La Coordination des propriétaires terriens de Bendatoega, dans la commune rurale de Pabré (Centre burkinabè) ont rencontré, ce vendredi 26 mai 2023, la presse pour donner leur version sur l’affaire de lotissement dans leur localité, à la suite de la sortie médiatique des membres de l’Association Zaknooma pour le droit au logement le dimanche 21 mai 2023, qui accusaient la société Intelligence immobilière d’avoir «accaparé» des terres dans ce village.
La Coordination des propriétaires terriens de Bendatoega composée des ressortissants du village, du Comité villageois de développement (CVD), des chefs coutumiers, des conseillers, de la Commission foncière villageoise (CFV), de la Commission de conciliation foncière villageoise (CCFV), de l’Association Nakoglb-zanga de Pabré et de l’Association Namanegdbzanga-Droit au logement, a affirmé face à la presse, qu’elle a «jugé nécessaire d’apporter un démenti formel aux déclarations formulées lors d’une conférence de presse le dimanche 21 mai 2023 par l’association Zaknoom pour le droit au logement (AZALO)».
Selon Madi Sawadogo secrétaire général de l’association Nakoglb-zanga de Pabré, porte-parole des propriétaires terriens de Bendatoega, le lotissement est un projet du village et que les négociations pour l’aménagement ont été entamées en 2017 entre la société Intelligence Immobilière et le village. Et pour la faisabilité, «il a été nécessaire de faire trois types de recensement», a dit M. Sawadogo, citant «le recensement de la population, le recensement des possesseurs et acquéreurs de grandes superficies et le recensement des non-lotis».
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«Jusqu’à présent, le processus suit son cours normal et il n’y a pas de problèmes entre la population et le projet, ni la société Intelligence Immobilière», a-t-il soutenu.
Il affirme que l’association AZALO n’est pas reconnue à Bendatoega sauf quelques-uns de leurs membres qui figurent dans le registre de recensement des non-lotis, soutenant que ses déclarations du 21 mai dernier «sont fausses et sans fondement».
Selon le porte-parole des propriétaires terriens, toute la superficie de Bendatoega ne vaut même pas 1 200 hectares, alors que AZALO affirmait que la société immobilière «s’est accaparée (des) terres, évaluables» à «environ 1 200 hectares avec le fameux projet de lotissement». «Ils ont dit que les propriétaires terriens, les villageois avec les possesseurs fonciers (ceux qui avaient payé des hectares pour leur propre projet) ont reçu leur dédommagement et que par contre eux (les membres de AZALO) n’ont pas encore reçu pour eux. Nous tenons à préciser que c’est vrai, la société à commencer les attributions et cela se fait en trois volets. Il s’agit premièrement de faire des attributions à la population, deuxièmement aux propriétaires terriens et ceux qui avaient payé des hectares pour leur projet et en troisièmement position aux zones non-loties», a-t-il expliqué.
L’association AZALO affirmait au cours de sa conférence de presse que ses membres concernés par le projet d’aménagement de Bendatoega, s’élève à environ 6 000 personnes. «Ils ont raison de dire ça», a réagit M. Sawadogo. «Vous venez, vous demandez un lopin de terre de 120 m2 et ensuite vous partez construire quatre à cinq maisons et vous voulez qu’on recense toutes ces maisons, donc vous voulez même gagner encore plus que le propriétaire terrien», a-t-il poursuivi.
«Il y avait déjà une commission de suivi qui était déjà mis en place avant le recensement pour suivre les travaux afin que la société puisse les mener en fonction des conventions, des contrats et des accords qu’on a faits. C’est deux, trois ans après le début du projet, qu’on a entendu parler de AZALO. Elle est venue demander à ce qu’on les intégre», a fait savoir le porte-parole des propriétaires terriens, Madi Sawadogo.
Il a été constaté une forte mobilisation de la population et des chefs coutumiers, entre autres, au cours de la conférence de presse. Mathurin Nikiéma, président de l’association Namanegdbzanga qui lutte pour le droit au logement y était également présent, mais comme un «observateur» dans le but de se faire une idée de ce qui se passe.
«Comme je suis venu, j’ai constaté, qu’il n’y a même pas de problème ici (Bendatoega). S’il y avait un problème je ne pense vraiment pas que tous les coutumiers allaient être là (à la conférence de presse). Le chef de terre n’allait pas être là», a conclu M. Nikiéma.
Pour lui, il faut que chacun se ressaisisse car «ce qu’on veut au Burkina, c’est la paix». «Si en brousse c’est chaud et puis en ville encore c’est chaud, on ne sait pas où se cacher la tête maintenant», a-t-il dit, exprimant sa satisfaction du fait que «tout le monde est d’accord avec les conditions données par la société immobilière». «Si c’était vrai qu’elle a donné des parcelles certains et que d’autres n’ont pas eu, nous même, allons saisir le promoteur immobilier pour que cela se règle».
Le président directeur général de Intelligence immobilière, Raphaël Pikbougoum que nous avions contacté avait déclaré que le processus d’attribution suit son cours et que l’attribution des zones non-lotis n’a pas encore commencé car il y a plusieurs phases. «Nous sommes toujours sur les autochtones et nous n’avons pas encore fini», avait-il confié à Wakat Séra.
Pour lui, les membres de l’association AZALO, «s’impatientent tout juste parce qu’on n’a pas atteint la phase d’attribution aux non-lotis qui se trouve être la dernière phase» du processus.
Par Daouda ZONGO