Les lampions de la présidentielle française se sont éteints. Il y a eu un gagnant et un perdant, comme le veulent les règles de toute compétition. Le président sortant Emmanuel Macron l’a emporté haut la main face à son challenger, Marine Le Pen. Les Français ont commencé à en tirer des leçons. Pour sa part, le continent africain fait le constat de son oubli total dans tous les programmes de campagne.
Quand il y a élections en Amérique yankee ou en Europe occidentale, où se pratique la démocratie dite libérale, les Africains se mobilisent pour écouter, supputer et… même espérer. Ils s’imaginent que l’arrivée de la «gauche» au pouvoir, ici ou là, pourrait avoir une incidence positive sur la situation du continent. Ils ont une conception manichéenne sur la politique telle qu’elle est exercée en Occident, vis-à-vis de l’Afrique. Pour eux, la «gauche», représentée par les progressistes, est constituée de chics types, tandis que la «droite», portée par les conservateurs, est un cercle des vicieux. C’est ainsi que lors de l’élection de François Mitterrand, en 1981, l’Afrique esquissa un léger sourire d’espoir. «Enfin, voilà un socialiste à l’Elysée!», se dirent les gens.
Ce schéma n’a pas beaucoup évolué. Le duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen a été suivi avec la même attention en Afrique, alors même que les deux personnalités politiques ne font pas partie de la «gauche». L’un appartient au centre et l’autre étant de l’extrême droite. Mais la réalité est que ce qui concerne la France, à ce niveau de sa vie politique, ne peut laisser l’Afrique indifférente. De par les liens tissés entre elles par l’Histoire. Mais, il y avait également le fait lié aux peurs inspirées par l’idée de voir Marine Le Pen accéder au pourvoir, et, par ricochet, d’assister à la liquidation des promesses du président sortant pour le continent.
La France-mère, narcissiste
Cela étant, l’Afrique était donc légitimement à l’affût de quelque mention, en sa faveur, dans les programmes de campagne. Bernique! La France-mère, narcissiste, s’est exclusivement occupée de ses «affaires». L’Afrique a été souverainement passée à la trappe… même par le président réélu. Un paradoxe qui interroge sur son volontarisme assumé de venir à la rescousse du continent noir. En effet, au cours du débat mercredi entre les deux duellistes, le mot Afrique n’a été prononcé que du bout des lèvres. Par Emmanuel Macron, pour faire valoir sa vision sur le pré carré français. Et Marine Le Pen, en termes de l’immigration. Pour elle, vocable connoté négatif dont la vocation est de saigner à blanc la France.
Or, cette France-mère n’est pas à comparer avec les Etats-Unis. La présidentielle là-bas peut faire l’impasse de l’Afrique, sans que cela n’affecte les sensibilités. Les deux sphères n’ayant des liens que d’ordre des relations internationales. Ceux-ci sont d’une autre nature entre Paris et Bamako (Mali), par exemple. La France l’a toujours oublié. L’initiative prometteuse de Mitterrand, en 1983 (discours de la Baule), a connu le sort de météorite. Le président Macron semble reprendre la main dans ce sens de la bonne manière. Le continent attend de voir!
Pendant ce temps, l’image de la France en Afrique ne cesse inexorablement de s’écorner. Et l’occasion faisant le larron, la Chine, la Russie, l’Inde et d’autres pays émergents se bousculent au portillon pour occuper le vide. «La nature a horreur du vide», pensait Victor Hugo.
Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France