Malmené dans la rue par ses opposants déterminés à lui barrer la route pour un autre quinquennat, un troisième mandat que lui interdit la Constitution et que lui-même s’était interdit, Alassane Ouattara s’est offert une véritable bouffée d’air ce samedi 22 août, au stade Félix Houphouet Boigny où des milliers de ses fans ont assisté à son investiture comme candidat du Rassemblement des Houphouétistes pour la paix et le développement (RHDP), pour la présidentielle prévue pour le 31 octobre 2020. La bonbonnière du «Félicia» a fait le plein de ses 45 000 places, sans compter les nombreux militants qui sont restés aux alentours de l’antre des Eléphants, l’équipe nationale de football, pour suivre l’événement sur les écrans, dont plusieurs ont été installés au cœur de la capitale ivoirienne.
Si le président ivoirien voulait faire une démonstration de force face à ses opposants qui multiplient les marches à travers le pays, il a réussi son coup, ce samedi où «les ADOrateurs» ont afflué de toute la Côte d’Ivoire pour assister à l’adoubement de leur champion par son parti. Enivré par ce public acquis à sa cause, le «Brave Tchê» a dévoilé son intention de remporter la présidentielle du 31 octobre 2020 dès le 1er tour.
«Nous savons que nous allons gagner les élections. Je suis confiant que le 31 octobre, nous ferons un coup K.O. Ils le savent», a-t-il affirmé sous les vivats de la foule. Le locataire du palais du Plateau tient sa certitude de son bilan «inattaquable» au cours de ses deux mandats. Il a saisi la perche pour répondre à ses adversaires qui lui dénient le droit de rempiler pour un autre mandat, après dix ans passés à la tête du pays. «J’irai déposer mon dossier de candidature la semaine prochaine. Par la grâce de Dieu, je suis confiant que nous gagnerons. Il n’y a pas de rétroactivité étant dans la troisième République et rien ne m’empêche d’être candidat», reste convaincu un ADO, galvanisé par la foule.
«Quiconque que moi connait la Constitution de la 3ème République? La Constitution de la 3ème République a été conçue et proposée par votre serviteur. Des gens font une interprétation erronée de cette Constitution», a-t-il soutenu. Le patron et candidat du RHDP n’a pas manqué de lancer des piques à ses adversaires qui «ont peur» de l’affronter dans les urnes. «Ce que les autres savent faire, c’est de mettre des troncs d’arbre sur les routes. Laissez les arbres de la Côte d’Ivoire en paix. Nous avons besoin des arbres pour arrêter la déforestation», a-t-il ironisé en faisant allusion aux populations de certaines villes qui bloquent la circulation pour protester contre sa volonté de briguer un autre mandat.
Quelque peu touché par le coup de force qui a conduit le président malien, Ibrahim Boubacar Keita, à démissionner, ADO a mis en garde son opposition contre un tel scénario «irréalisable» dans son pays. «La violence ne passera pas. Il faut que certains comprennent qu’en Côte d’Ivoire, le temps des coups d’Etat est passé. Le temps d’accéder au pouvoir par accident est passé. Ceux qui voudront s’engager dans la violence, auront de nos nouvelles», a insisté le chef de l’Etat qui fait partie des «faucons» de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), déterminés à ramener IBK au palais de Koulouba contre la volonté des Maliens.
Alassane Ouattara, très en verve à l’occasion, a, alors, annoncé le dépôt de sa candidature pour la semaine prochaine après avoir, a-t-il affirmé, obtenu plus d’un million de parrainages.
Par Mahamadou Doumbia, Correspondant Wakat Séra en Côte d’Ivoire