Le secrétaire général de l’Union nationale de la police (UNAPOL), Honoré Kientéga, a déploré ce vendredi 27 juillet 2018 que la police du Burkina, « créée depuis 1949, n’ait pas de mutuelle ». Le commissaire Kientéga a fait cette déclaration face à la presse à une conférence publique animée autour du thème: « Syndicaliste je suis, Policier je demeure ». Cette rencontre entre dans le cadre de la commémoration du deuxième anniversaire de l’UNAPOL qui sera célébrée à travers tout le pays.
« Depuis fort longtemps, on a essayé à plusieurs reprises (mais) ça n’a pas marché », a affirmé M. Kientéga, rassurant néanmoins que « présentement il y a une commission qui va être mise en place incessamment pour travailler à régler » cette préoccupation, à l’occasion de la célébration de ses 2 ans d’existence, placée sous le parrainage du camarade Bassolma Bazié, secrétaire général de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B).
C’est dans une vaste salle contenant près de 1 000 policiers à l’Ecole nationale de la Police (ENP) que l’UNAPOL a convié ses militants pour les renseigner sur comment fédérer syndicalisme et profession de policier. Pour le premier responsable syndical des policiers, Honoré Kientéga, « il n’y a pas de mot assez expressif à l’image de (sa) joie et (sa) satisfaction au regard de cette gigantesque mobilisation ».
Cependant, en ne voulant pas tomber dans un auto-satisfecit béat, l’officier de police a crié que « l’heure est grave parce que la vie du policier n’a jamais été aussi exposée sans qu’aucune solution concrète ne soit apportée ». « Ils sont nombreux nos camarades tombés sous les balles assassines des terroristes sans qu’aucun renforcement des moyens humains, matériels et financiers ne soit envisagé, et que dire des veuves et des orphelins abandonnés à leur triste sort ? », s’est-t-il plaint.
Même si le SG de l’UNAPOL se dit « satisfait » des résultats acquis en deux années d’existence, il a indiqué que « l’heure est grave parce que le principe d’égalité entre forces de défense et de sécurité souffre énormément, sinon comment comprendre que d’autres soient dotés à la hauteur de la menace (terroriste notamment) pendant que la police souffre pour se mettre au même diapason qu’un terroriste amateur ? ».
Le thème de cette deuxième commémoration vise surtout à lutter contre les préjugés entretenus autour de l’UNAPOL. « Il y a que certains dans la corporation sont toujours dans une dynamique en disant qu’il ne peut pas y avoir un bon policier s’il est syndiqué, or non », a battu en brèche le commissaire Nikiéma qui a noté que lui-même est chef du Service régional de la police judiciaire de Ouagadougou (SRPJO) mais il mène bien ses activités syndicales sans que cela ne gêne quoi que ce soit. Il a conclu même sur ce sujet en rappelant aux participants à la conférence publique que l’UNAPOL est un organe de « veille, d’alerte, d’orientation et de propositions ».
Quant au SG de la CGT-B, Bassolma Bazié, connu pour son langage qualifié de vérité, il a d’abord relevé que la discipline ne signifie nullement de la soumission ou l’esclave. « Ce n’est pas parce que quelqu’un porte la tenue qu’il doit forcément obéir à tout type d’ordre. Discipline d’accord, mais décence d’abord. Discipline d’accord, mais légalité d’abord. Discipline d’accord, mais légitimité d’abord », a-t-il entonné dans une salle qui lui a fait des salves d’applaudissement. Il a invité en outre, les policiers à ne pas obéir aveuglement aux ordres.
« Si vous exécutez des ordres sans avoir la maturité d’analyser la légalité et la légitimité de celui-ci, vous êtes en train de conduire les autres dans un environnement de criminalité condamnable. La discipline fait au service de l’imposture, de la corruption, des forts, c’est de l’esclavage voire même de la prostitution », a-t-il fait savoir avant de conclure que la « discipline doit être au service de l’intégrité ».
Par Bernard BOUGOUM