Si tout va bien, les Nigérians et le Sénégalais se rendront aux urnes pour désigner celui qui présidera aux destinées de leurs pays respectifs, durant le prochaines années. Le rendez-vous dans les bureaux de vote est fixé au samedi 23 février pour les électeurs du Nigéria alors que ceux du Sénégal prendront le relais le lendemain, soit le dimanche 24 février. Dans les deux cas, les candidats en lice ne se feront pas de cadeaux, en témoignent les joutes oratoires violentes et même les morts qui ont émaillé les différentes campagnes électorales. Dans les deux cas, les présidents sortants ne veulent pas sortir et mettent les mots et les moyens qu’il faut pour garder leurs fauteuils. Certes, les populations auront le choix entre plusieurs candidats mais les chances des adversaires du Nigérian, Muhammadu Buhari ou du Sénégalais, Macky Sall sont assez minces dans ce combat de pot de terre contre pot de fer. Les manifestations pour séduire l’électorat ont confirmé la force de frappe des chefs d’Etat qui luttent pour leur propre succession et s’appuient sans vergogne sur les moyens de l’Etat pour battre campagne. Malgré les dénonciations des opposants qui eux doivent se contenter, pour la plupart, des maigres ressources de leurs partis et d’une part congrue de la subvention de l’Etat, l’organisation des meetings n’a pas toujours été aisée.
C’est certain, les choses seront plus faciles pour Macky Sall qui se retrouvera en face de quatre candidats qui ne peuvent perturber sa marche vers le palais présidentielle où il compte retrouver son fauteuil pour un second mandat. Sans minimiser leurs valeurs politiques et leur popularité, Idrissa Seck, Madické Niang, Issa Sall et Ousmane Sonko, ne sont pas les adversaires les plus costauds dont les Sénégalais auraient rêvés pour un Macky Sall, qui, il faut le reconnaître peut se targuer d’un bilan acceptable en matière de réalisations infrastructurelles et de politiques sociales pour le Sénégal. Certes, le Sénégalais moyen dit toujours tirer le diable par la queue car la croissance économique toujours évoquée à deux chiffres est loin d’avoir touché le panier de la ménagère. Au lieu de porter la marque de l’inclusion, le partage des richesses ne fait le bonheur que d’un cercle réduit, le plus souvent proche du pouvoir. La véritable ombre au tableau du président sortant qui, pour parler trivialement veut encore entrer, c’est l’acharnement dont il a usé, par justice interposée pour écarter de son chemin, Karim Wade, le fils de son ancien challenger et surtout Khalifa Sall, l’ancien maire de Dakar qui devaient être ses véritables adversaires. De plus, les chefs religieux et leurs confréries, notamment celle des Mourides pèseront une fois de plus de tout leur poids sur ce tournant important de la vie politique sénégalaise. Heureusement, les balises de la presse seront une fois de plus allumées pour donner au vote et aux résultats toute leur crédibilité. En tout cas, Macky Sall va devoir se battre pour le coup KO dès le premier tour pour s’éviter toute surprise désagréable si second tour il doit y avoir.
Au Nigéria, les promesses électorales tournant presque toutes autour de la lutte contre la corruption emballent très peu des populations davantage préoccupées par le climat insécuritaire provoquée par la menace permanente de la secte islamiste Boko Haram. Ces discours et autres propos démagogiques pour l’amélioration des conditions de vie des Nigérians et surtout la création d’emploi, n’ont d’égales que la mauvaise foi de ceux qui les fonts et la crédulité naïve de ceux qui y croient. Connaissant le passé peu reluisant en la manière de Muhammadu Buhari et de son vis-à-vis, l’homme d’affaires Atiku Abubakar, les 84 millions d’électeurs inscrits pour voter sur les 180 millions sont persuadés qu’il va juste falloir choisir le moindre, entre deux maux.
Pourvu que la démocratie triomphe, que ce soit à Dakar ou à Abuja!
Par Wakat Séra