Ceci est une déclaration de l’ex-Premier ministre burkinabè Yacouba Isaac Zida où il exprime sa gratitude au Mouvement patriotique pour le salut (MPS) pour l’honneur fait en sa personne en le désignant comme son candidat à la présidentielle de 2020. Il informe dans ce document qu’il sera « bel et bien présent au congrès » du MPS qui se tiendra dans quelques mois et donnera sa réponse, s’il sera candidat ou non.
Mes chers compatriotes,
Aujourd’hui je voudrais exprimer ma gratitude au Pr Augustin Loada et son parti le MPS qui, après m’avoir déjà honoré en juillet 2019 en me nommant comme président d’honneur du parti, ont décidé ce samedi 15 février de me désigner comme leur candidat à la prochaine élection présidentielle. Je mesure le haut degré de confiance placé en moi, mais je suis aussi conscient qu’au-delà de ma personne c’est la foi en un idéal et en une vision que nous partageons depuis longtemps.
Le MPS et plus largement le Burkina Faso ne manque certainement pas de personnes compétentes pour faire face aux défis de l’heure. Toutefois au-delà de ses compétences, notre pays a besoin d’une personne qui fait preuve de responsabilité, de courage décisionnel, d’intégrité morale, et qui comprenne l’aspiration de notre peuple à beaucoup plus de respect et de bienveillance. C’est pourquoi bien que n’étant certainement pas la seule personne à remplir ces conditions je me réjouis que le MPS et son président ayant trouvé ces qualités en moi ont décidé que je porte leur projet d’un Burkina meilleur devant le peuple souverain du Burkina Faso.
Si c’est un honneur, c’est aussi surtout pour moi une mission sacrée que je ne peux pas trahir. C’est pourquoi je vais livrer solennellement ma réponse au parti qui sera réuni en congrès dans les prochains mois et par la même occasion à toute l’opinion nationale et internationale.
L’avenir de 20 millions de Burkinabé dépend de la décision que nous allons prendre, aussi nous sommes conscients de l’importance d’un tel rendez-vous. Oui je serai présent bel et bien présent à ce congrès.
Chers compatriotes,
En attendant impatiemment ce grand rendez-vous, mes pensées sont constamment tournées vers mes 600 mille compatriotes déplacés à l’intérieur de leur propre pays; j’ai énormément de la peine pour les 200 milles enfants qui ne peuvent plus aller à l’école, et mon chagrin est sans limite devant le deuil des familles de nombreux civils et soldats massacrés parce qu’ils ont fait confiance en un régime qui ne peut plus les protéger. Ce tableau est si noir que plusieurs d’entre vous et moi avons du mal à reconnaître le Burkina Faso de feu capitaine Thomas Isidore Noël SANKARA. Qui parmi nous ne s’est jamais senti plus fier d’être burkinabé auparavant que maintenant?
Chers compatriotes,
En attendant de redonner à notre pays ses lettres de noblesse, nous devons commencer par reconnaître courageusement la situation dans laquelle nous sommes. Notre État est en faillite et faire semblant n’y change rien, bien au contraire. Il est plus que jamais temps d’attraper le taureau par les cornes. Comment peut-on développer un pays dont le peuple se meurt ? Comment bâtir un pays dans lequel des communautés entières sont déchirées et se regardent en chiens de faïence ? Peut-être certains politiciens encore vous diront qu’ils sont la solution… La solution dont rêvaient les burkinabé après les élections de 2015 a vite tourné en cauchemar et fait place à l’hypocrisie et au cynisme.
Pendant que le peuple vit le plus grand naufrage de son histoire, les princes du moment se comportent comme si de rien n’était. Ce dimanche après-midi, pendant que j’écrivais ce message j’apprends que 21 fidèles croyants sont massacrés dans leur lieu de culte dans le village de Tatakatami (province du Yagha)… Du côté du gouvernement, pas un simple message de compassion.
Depuis quand la vie des burkinabé est-elle devenue si banale? Chacun des responsables qu’ils soient des terroristes ou des agents gouvernementaux laxistes corrompus et incompétents va répondre devant de ses actes. Le vie des milliers de burkinabé ne saurait être passée en perte et profit.
Chers compatriotes,
Comme le disait le Pr Loada il y a deux jours, « dans ce pays il y a des priorités certes, mais il y’a des préalables aux priorités ». Si la survie de nos proches, de nos frères et sœurs, de nos concitoyens exige que l’on reporte les élections, qu’il en soit ainsi… mais je crains que cela ne soit une très grave erreur qui ne fera qu’aggraver ou en tout cas prolonger la souffrance insoutenable de notre peuple.
Alors chers compatriotes, je prends rendez-vous avec vous et avec l’histoire à partir de la tenue du congrès extraordinaire du Mouvement Patriotique pour le Salut (MPS).
Que Dieu bénisse le Burkina Faso notre patrie !!!