Ainsi, l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, l’ancien Premier ministre en exil, Guillaume Kigbafori Soro, et l’ancien ministre Charles Blé Goudé n’y sont pas! En attendant donc la prise d’assaut des bureaux de vote, en principe le 25 octobre 2025, la présidentielle ivoirienne connaît déjà une effervescence digne de ce rendez-vous quinquennal, autour de la liste provisoire.
En effet, suite à la publication, par la Commission électorale indépendante (CEI) de la liste électorale provisoire, le landerneau politique s’anime, comme dans un échauffement d’avant-match. Les critiques fusent de toutes parts, pointant du doigt, comme à l’accoutumée, la mauvaise qualité du fichier électoral, ce qui est loin d’être nouveau sous les tropiques. Ceux qui attendaient le miracle, espérant que les noms de leurs champions figureraient sur la liste ont déchanté. Ils doivent reporter leurs espoirs sur la publication du document définitif, expurgé des électeurs fictifs, des morts, des personnes pas encore nées, ou n’ayant pas encore l’âge requis pour voter, mais qui sont pris en compte sur la liste. Sans oublier, la perfection n’étant pas de ce monde des humains, la part non négligeable des erreurs dues à l’homme.
Le président fondateur du Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI), Laurent Gbagbo, à moins d’une décision politique miraculeuse, ne sera pas dans les starting-blocks, son inéligibilité courant toujours, après la condamnation, par la justice de son pays, à 20 ans de prison qu’il traîne, suite au jugement de l’affaire dite «casse de la BCEAO». L’ancien ministre en charge de la Jeunesse, celui-là même qui portait, à l’époque, le surnom très craint de «général de la rue», Charles Blé Goudé, soumis au même régime de 20 ans de prison qui plombe son ancien mentor, n’est pas, non plus, sur la liste provisoire, au grand dam du COJEP, le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples, le parti politique qu’il a créé.
Que dire de l’ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, le président de la Génération des peuples solidaires (GPS), qui vient de déclarer sa candidature depuis l’exil, et n’est pas en mesure de prendre part à cette compétition pour la succession du président en mandat? Alassane Ouattara, lui, est bien présent sur la liste électorale, mais, fait encore durer le suspense sur sa candidature. Pourtant, selon ses partisans, le président sortant, est le candidat naturel du parti eu pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
Question: pourquoi, se sachant exclu du jeu, par le carton rouge que lui a adressée la justice ivoirienne, Laurent Gbagbo tient-il à ce que son nom figure sur la feuille de match? Même si tous tiennent à une élection présidentielle inclusive et démocratique, il faut éviter de se présenter en hors-la-loi. A moins de vouloir forcer la main à son successeur depuis 2010, dont la magnanimité, pourquoi pas, de dernière minute, peut changer la donne, l’ancien président n’ignore, sans doute pas, que sa candidature forcée portera, assurément, les gènes d’une crise socio-politique.
Charles Blé Goudé, le leader du COJEP, tout en espérant, également, une amnistie qui lui permettrait de s’aligner sur la ligne de départ de la présidentielle, continue sa plaidoirie dans ce sens, tout en prenant part aux actions de l’opposition, dont la dernière en date est l’érection du CAP Côte d’Ivoire. Cette Coalition pour l’alternance pacifique, regroupant 25 partis politiques, dont le PDCI-RDA de Tidjane Thiam qui en est le coordonnateur, avec pour porte-parole, Simone Ehivet, l’ex épouse de Laurent Gbagbo et présidente du Mouvement générations capables (MGC). L’ancienne Première dame de Côte d’Ivoire, contrairement à son ancien conjoint, est, elle, bien candidate à la présidentielle.
Une autre question: Laurent Gbagbo, sera-t-il en mesure de s’effacer, au profit d’un autre candidat de son parti, qui sera, lui, apte à l’éligibilité? Il peut essayer le coup, car Ousmane Sonko a fait ce pari au Sénégal et l’a gagné, avec le président Bassirou Diomaye Faye, dont il est le Premier ministre.
Une présidentielle apaisée, ou une élection portée par les démons de la violence comme celles précédentes depuis 2010? La Côte d’Ivoire, de nouveau, face à son destin!
Par Wakat Séra