Le couple Alassane Ouattara-Henri Konan Bédié (HKB) a volé en éclats en août 2018, après 13 années d’une alliance scellée le 17 juillet 2005 sur les bords de la Seine. Le Sphinx de Daoukro a claqué la porte et déchiré le livret de famille RHDP (Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix), laissant derrière lui plusieurs enfants de l’ancien foyer qui, eux, ont préféré les délices du pouvoir, à la galère de l’opposition. Le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) s’est senti cocufié quand son désormais ex-partenaire a refusé de lui céder le fauteuil en 2020, alors que lui ne s’est pas présenté à la présidentielle de 2015, pour accroître les chances de Alassane Ouattara. Fâché et déçu, Henri Konan Bédié ne rate jamais une occasion pour laver le linge sale en public en volant dans les plumes du président de la République, Alassane Ouattara accusé de tous les péchés d’Israël. Pour faire mal à son ex-allié, le PDCI s’est jeté dans les bras des «Gbagbo ou rien», les GOR, et de Guillaume Kigbafori Soro, le «fils» de Ouattara qui se dit aussi trahi par son «père» qui a refusé de tenir sa promesse faite en 2006 de lui céder son fauteuil en 2020.
Alassane Ouattara qui rêve de se remettre en couple avec Henri Konan Bédié, est passé à l’offensive pour ramener son allié au sein de la famille RHDP. Ce samedi 1er février 2020, il s’est rendu à Tiébissou, au centre du pays, pour une visite privée à la reine du royaume baoulé, Nana Akoua Boni II. Du huis clos entre le président et la reine, a suinté l’information selon laquelle le «cas» Bédié a été longuement évoqué dans les échanges, si l’on s’en tient aux propos du porte-parole de la souveraine. Celui-ci a rappelé que le 6 décembre 2019, à Yamoussoukro, et à leur demande, le chef de l’État les a autorisés à rencontrer Henri Konan Bédié afin de le ramener à la maison RHDP. «A ce sujet, une délégation de chefs a été envoyée à Daoukro pour prendre rendez-vous. Nous en attendons la date pour effectuer la mission», a-t-il fait savoir. Des prières ont été adressées à Dieu afin que «Baba Allah Gnissa», nom baoulé de Ouattara et «Baba Bédié» se retrouvent sous l’arbre à palabres, à Sakassou. Le président Ouattara qui veut passer au premier tour de la présidentielle, a donné son feu vert aux médiateurs chargés de convaincre N’Zuéba à faire marche en arrière. «Je voudrais remercier vos représentants qui ont pris l’engagement, le 6 décembre, de voir mon aîné, le président Henri Konan Bédié pour lui transmettre votre message et je suis sûr que quand il aura l’occasion de vous recevoir, cela permettra de faire avancer les choses au nom de la grande famille Houphouëtiste que nous représentons», a dit M. Ouattara à la reine du royaume baoulé. «Je tiens à la concorde entre les enfants de notre papa, feu le président Félix Houphouët-Boigny. Et je voudrais saisir cette opportunité pour vous dire que ma disponibilité est totale», a-t-il assuré. Pour lui, «dans toutes les familles, il peut y avoir des malentendus, mais ce qui importe, c’est l’amour du pays». Le président Ouattara se dit alors prêt à renouer avec l’ancien chef de l’Etat qui ne cache pas sa volonté de revenir aux affaires pour laver l’affront de décembre 1999, quand «les jeunes gens» l’ont renversé du pouvoir. «Je voudrais vous assurer qu’en ce qui me concerne, je ferai tout pour rassembler les enfants du président Félix Houphouët-Boigny, mais également tous les enfants de la Côte d’Ivoire, car la paix est à ce prix», a juré Alassane Ouattara.
Cette offensive de charme parviendra-t-elle à séduire Henri Konan Bédié à ravaler ses ambitions présidentielles? Violente question.
Par Mahamadou Doumbia, Correspondant Wakat Séra en Côte d’Ivoire