Les choses sérieuses peuvent commencer! C’est ce lundi 31 août que les derniers dossiers de candidature pour la présidentielle du 31 octobre 2020 en Côte d’Ivoire ont été déposés sur la table de la Commission électorale indépendante (CEI). En attendant que celle-ci les épluche et qu’à l’issue d’un filtre répondant aux normes de la loi électorale, le Conseil constitutionnel sorte la liste des candidats aptes et ajourne d’autres pour les prochaines élections, nul n’a besoin de lire dans une boule de cristal pour savoir, sauf tsunami, que seront des recalés, l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo et l’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Ainsi en a décidé Alassane Ouattara, pour s’assurer la victoire, en oubliant qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire!
La CEI avait déjà donné le ton en radiant GBagbo et Soro de la liste électorale, compte tenu de leurs condamnations par la justice ivoirienne, à 20 ans chacun. Le premier a été accusé, de braquage de l’agence nationale de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO), lors de la crise post-électorale de 2010-2011, alors qu’il est reproché au second, plusieurs griefs, notamment celui de «détournements de fonds et blanchiment».
De plus, les deux hommes, se retrouvent loin de leur pays. Laurent Gbagbo, lui, marche en vain, derrière un passeport de son pays, qui visiblement ne lui sera pas délivré. Au mieux, il l’obtiendra, lorsqu’il ne sera plus un danger pour la réélection du prince du moment, qui s’est lancé, dans la course à sa propre succession, en full option du périlleux troisième mandat, banni par les constitutions de tous les pays qui se veulent Etats de droit. Quant à Guillaume Soro qui étouffe dans son exil européen, depuis qu’il a dû quitter le pays de ses ancêtres, tombé en disgrâces auprès de celui qu’il a contribué à faire roi, connaîtra sans doute le même sort que Laurent Gbagbo, Alassane Dramane Ouattara, ne voulant prendre le moindre risque de voir ses plans de garder le pouvoir, contrariés.
Certes, tous les autres candidats sont de taille, et peuvent bien tenir la dragée haute face au Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) et son candidat XXL, ADO. Dans un jeu de coalition, dont on sait cependant les candidats incapables en Afrique, chacun portant fièrement son ego surdimensionné, les opposants peuvent même faire mordre la poussière à l’ancien opposant devenu adepte du pouvoir à vie. Dans cette logique, notamment en ce qui concerne le cas Laurent Gbagbo, pourquoi ses partisans le maintiennent-ils dans une compétition à laquelle il ne pourra prendre part, aucun starting-block ne lui étant réservé, encore moins un maillot floqué en son nom?
ADO a tout verrouillé! A moins d’être certains que cette stratégie sera payante pour eux, d’une manière ou d’une autre, les «GORs», soit «Gbagbo ou rien», pourraient bien taire leurs divergences pour une cause commune et apporter leur soutien au candidat de l’autre aile du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan. De plus, toute considération sexiste mise de côté, qui, mieux que Simone, l’épouse de Laurent Gbagbo, peut porter le flambeau du FPI, ce parti qui continue de faire peur au pouvoir, malgré la si longue absence de son leader, dont le charisme et la popularité n’ont pris la moindre ride?
En tout cas, si elle a lieu, l’élection présidentielle du 31 octobre, même si tout le monde la veut apaisée, présente bien des signes qui risquent de remettre en émoi, les vieux démons de la violence. Ne sont-ils même pas déjà réveillés, avec les échauffourées meurtrières de Daoukro, Gagnoa, Bonoua, et Divo, pour ne citer que ces villes? Il est encore temps que les populations refusent de donner leurs poitrines, ou de détruire leurs pays, pour des politiciens prêts à marcher sur des cadavres pour assouvir leurs intérêts égoïstes et très personnels. Il est surtout temps pour Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, qui se réclament tous héritiers de Félix Houphouët Boigny, l’homme de la paix, et Laurent Gbagbo, de quitter les affaires avant que les affaires ne les quittent. Ils auront ainsi libéré la Côte d’Ivoire et rendu un fier service aux Ivoiriens.
Par Wakat Séra