Accueil A la une Patrimoine des présidents africains: Dubaï, nouvel eldorado pour biens mal acquis?

Patrimoine des présidents africains: Dubaï, nouvel eldorado pour biens mal acquis?

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Le ciel de Dubaï plus clément pour les biens mal acquis? (Ph. Wikipedia)

Dubaï arrache progressivement à la France, la Suisse et l’Espagne, pour ne citer que ces trois pays, l’exclusivité du riche patrimoine immobilier des dirigeants africains qui trouve bon accueil hors du continent noir.

Avant, ils n’avaient d’yeux que pour les bords de la Seine ou, à l’ombre de la Tour Eiffel, ils alignaient, comme dans une course de vitesse, des hôtels particuliers, appartements et autres immeubles, dont les coûts exorbitants ne constituaient point une barrière pour eux. Car, sans les mettre tous dans le même sac, parce que rare d’entre elles peuvent ne pas être d’origines douteuses, la plupart de ces acquisitions sont des biens mal acquis sur le dos de pays africains, dont les populations n’arrivent toujours pas, malgré les richesses importantes de leurs sous-sols, à s’assurer le pain quotidien. Le détournement éhonté des richesses du pays, et même des aides extérieures, par des dirigeants pour lesquels l’intérêt national, et le mieux-être de peuples végétant dans la misère, sont le cadet des soucis, sont devenus un sport national. C’est ainsi que les propriétés des chefs d’Etat et de leurs proches, elles, se dressent, insolentes, dans des environnements paradisiaques, que ça soit à Paris, Genève, Barcelone, ou Londres.

Au mépris de toute décence et de toute mesure, certains hôtels particuliers n’accueillent les maîtres des lieux qu’une ou deux fois l’an, mais bénéficient d’un entretien au jour le jour, comme s’ils y étaient présents. Et, bien entendu, les frais d’achat et d’entretien des splendides propriétés de dirigeants, qui peuvent être comparés à des esclavagistes d’une certaine époque, n’ayons pas peur des mots, sont payés à la sueur du front, et même dans le sang de leurs concitoyens au pays, des hommes qui, bien que travaillant comme des forcenés, ne peuvent subvenir, ni à leurs propres besoins, encore moins à ceux des leurs. Les «familles africaines» s’étendant de la ville jusqu’au village, il faut serrer la ceinture jusqu’à la suffocation pour que les dirigeants puissent porter leurs bretelles!

Si, les présidents des pays occidentaux, dont les banques servent de coffres-forts aux biens mal acquis et où sont érigées ces maisons cossues, dignes souvent de palais des Mille et une Nuits, ferment les yeux sur cette véritable plaie qui ronge l’Afrique, fort heureusement, des ONGs de la société civile engagées dans une lutte sans merci contre la corruption, veillent au grain. De ces gardiens de la justice sociale, font partie Transparency International, l’ONG Survie-Ensemble contre la Françafrique et bien d’autres structures qui traquent en permanence, notamment sur le territoire français, les auteurs des biens mal acquis et leurs proches. Ce qui explique sans doute le changement de destination de ces biens mal acquis, qui devient, désormais Dubaï. Selon une enquête internationale de presse, c’est ainsi qu’a été dénombrée, dans les Emirats arabes unis, une myriade de propriétés, appartenant à des chefs d’Etat africains ou des membres de leurs familles.

Non seulement ces biens sont acquis au détriment de peuples africains englués dans une pauvreté endémique, mais ils servent au bonheur d’autres Etats! Dans le silence sépulcral de dirigeants occidentaux toujours prêts à donner des leçons de bonne gouvernance et de probité aux Africains. En attendant de mettre fin à cette pratique odieuse de biens mal acquis, qui rend l’Afrique extrêmement pauvre, et paradoxalement ses dirigeants immensément riches, il urge de renforcer la traque aux auteurs sans scrupule de ces détournements, mais trouver surtout le moyen idoine et le mécanisme approprié, pour rendre cet argent où il a été volé. A l’instar et dans la même logique que retour du patrimoine culturel de l’Afrique sur lequel avait fait main basse, en son temps, des colons cupides.

Par Wakat Séra