Accueil A la une Présidentielle en Côte d’Ivoire: les premiers échauffements avant le match de 2020

Présidentielle en Côte d’Ivoire: les premiers échauffements avant le match de 2020

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Un remariage PDCi-FPI pourrait donner bien des nuits blanches au RHDP (Ph. rfi.fr)

«Réconciliation nationale». C’est le thème qui a servi de pilier au meeting conjoint qui avait rassemblé environ 7 000 personnes au parc des sports de Treichville. Un événement qualifié d’historique, car scellant les retrouvailles entre le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et le Front populaire ivoirien (FPI) et qui a été, sans doute suivi de très près par Alassane Ouattara, depuis Ouagadougou au Burkina Faso où il participait au sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) sur la lutte contre le terrorisme. S’il fallait encore chercher une preuve supplémentaire sur le rapprochement des deux dinosaures de la politique ivoirienne, Henri Konan Bédié (HKB) et Laurent Gbagbo, avec en point de mire l’élection présidentielle de 2020, elle est toute trouvée, avec cette manifestation géante du 14 septembre dernier. Depuis son séjour à Scheveningen, la prison 5 Etoiles de la Cour pénale internationale, le patron du FPI ruminait rêvait sans doute de son retour sur la scène politique d’où l’avait chassé, à l’issue de l’élection présidentielle de 2010, Alassane Ouattara, avec le soutien décisif d’un certain HKB, le chef du PDCI dans une alliance dite Rassemblement de Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Ce couple politique de raison qui a provoqué la chute suivie de l’incarcération de Gbagbo à La Haye de novembre 2011 au 1er février 2019 date de sa libération sous conditions, ne résistera pas pourtant à toutes les tempêtes politiques. C’est ainsi qu’il vola en éclat avec la mue du RHDP en parti politique, contre le gré de HKB qui, au passage accuse le leader du RHDP de trahison. Un pacte aurait été passé entre Ouattara et Bédié et qui devait aboutir à un retour de l’ascenseur, pour ne pas dire du fauteuil présidentiel au PDCI.

Désormais, sauf revirement de dernière minute dont seuls les politiciens ont le secret, le divorce est bien consommé et le PDCI est visiblement prêt à convoler en de nouvelles noces avec le FPI, rival d’hier du Rassemblement des républicains (RDR) aujourd’hui RHDP. Du reste, ce jeu de mariage, divorce, remariage et redivorce, n’a rien de nouveau dans le ciel ivoirien où ce sera un exploit pour un parti politique de conquérir le pouvoir en solo. Le même Henri Konan Bédié s’était en effet rapproché de Laurent Gbagbo dans un TSO (Tout sauf Ouattara) qui s’est généreusement nourri en son temps, du concept nocif de l’ivoirité. Ce n’est donc pas une surprise que les ennemis d’hier redeviennent des amis d’aujourd’hui, tous ayant des griefs contre le nouvel ennemi commun. Ce tandem PDCI-FPI qui pourrait donner bien des nuits blanches au RHDP de Alassane Ouattara qui mise sur le ticket Amadou Gon Coulibaly pour aller à la reconquête du fauteuil présidentiel en 2020, est renforcé par un stratège nommé Guillaume Soro. En effet, tombé en disgrâce auprès de son ancien mentor qu’il a amené au palais présidentiel, d’abord à la tête d’une rébellion et ensuite dans une résistance depuis le l’hôtel du Golf après la présidentielle de 2010, l’ancien président de l’Assemblée nationale peut espérer une survie, et même une nouvelle vie, politique auprès de ses ex persécuteurs. Tout sera mangé à la «sauce réconciliation nationale»! En tout cas, les notions d’amis et d’ennemis ont une connotation bien propre aux politiciens qui toujours poussés au gré du vent de leurs intérêts du moment. Comme le disent si bien les Ivoiriens, «connaisseur connaît, gaou passe». En français facile, cela signifie que les crocodiles de la mare politique ivoirienne maîtrisent bien leur microcosme.

A n’en point douter, l’échéance présidentielle de 2020, annonce des jours bien mouvementés dans une Côte d’Ivoire qui attend toujours ces politiciens de la nouvelle génération qui lui fera ranger aux oubliettes, cette classe politique fossilisée qui s’accroche aux affaires.

Par Wakat Séra