Le président de Générations et Peuples Solidaires (GPS), Guillaume Kigbafori Soro, candidat déclaré à l’élection présidentielle d’octobre 2020 en Côte d’Ivoire, était ce mardi 28 janvier 2020, en compagnie de ses avocats, face à la presse française à l’hôtel Bristol de Paris. Nous vous proposons ci- dessous l’intégralité des propos liminaires de l’ex-Premier ministre ivoirien.
Mesdames, Messieurs,
Je vous remercie d’avoir répondu nombreux à cette invitation. Si j’ai choisi de vous convier aujourd’hui à ce déjeuner de presse, c’est avant tout pour vous dire que je suis candidat aux élections présidentielles de mon pays la Côte d’Ivoire le 31 octobre 2020, et que je le demeure définitivement. J’ai même envie de dire que je le suis davantage.
Ceux qui m’ont empêché de fouler la terre de mon Pays, le 23 décembre dernier, ne m’empêcheront jamais de m’adresser à vous, et ne m’empêcheront jamais d’être candidat à la magistrature suprême.
Le premier point est provisoire. Le second est illusoire, et notre rencontre de ce jour le prouve. Car si l’on peut tenter de condamner un résistant à l’exil, on ne peut le réduire au silence. Les ivoiriens souhaitent le changement. C’est une incontestable réalité.
Pour empêcher ce renouvellement et museler l’opposition, le stratagème trouvé, c’est un mandat d’arrêt, illégal, fantasque et purement opportuniste. C’est un mandat politique et l’aporie des accusations le démontre.
Je veux dire au peuple Ivoirien que nous ne céderons pas au chantage. Certains de mes soutiens et collaborateurs sont à l’épreuve et je veux, par votre truchement, les assurer de mon soutien et de ma solidarité. Je veux leur dire que toute cette cabale ne détournera pas l’Histoire de son cours inéluctable.
L’avenir n’est pas à une gouvernance autocratique, ni à une instrumentalisation de la justice.
L’avenir se pense, se prépare et se conçoit avec le peuple et pour servir le peuple.
Telle est ma mission. Rassembler le peuple Ivoirien, le réconcilier avec lui- même, lui soumettre un projet d’avenir et l’associer au même horizon.
Le pouvoir actuel est aux abois. Nous le savons, vous le savez : les symptômes d’une dérive autocratique s’accumulent : intimidations, arrestations arbitraires et tortures, bâillonnement de l’opposition et soumission de la Justice au pouvoir exécutif.
L’institution judiciaire indépendante n’existe plus, elle est devenue le bras armé du pouvoir politique, Les syndicats de Magistrats et le Barreau d’Abidjan l’ont eux-mêmes décriés, dans leurs déclarations des 16 et 29 janvier 2019.
Le Président sortant commande des procédures ; il instrumentalise les magistrats, en violation des textes de loi et de procédure, au détriment des règles Constitutionnelles.
J’ai été, ainsi que mes amis politiques et certains membres de ma famille en Côte d’ivoire, victime ces dernières semaines d’une véritable persécution judiciaire. Cette persécution judiciaire a été possible parce qu’ont été violés gravement des principes qui sont le fondement de l’État de droit et de la démocratie.
Parmi ces principes il y en a un qui est essentiel, cher à Montesquieu, le principe de la séparation des pouvoirs. Celui-ci a été gravement meurtri du fait de la servitude avec laquelle l’autorité judiciaire à Abidjan s’est pliée à des injonctions de nature purement politiques.
Ces injonctions sont politiques puisque les dossiers sont vides de toutes charges et ne reposent que sur des anathèmes qui sont ainsi au cœur de véritables complots judiciaires.
Des mercenaires ont fait des enregistrements illégaux en pensant me piéger, ils ont été tronqués, trafiqués, manipulés, et diffusés par un Procureur de la République aux ordres.
Mes avocats ont déposé plainte à Paris, contre les auteurs de ces enregistrements, et contre le Procureur, car cette manœuvre, commise en partie en France, et en partie par des personnes de nationalité française, est sanctionnable !
Nous allons également agir, pour protéger les droits fondamentaux des membres de Générations et Peuples Solidaires (GPS) et ceux de mes camarades et frères tous, arbitrairement et illégalement incarcérés.
Ils ont été transférés de la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan, vers des établissements où l’on peut craindre pour leur sécurité, leur santé et leur vie.
