Comme il fallait s’y attendre, la candidature de Guillaume Kigbafori Soro (GKS), membre du parti présidentiel, le Rassemblement des républicains (RDR), a été lancée par le Rassemblement pour la Côte d’Ivoire (RACI) dont il est le président d’honneur.
Le conclave du Rassemblement pour la Côte d’Ivoire (RACI), qui s’est tenu ce dimanche 18 novembre 2018 à l’hôtel Ivoire de Cocody, dans la capitale ivoirienne, a accouché de la demande de candidature de Guillaume Kigbafori Soro (GKS) à la présidentielle de 2020. Cet appel, lancé par le président du RACI, Soro Kanigui, n’est pas en fait une surprise tant tout le monde s’attendait à cet appel à candidature de l’«enfant prodige». «Je voudrais lancer un appel solennel au président Soro Guillaume, le devoir vous appelle M. le président d’honneur du RACI pour libérer l’opinion nationale et internationale en vous portant candidat à l’élection présidentielle de 2020», a déclaré Soro Kanigui. Le RACI qui ne compte pas s’arrêter en si bon chemin appelle alors à la création d’un groupe parlementaire au sein de l’Assemblée nationale ivoirienne dont son champion est le président, avec la signature d’alliance avec d’autres partis politiques. Un appel du pied a été ainsi au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de Henri Konan Bédié qui avait son représentant dans la salle comble du Palais des congrès. Brahima Kamagaté, secrétaire exécutif du PDCI en charge de la jeunesse, a admis que la participation de son parti à ce rassemblement s’inscrit dans la «la mise en place d’une plateforme de collaboration avec les forces vives de la nation et les partis politiques qui partagent sa vision d’une Côte d’Ivoire réconciliée». Selon Soro Kanigui, le RACI va se muer en parti politique au cours d’un congrès prévu en avril 2019, soit un an avant la présidentielle d’octobre 2020. Après cette démonstration de force, que va décider Guillaume Kigbafori Soro, absent à cette grand’messe du RACI? Tous les schémas sont possibles.
Dans un premier, «Bogota» comme on l’appelait du temps de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), pourrait démissionner du perchoir pour se lancer dans l’arène. Comme Emmanuel Macron l’a fait en France en lâchant son mentor, François Hollande. Patron du parlement qui visiblement ne file plus le parfait amour avec Alassane Ouattara et certains cadors du RDR, sans aucun doute, emportera avec la frange des déçus du Rassemblement des Républicains (RDR) qui estiment n’avoir rien obtenu sous les «soleils» du président Alassane Ouattara. Une telle option va certainement fragiliser le poulain que le chef de l’Etat ivoirien va choisir pour lui succéder en 2020. Surtout si GKS arrive à sceller une alliance solide avec le PDCI qui rêve de prendre sa revanche sur Alassane Ouattara considéré comme «un traitre» pour n’avoir pas renvoyé l’ascenseur au Sphinx de Daoukro qui lui a fait la passe à la présidentielle de 2015 en ne présentant pas un candidat au grand dam de nombreux cadres de son parti, le PDCI. L’autre parti qui devrait peser de tout son poids dans la balance politique sera bien le Front populaire ivoirien de Laurent Gbagbo qui, pour honorer la mémoire de son cofondateur Aboudramane Sangaré, a suspendu toutes ses activités, justement sur décision de son alter ego toujours incarcéré à La Haye. Ce sear difficile d’occulter le rôle non moins important qui sera celui du FPI, aile Affi NGuessan qui, s’il ne se réconcilie pas avec le parti mère, devra bien prendre parti pour celui qui lui fera l’offre la plus séduisante.
Dans le second scénario possible, GKS veut peser dans le choix du candidat du Rassemblement des Houphouetistes pour la paix et le développement (RHDP), coalition créée par le président Alassane Ouattara sans lePDCI. Dans la nomenclature de cette coalition, il n’apparait nulle part dans le schéma de son président, Alassane Ouattara. Avec son parti et la forte mobilisation, Alassane Ouattara devra compter avec un Guillaume Soro qui se voyait comme son dauphin naturel. Le président Ouattara va-t-il lâcher son chouchou, Amadou Gon Coulibaly, le Premier ministre, pour Guillaume Soro? Violente question comme le chante N’Guess Bon Sens, le chansonnier baoulé. Ce qui est sur, le temps qui nous sépare de 2020 sera très riche en rebondissements. Et l’heure des grandes manœuvres sonnera bientôt sur les bords de la lagune Ebrié.
Mahamadou Doumbia (Correspondant Wakat Séra en Côte d’Ivoire)