Comme tout ce qui concerne la France est directement vécu avec la même émotion en Afrique, notamment celle francophone, le premier tour de l’élection présidentielle qui vient de livrer son verdict, n’a pas échappé à la loupe des Africains. Les résultats qui font de Marine Le Pen et Emmanuel Macron les deux challengers du second tour semblent n’avoir surpris que les nostalgiques de l’ancienne faune politique française vieillissante. La sclérose manifeste du microcosme politique français fait visiblement place à un printemps de nouveaux bébés politiques, tel Emmanuel Macron, 39 ans, nés avec toutes leurs dents. Ce qui ressemble fort bien à la copie livrée ces derniers temps par la jeunesse africaine en totale rupture de ban avec ces anciens dirigeants qui sont demeurés sous les jupons de l’ancienne colonie, malgré leurs indépendances soixantenaires généreusement octroyées mais toujours bien contrôlées par les anciens maîtres. Le temps des dinosaures est-il révolu et définitivement rejeté dans les abymes de l’histoire ? En tout cas le jeune Macron, les anciens de la droite et de la gauche se neutralisant, est en train de confirmer l’adage selon lequel « aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ».
En tout cas, s’ils ne sont pas boutés hors du pouvoir par des populations excédées par les règnes sans fin, comme en Afrique, c’est par le jeu du vote que des dirigeants trainant des casseroles qui font maintenant trop de bruits sont rejetés en France. Et là ne pensez pas qu’à François Fillon ! De plus, le clivage « droite-gauche », longtemps entretenu par des éléphants, socialistes ou républicains, sont de plus en plus dépassés, la dictature des partis politiques s’étant désormais effondrée au profit des « one man show » courageux de jeunes politiciens comme Emmanuel Macron. Car, sauf cataclysme, le candidat d’En marche ! crédité au premier tour de 23,29% des suffrages des 47 millions d’électeurs, sera le prochain locataire de l’Elysée. Pourtant inconnu au bataillon il y a encore trois ans, l’ancien ministre de l’Economie de François Hollande a su tisser sa toile à une vitesse grand V, mettant surtout en exergue, la soif de changement des Français, même soif inextinguible partagée par les Africains. Seule la méthode diffère. Car si on passe par les urnes pour sanctionner d’anciens dirigeants sur les bords de la Seine, sur le continent noir, c’était par les armes, et désormais par la rue que l’alternance s’opère, certes avec des conséquences pas forcément heureuses. Mais le résultat est le même, le nettoyage est fait.
Une fois de plus, un sursaut républicain poussera sans doute, les Français à bloquer la voie à l’épouvantail des Noirs, Marine Le Pen arrivée en deuxième position avec 21,7% des voix. Une nette progression qui fait la preuve que l’extrême droite se rapproche inexorablement du palais de l’Elysée. Du reste, pendant combien de temps encore les fameux « sursauts républicains » pourront-ils servir de barrage aux ambitions du Front national dont le combat, notamment contre l’immigration est celui que mène en réalité sous d’autres formes, la plupart des dirigeants français ?
Une fois de plus, contrairement à l’Europe qui fait l’objet de mille et une attentions, certains la vouant aux gémonies et d’autres ne jurant que par elle, l’Afrique s’illustre par sa grande absence dans les programmes politiques des différents candidats. On n’y pense surtout lorsqu’il s’agit de renvoyer les Africains chez eux ou de lutter contre le terrorisme sur le continent, afin d’assurer la protection et la prospérité des intérêts français. Aux Africains de prendre leur destin en mains, car Macron ou Le Pen, c’est la politique française qu’ils appliqueront dans le seul intérêt des Français qui les ont élus. En attendant, le 7 mai prochain pour la bataille finale pour laquelle il a déjà reçu des renforts dont ceux de du socialiste Benoît Hamon et du républicain François Fillon, le bébé hollandais boit son petit lait.
Par Wakat Séra