financements et la logistique nécessaires à leur mise en œuvre manquant le plus? Pendant ce temps, dans une guerre asymétrique dont ils ont seuls le secret, les djihadistes qui ont fait du Mali, voisin de la Libye dévastée, leur sanctuaire, continuent leur basse besogne, opérant souvent à visage découvert. Dakar 2017 ramènera-t-il la paix et la sécurité en Afrique? Le challenge est lancé.
Par Wakat Séra