Accueil Editorial Présidentielle ivoirienne: Alassane Ouattara forever?

Présidentielle ivoirienne: Alassane Ouattara forever?

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Le président ivoirien, Alassane Ouattara (Ph. aa.com)

Les échauffements ont commencé pour le match épique du 31 octobre 2020. Les différents états-majors sortent leurs champions et les présentent au public, en attendant d’introduire leurs dossiers au niveau de la Commission électorale, au plus tard le 31 août prochain. C’est certain, l’ancien président ivoirien, Henri Konan Bédié, malgré ses 86 piges, sera le poulain du Parti démocratique de Côte d’Ivoire. Il retrouvera sans doute en face de lui, son ancien conseiller, le sulfureux Kouadio Konan Bertin, qui compte se présenter en candidat indépendant, sa candidature ayant été rejetée par le comité électoral du PDCI.  Le désormais ancien ministre des Affaires étrangères de Alassane Ouattara, Marcel Amon-Tanoh, lui est sorti des bois ce mercredi 22 juillet en annonçant ses intentions pour la présidentielle prochaine, après sa démission qui a suivi le choix de Feu le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly qui lui a été préféré par Alassane Ouattara et le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Tous avaient été devancés sur le terrain des annonces, par l’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Kigbafori Soro, du coup, tombé en disgrâce auprès de Alassane Ouattara qu’il a pourtant contribué à faire roi. En attendant que la fumée blanche sorte du côté du Front populaire ivoirien (FPI) de l’ancien président Laurent Gbagbo, pour rendre public celui qui défendra les couleurs des GORs (Gbagbo ou rien), la liste continuera sans doute de s’allonger dans les prochains jours. Peut-être avec le nom de Affi N(Guessa, président de l’autre aile du FPI.

Mais, en l’absence de Guillaume Soro et de Laurent Gbagbo éloignés des bords de la lagune Ebrié grâce au subtil concours des justices ivoirienne et internationale, la CPI pour ne pas la citer, les deux gladiateurs phares de l’arène seront probablement Henri Konan Bédié et un certain…Alassane Ouattara, dont le retour dans le jeu commence à ne plus être un mystère depuis la mort de son dauphin désigné, Amadou Gon Coulibaly. En effet, AGC qui était le candidat du RHDP, ayant été emporté par une crise cardiaque, le 8 juillet 2020, alors qu’aucun plan B n’était prévu par le parti au pouvoir, Alassane Ouattara redevient le candidat naturel du RHDP. Ce sera l’une des rares fois, pour ne pas dire la première fois en Afrique que le «père» devient héritier du «fils»! En effet, le scénario se précise de plus en plus, les caciques du RHDP et dernièrement les élus du parti au pouvoir, ne trouvant aucun autre candidat digne de les amener à garder ce fauteuil que le président ivoirien avait décidé, le 5 mars dernier, de céder à la jeune génération. Le destin ayant décidé autrement, les paroles devenues, par la force des choses, prémonitoires du même Alassane Ouattara qui avait affirmé qu’il irait à l’élection présidentielle si Henri Konan Bédié y allait, résonnent encore dans les esprits! Sauf tsunami, le reniement est dans l’air et la bataille bien en vue, entre les puristes de la loi fondamentale qui s’affronteront sur le terrain du fameux et risqué «troisième mandat» de Alassane Ouattara. L’heure des grands calculs politiques a donc sonné dans une Côte d’Ivoire qui s’attend à vivre, une élection qui ne manque pas de susciter des inquiétudes, les stigmates de la crise postélectorale sanglante de 2010-2011 étant encore bien ouverts. En attendant la nuit des longs couteaux, les ivoiriens se préparent pour le 40è jour du deuil de Amadou Gon Coulibaly.

Les jeunes générations, quant à elles, doivent ronger le mors encore un bout de temps, la Côte d’Ivoire étant prise en otage par une vieille classe de politiciens qui refusent de quitter les affaires. Jusqu’à quand les élections présidentielles rimeront-elles avec Bédié-Ouattara? En tout cas, la réponse de Alassane Ouattara à l’appel des tiens, militants sincères et courtisans et zélateurs est très attendue dans les prochains jours, même s’il n’y a plus de suspense. Mais sait-on jamais…

Par Wakat Séra