Comme dans une saison sportive, Abidjan vit depuis ce 22 juin, une trêve hivernale après des pluies torrentielles qui ont fait d’abord 6 morts la semaine dernière au quartier Mossikrô et 5 autres, dont quatre enfants à Bingerville, le 21. Cette nuit du 20 au 21 juin fut cauchemardesque pour les Abidjanais qui ont dû se demander si les cieux ne se vidaient pas de toutes leurs larmes. Et sur terre où elle s’incrustait ou s’engouffrait partout, l’eau était sans pitié, décidée à fait passer un sale quart d’heure, aux terriens. Des pluies hors mesure qui inquiètent les Ivoiriens, eux qui doivent accueillir, à l’occasion de la prochaine Coupe d’Afrique des nations, du 23 juin au 23 juillet 2023, soit en pleine saison des pluies, 24 équipes nationales et leurs supporters. Afin que les fortes précipitations ne gâchent la fête du foot, des questions se posent déjà, sur les bords de la lagune Ebrié, s’il ne faut pas songer à changer les dates fixées. Mais pour le moment, le plus dur pour certaines familles ivoiriennes, ce n’est certainement pas d’avoir été privées de la fête de la musique le 21 juin, encore moins de voir le ballon rond rebondir difficilement sur les pelouses regorgées d’eau, mais de trouver au plus vite un toit pour dormir.
Les rares répits que cette pluie sans fin offrait aux habitants, c’était juste le temps de sauver ce qui pouvait encore l’être. Car, nombre d’entre les sinistrés, qui vivent ou non dans des quartiers précaires, n’ont pas eu le temps de prendre place dans l’arche de Noé, ce navire construit, selon la Bible, sur l’ordre de Dieu afin de sauver Noé, sa famille, ainsi qu’un couple de toutes les espèces animales, et les mettre ainsi à l’abri du Déluge en préparation. C’est ainsi qu’a pu s’opérer la perpétuation de l’Humanité, à en croire le livre de la Genèse du chapitre 6 au chapitre 9.
Au diapason de la fête de la musique initiée en 1982 par Jack Lang, alors ministre français de la Culture, habitué d’Abidjan, les seules notes qui ont véritablement résonné ce 21 juin dans le district autonome, furent non pas les crépitements de tambours mais le son bien rythmé des gouttes parfois petites, le plus souvent drues de ces larmes qui tombaient du ciel, sur les toits des Ivoiriens. Autour de 200 mm de précipitations dans la seule nuit du lundi au mardi! Sans oublier les grondements non de tams-tams, mais du tonnerre et des éclairs zébrant par intermittence l’obscurité, comme dans une boîte de nuit à ciel ouvert! Et c’est ainsi que l’eau qui est dite être la vie, peut également devenir mort.
Certes les zones inondables ont reçu comme à l’accoutumée, leur lot de victimes, mais même des quartiers qui d’habitude ne sont pas victimes de la furie des eaux, ont été touchés, parce que l’eau a rencontré des obstacles sur sa route classique, du fait de nouvelles constructions de bâtiments et autres infrastructures routières, mais aussi des caniveaux bouchés par les déchets domestiques.
Par Wakat Séra