«Ils se sont rencontrés, ils se sont attirés…». Ces premiers vers du refrain de «Vive les Mariés», la chanson culte de l’auteur compositeur béninois feu GG Vikey, allaient comme un gant au Parti démocratique de Côte d’Ivoire et au Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire qui se sont mis en couple pour affronter les élections municipales et régionales du 2 septembre prochain en Côte d’Ivoire. Mais contrairement à «l’amour» qui «finit au tombeau», chanté par Ricos Campos, un autre artiste béninois à succès, l’amour du PDCI et du PPA-CI finit, pour l’instant en tout cas, aux portes d’Abidjan!
En effet, dans une alliance, qu’ils ont scellée et qui devrait certainement donner des nuits blanches au Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et le progrès (RHDP, pouvoir), le mythique PDCI de l’inoxydable Henri Konan Bédié et le PPA-CI tout juste sorti du berceau, dont le géniteur n’est autre que le client «blanchi» de la Cour pénale internationale, Laurent Gbagbo, les deux partis politiques se sont partagés les zones électorales, chacun devant s’effacer pour le candidat le mieux placé de l’union. Dans bien des communes et régions, tout va bien. Cependant, ailleurs la division a mis fin à ce mariage qui était trop beau pour ne pas connaître de couacs conjugaux!
L’alliance faisait miroiter 158 municipalités sur 201, aux opposants, soit 133 candidats comme têtes de liste pour le PCDI-RDA contre 25 pour le PPA-CI. Il en est de même pour les régionales où les deux partis se sont entendus sur 24 des 29 régions. Problème, les deux conjoints se divisent sur les cinq régions du Guémon, du Sud-Comoé, de l’Agneby-Tiassa, du Loh-Djiboua et du Goh. Mais la grosse pomme de discorde qui amènera les deux tourtereaux occasionnels à ne pas regarder dans la même direction comme le veut la vertu pilier de l’amour, c’est le district d’Abidjan où le PDCI et le PPA-CI feront, visiblement, chambre à part. Là, se sentant probablement plus apte à s’imposer à «Yop» ou «Poy» ou plus simplement Yopougon, la plus grande commune d’Abidjan, le PDCI n’est plus pour la communauté des biens et décide donc d’y aller en solo.
Une division qui pourrait porter un coup aux ambitions de ces partis de l’opposition dont l’entente était regardée d’un mauvais œil par le RHDP. Le propre du pouvoir, et de tout maître d’ailleurs, étant de diviser pour régner, est-ce possible que derrière ce déchirement se trouve la main invisible d’Alassane Ouattara? Peut-être oui! Sauf que, c’est connu, le propre des opposants, est de n’être d’accord que sur leurs désaccords. Et personne ne pourrait en vouloir au RHDP de boire son petit lait et de tirer profit de la division du couple PDCI-PPA-CI. A l’heure du bilan, s’ils sont défaits et nul ne pouvant se prévaloir de ses propres turpitudes, les deux partis ne pourront s’en prendre qu’à eux-mêmes.
Sauf donc nouveau rebondissement, sport dans lequel les politiciens sont passés maîtres, l’opposition ivoirienne, ira, une fois de plus, divisée à des élections locales, qui, pourtant, avec les législatives, constituent l’étape la plus importante dans la course au pouvoir. La proximité avec les populations demeurant le meilleur moyen d’accéder aux affaires. Abidjan abritant les principales communes, ces querelles de foyer, à peine le mariage consommé, porteront inévitablement préjudice à l’alliance PDCI-PPA-CI. En tout cas, cet «amour» qui ne va pas jusqu’au «tombeau» mais «finit» aux portes d’Abidjan, confirme la coutume chez les politiciens africains de ne privilégier que l’intérêt personnel et très égoïste. Comme l’a dit l’autre, chacun préfère être tête de rat plutôt que queue de lion.
Ainsi vont les mariages et les divorces et les remariages puis les séparations de nouveau, dans la lagune Ebrié politique où tous les crocodiles se connaissent bien.
Par Wakat Séra