L’un de mes avocats a été perquisitionnée à son domicile, sans titre, illégalement, et sans la présence du Bâtonnier ou de son délégué comme le prescrit la loi. L’immunité parlementaire des députés du groupe parlementaire Rassemblement a été violée ; face à cette irrégularité manifeste, le pouvoir d’Abidjan a cru bon, après interpellation de rattraper l’illégalité des procédures judiciaires en l’aggravant par une énième violation.
Le groupe parlementaire RHDP du parti de Monsieur Ouattara, s’est substitué au parquet, donc du pouvoir judiciaire en demandant la levée de l’immunité parlementaire de leurs collègues députés en dehors de toute procédures légales applicables en la matière, fait inédit dans l’histoire judiciaire de notre pays !
Nous avons saisi le Procureur de la République de Paris et demain, nous saisirons les Juridictions sous régionales, la CEDEAO ou la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, ainsi que les Nations Unies pour que nos droits soient respectés.
Je vous rappelle que la Côte d’Ivoire a signé et ratifié l’essentiel des conventions régionales et internationales, l’obligeant à respecter les principes élémentaires des droits des personnes et bien entendu celui au procès équitable et notamment :
– le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques (PIDCP) le 26 mars 1992 ;
– la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADLP) le 31 mars 1992 ;
Nous attendons des Institutions Internationales qu’elles sanctionnent les actes posés par l’actuel gouvernement pour le mépris qu’il affiche à l’égard des obligations régionales et internationales de la Côte d’Ivoire.
Madame Michelle Bachelet, Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme sera également saisie ainsi que le parlement européen, le Conseil de l’Europe et l’Union Européenne.
Une note juridique leur sera présentée par mes avocats, démontrant clairement, sans ambages et sans aucune discussion possible comment les lois Ivoiriennes, mais aussi la Constitution ont été gravement et systématiquement violées.
Cette persécution politique illustre une bascule supplémentaire du régime ivoirien vers un régime autocratique et en tous les cas un régime qui, pour survivre est prêt à tout, y compris porter gravement atteinte aux principes juridiques les plus élémentaires de la Constitution et engagements auquel la Côte d’Ivoire a librement consenti.
Il n’y a pas de démocratie sans État de droit. Par nos actions, et notre détermination, nous ferons triompher l’Etat de droit, et nous restaurerons la foi de nos compatriotes en la Justice !
Vous l’avez compris, notre combat judiciaire est un combat politique et, je le crois, grâce au scrutin universel, nous parviendrons à rétablir la confiance et l’équilibre de nos institutions.
C’est aussi le sens de ma candidature : faire rayonner la Côte d’Ivoire, et lui redonner sa place de grande démocratie en Afrique et dans le monde.
En m’adressant à vous aujourd’hui, je ne demande rien pour moi-même.
Mes mots sont pour les Ivoiriens. Je veux que chaque femme, chaque jeune, chaque homme, né sous le soleil ivoirien retrouve la foi dans un horizon commun meilleur. Ne laissons pas les nuages du despotisme assombrir notre ciel par une crise pré-électorale imposée.
Je m’exprimerai désormais de façon régulière pour dessiner un projet en formulant des propositions. Telle est la ligne que j’entends tenir et dont je ne dévierai point. Je veux être utile à mon pays, utile à mon peuple, et je ne vois pas de manière plus efficace de le faire, que de contribuer à éclairer son cheminement.
Chaque enjeu sera abordé. De la réconciliation, de la paix, de l’éducation à la santé publique, en passant par le logement et le nouveau partage des fruits de la croissance. Loin de toute démagogie, mais avec la volonté constante de convoquer une audace à la mesure du potentiel de notre Nation dont la citadelle sera la démocratie.
Nous sommes porteurs d’un nouveau leadership, d’un espoir et d’une détermination qui donneront toute sa force à notre offre politique. Un autre chemin est possible, plus stimulant, plus moderne, plus efficace; parce que pour le peuple Ivoirien, nous voulons inaugurer une ère nouvelle.
Nous voulons « rajeunir l’avenir » pour mieux y convier tous les enfants de notre grand pays. Empruntons la voie d’un avenir radieux, autour des valeurs de paix, de justice et de progrès que d’autres ont choisi de délaisser.
Que Dieu nous bénisse et bénisse la Côte d’Ivoire !
Guillaume Kigbafori SORO
Président de Générations et Peuples Solidaires Candidat déclaré à l’élection présidentielle d’Octobre 2020 en Côte d’Ivoire