Douze grosses voix de la musique burkinabè ont prêché, le samedi 11 novembre 2023, la paix, la tolérance, l’amour, le vivre-ensemble, aux populations de Pô (Centre-Sud du pays) à la Place Namaro, à travers des visites, un panel et un concert dans le cadre de l’acte 4 de la caravane « Nos voix pour la Paix ».
La caravane « Nos voix pour la Paix », un projet artistique initié par la star de la musique burkinabè, Alif Naaba, en vue de sensibiliser les populations autour de la paix, de la cohésion sociale et du bon vivre-ensemble, a déposé, le samedi 11 novembre 2023, ses valises dans la ville de Pô, chef-lieu de la province du Nahouri. A ce rendez-vous, de grosses voix telles que Dez Altino, Imilo Le Chanceux, le couple ATT-Sissao, Flora Paré, Donsharp, Kayawoto, Hugo Boss et Awetou, ont, chacun, après sa prestation, véhiculé le message de paix aux populations burkinabè afin qu’elles soient plus unies et solidaires pour faire face à l’adversité.
La pertinence du thème expliqué aux spectateurs
« Le Burkina Faso vit une situation exceptionnelle. Et dans cette situation, ces artistes sont venus apporter leurs mots et leurs voix pour que nous puissions ouvrir des fenêtres d’espoir pour notre pays. Dans cette situation difficile, les artistes qui sont vos idoles et que vous aimez, ont fait une chanson, mais pas seulement, ils ont voulu aller à la rencontre de toutes les populations du Burkina Faso pour apporter des mots d’apaisement, d’unité et d’un bon vivre-ensemble en vue d’essayer de consolider ce qu’on a encore et qui reste », a déclaré sur le podium, Alif Naaba, de son nom à l’état civil, Noura Mohamed Kaboré qui a rendu un vibrant hommage aux combattants de la Nation qui sont en première ligne sur les théâtres de combats.
« Merci à la Cour du Naaba d’avoir associer l’Union européenne à cette initiative merveilleuse. Nous sommes très émus et je vous remercie pour votre présence massive à ce concert en vue de militer pour la paix », a dit le chef de coopération de l’Union européenne au Burkina, Diego Escalona Paturel.
Dans une ambiance électrique faite de sons et de lumière, les milliers de spectateurs ont apprécié les différentes prestations des artistes dont les styles et les mélodies variaient d’un artiste à un autre, ou d’un groupe de musiciens. En mode playback, semi-live et trois lives exécutés par Flora Paré, Dez Altino et le couple ATT-Sissao, les artistes ont dompté un public de Pô qui a été conquis pour la cause.
A des moments de flottements pour permettre aux artistes de s’apprêter avec leurs instruments pour monter sur la scène, l’animateur de la soirée, Daouda Sané, l’un des célèbres au Burkina et dans la sous-région pour la présentation des spectacles, par des jeux de questions-réponses visant à récompenser les gagnants avec des tee-shirts confectionnés pour le projet « Nos voix pour a paix », amenait le public à se prononcer sur le thème. En effet, les spectateurs pendant ces moments, démontraient par leur vision, la pertinence du sujet et ont invité les populations à travailler à la cohésion sociale.
L’artiste Donsharp nous a signifié qu’il a accepté être de cette caravane pour deux raisons majeures. La première, a-t-il laissé entendre, « c’est l’initiative d’un collègue artiste et donc tout de suite il a mon soutien ». La deuxième, a-t-il poursuivi, est le fait que le thème qui est abordé qui est celui de la paix. « Nous sommes dans un contexte où la paix est demandée », a soutenu le Kundé d’Or 2021 qui a dit trouver « le public de Pô très chaleureux », un public qu’il avait à l’esprit car c’est sa première fois de venir prester à Pô.
