En attendant le 22 février prochain, pour se soumettre à l’épreuve des urnes, les candidats en course pour la conquête du fauteuil de Faure Essozimna Gnassingbé, lui-même candidat à sa propre succession, les six candidats de l’opposition battent campagne. Tout comme leur challenger, ils sont tous sur le terrain pour attirer les faveurs des électeurs potentiels. Mais cette chasse aux voix qui prendra fin dans trois jours, soit le jeudi connait des fortunes diverses. En effet, en l’absence de la subvention de l’Etat qui tarde à délier le cordon de la bourse, tous les candidats, sans doute à un près, se triturent les méninges pour dérouler leurs programmes de campagne. Les 42 millions de francs CFA n’étant pas encore tombé dans le bassinet, chacun est contraint de secouer les poches pour en sortir le dernier sou, pour organiser les meetings, poser les affiches ou même se livrer au simple porte à porte. Mais problème, la plupart des poches sont déjà trouées parce que plusieurs candidats ont élaboré leur calendrier de campagne en fonction de cette aide de l’Etat qui finalement fait défaut. La campagne dans nombre de QGs de candidats prend des allures de petites réunions de famille! Les candidats ne peuvent que compter sur leurs maigres ressources ou saigner des mécènes qui, malheureusement attendent toujours le retour sur investissement qui se traduit par quelques postes de reconnaissance, des marchés et autres avantages.
Mais où donc se cache l’argent de la campagne? Les autorités sont visiblement atones et aphones sur la question, laissant les candidats dans un désespoir qui ne dit pas son nom. Le gouvernement est très attendu sur la question. Cet appui aux candidats pour la campagne n’est-il pas inscrit au budget de l’Etat? Une chose est certaine, ce n’est pas une faveur ponctuelle, encore moins une distribution au faciès. Au plus grand étonnement de tous, même le parti au pouvoir est logé à la même enseigne. Officiellement en tout cas, car les hommes qui gèrent les meetings de Faure Gnassingbé crient, eux- aussi, peste et disette, même si sur le terrain, leur candidat éclabousse cette campagne de son omniprésence! Que ce soit dans les zones rurales ou dans les villes, ou encore sur les réseaux sociaux, Faure Gnassingbé marque les esprits et rencontre une adhésion populaire, vraie ou feinte, sans commune mesure. «Il a un bon bilan qu’il défend bien», assure-t-on dans le camp du président sortant. Ce qui est sûr, bien des candidats tirent le diable par la queue! Les banques ne prennent pas le risque, surtout sous les tropiques où la plupart du temps, avant même l’élection, le gagnant est connu. Les bons samaritains qui veulent s’épargner la foudre du vainqueur de la joute électorale se font alors très discrets ou évitent carrément de faire preuve d’une quelconque générosité à l’endroit du «petit» candidat opposant qui a peu ou prou de chance de décrocher le graal.
Ainsi va la campagne pour l’élection présidentielle au Togo. Et en attendant que la subvention de l’Etat pointe le bout du nez, c’est tant pis pour ceux qui ont compté dessus pour aller à la pêche aux électeurs. Pourvu qu’au finish, l’élection qui s’annonce ouverte et inclusive fasse triompher la démocratie dans un Togo qui s’est offert des réformes constitutionnelles qui ont favorisé l’avènement d’un second tour et la limitation du mandat présidentiel à deux.
Par Wakat Séra