Accueil A la une Paul Biya, l’homme qui ne doit pas tomber malade!

Paul Biya, l’homme qui ne doit pas tomber malade!

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Il est formellement interdit de faire débat sur l'état de santé du président camerounais Paul Biya (Ph. d'illustration)

Ainsi donc, il est formellement interdit de parler de la santé du génie tutélaire qui hante le palais d’Etoudi depuis au moins 42 ans! Un tabou qui s’ajoute à celui de l’âge exact du chef de l’Etat camerounais, qui a été fixé à 91 ans dans le papier du blanc. Oui, les mauvaises langues, qui, semblent détenir les informations de catégorie A, car décelant toujours la fumée avant le feu, disent que Paul Barthélemy Biya’a bi Mvondo serait né bien avant le 13 février 1933.

En tout cas, le natif de Mvomeka’a, et les thuriféraires de son régime quarantenaire, opposent encore, et vigoureusement, une jeunesse éternelle, à ses détracteurs qui osent évoquer sa longévité exagérée sur le trône de la République du Cameroun (sic). Si le ridicule pouvait tuer! Pourtant, rien que par sa démarche, titubante, qui pourrait achever un cardiaque non au fait de la situation, le président camerounais n’est pas loin aujourd’hui de faire la risée de l’Afrique. Surtout lors de ses apparitions internationales qui sont devenues, au fil du temps, des événements aussi rares que les éclipses solaire ou lunaire.

Ainsi donc, les autorités camerounaises ne sont pas passées par quatre chemins, pour mettre fin à tout débat autour de la santé du chef de l’Etat, alors que sous d’autres cieux, le bulletin de santé des dirigeants et autres hommes publics, fait partie des documents les plus accessibles, bien entendu, dans le respect scrupuleux du secret médical. Mais, Paul Biya n’est pas n’importe qui et aucun crime de lèse-majesté n’est permis à son endroit. «Le chef de l’Etat est la première institution de la République et les débats sur son état relèvent du domaine de la sécurité nationale». Rien que ça!

Par ailleurs, et pour fermer tout échappatoire aux plus téméraires, car «les contrevenants devront faire face à la rigueur de la loi», le ministre camerounais en charge de l’Administration territoriale, auteur de cette note portant le sceau «très urgent» en rouge, a ordonné à chaque gouverneur de mettre en place, «des cellules de veille chargées de suivre et d’enregistrer toutes les émissions et débats dans les médias privés et d’identifier les auteurs de commentaires tendancieux, y compris ceux qui agissent à travers les réseaux sociaux». Comme quoi, nul ne pourra se prévaloir de son ignorance de cette mesure qui se trouvera être la mieux respectée, car «Popaul», honni soit qui mal y pense, on ne doit par le mettre au rang de ces mortels qui peuvent tomber malades!

Et pourtant, «Ces malades qui nous gouvernent», c’est bien une œuvre à succès, qui évoque, à souhait, l’état de santé des principaux acteurs de la Seconde guerre mondiale! Mais, il faut bien que l’Afrique continue de mériter son nom de «continent des mystères» et que, pour des raisons purement alimentaires, et autres intérêts égoïstes et très personnels, des individus se livrent à des énormités du genre de l’interdiction de mettre en débat, la santé de Paul Biya. Alors que, point n’est besoin d’être un garçon de salle, a fortiori, un médecin, pour parler d’une évidence qui crève l’œil!

Certes, il ne faudrait pas verser dans du voyeurisme en colportant des propos malveillants sur la vie de Paul Biya. Mais comment donc éviter de spéculer, quand un flou opaque, artistiquement entretenu, entoure la santé de celui qui dirige un peuple depuis Mathusalem? Comment donc, sans argument palpable, parler objectivement de la santé du plus vieux dirigeant élu en exercice au monde et au moins le 4e le plus ancien en fonction, après le Sultan Hassanal Bolkiah de Brunei, le Roi Charles XVI Gustave de Suède et le président de la Guinée Equatoriale, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo?

Le Cameroun, c’est vraiment le «contineng»!

Par Wakat Séra