« Des Altino est mon artiste préféré », a dit le chef de Pô
Avant le concert la caravane a été reçue par le chef de Pô à qui le bien fondé du projet « Nos voix pour la paix » a été exposé. Le Pô Pê, chef de Pô, a signifié que ça lui fait plaisir de voir que sa ville ait été choisie pour cette caravane qui vise à sensibiliser les populations sur la paix.
Il a béni l’évènement par des prières et prodigué des conseils à ses promoteurs. Le chef de Pô qui dit avoir été surpris de savoir que Alif Naaba s’exprime très bien en français comme le mooré, sa langue maternelle, qu’il manie merveilleusement, a affirmé que Dez Altino est son artiste préféré.
Les artistes touchés en apprenant l’histoire de l’académie militaire et l’esprit d’ouverture de ses responsables
Prenant la parole, le commandant de l’Académie militaire Georges Namoano, William Desmond Baguera, a d’abord précisé que l’école a été créée en 1984 avant de faire sa présentation complète à travers un petit cours d’histoire. « C’était l’une des grandes décisions du capitaine Thomas Sankara qui a estimé qu’on ne pouvait plus continuer à former nos cadres officiers à l’extérieur », a affirmé le commandant Baguera, soulignant que cette académie reçoit des officiers d’autres pays dont les nationalités varient de 11 à 16.
« On a souvent des Congolais, des Camerounais, des Djiboutiens, des Centrafricains, des Tchadiens et des officiers de tous les pays de la sous-région », a-t-il indiqué, notant qu’actuellement l’école est à sa 23e promotion et aura 40 ans l’année prochaine.
« Nous sommes touchés parce que c’est historique pour nous les artistes de rentrer dans cette école et d’être reçus par son premier responsable. L’histoire du Burkina est aussi liée à l’histoire de cette académie. Nous sommes encore plus touchés par l’ouverture d’esprit que vous avez et nous pensons que c’est quelque chose qui doit-être sue », a affirmé Alif Naaba.
Il a continué en disant que « nous avons créé ce projet parce que nous avions estimé que nous pourrions en tant qu’artistes être un autre prolongement des actions que vous menées. Notre pays vit une situation dans lequel vous êtes en première ligne mais vous avez besoin de savoir que derrière, vous avez une population qui est unie. Nous nos fans sont dans toutes les sensibilités sociales parce que la musique transcende les communautés ».
Le représentant de l’Union européenne à cette sortie, Diego Escalona, a exprimé toute sa joie à l’académie car en Espagne d’où il est originaire, on ne parle pas beaucoup du Burkina Faso mais beaucoup de gens savent qui est le père de la révolution burkinabè. « Le fait d’apprendre que c’est Thomas Sankara qui a fondé l’académie Georges Namoano le touche personnellement », a-t-il confié.
Pour l’Union européenne, « c’est important de pouvoir soutenir le Burkina, de travailler sur cette dimension paix et les artistes sont probablement les meilleurs vecteurs pour passer ce message. Les artistes sont aussi complémentaires du travail que les militaires font dans les domaines de la défense et de la sécurité », a-t-il fait savoir, disant avoir un « respect » pour le travail que fait l’armée.
Des élèves touchés par le message de paix de Alif Naaba, Donsharp, Imilo, Dez Altino et Kayawoto
Après la visite à l’académie militaire, Alif Naaba, Diego Escalona, Donsharp, Imolo Le Chanceux, Dez Altino et Kayawoto ont sensibilisé plusieurs dizaines d’élèves à la mairie de Pô. Tour à tour, les membres du présidium ont expliqué aux élèves l’apport de la paix dans une société. Sans paix, point de développement, point de vie tout court, ont-ils dit. C’est pourquoi, ils ont appelé les élèves à être chacun à son niveau, un vecteur de la paix qui ne doit pas seulement se résumer à la simple expression mais doit avoir un contenu et un impact fort dans leurs comportements de tous les jours.
Après Ouagadougou, Kaya, Tenkodogo et Pô, la prochaine étape de la caravane est prévue pour le samedi prochain à Gaoua.
Par Bernard BOUGOUM