Le miracle n’a pas eu lieu pour Ousmane Sonko. Sa condamnation a été confirmée par la Cour suprême du Sénégal dans cette nuit de jeudi à vendredi. Une mauvaise nouvelle pour l’homme et ses partisans, car elle rejette hors des listes électorales, l’opposant qui y avait été intégrée, sorti, réintégré tout dernièrement, par une décision judiciaire. Du coup, le leader des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), parti dissous par le gouvernement qui perd ses droits civiques devra dire adieu à la présidentielle du 25 février 2024 pour laquelle il s’était aligné et se voyait déjà vainqueur. Surtout que le président sortant, Macky Sall n’y prend pas part, la Constitution qu’il a décidé de respecter ne lui accordant que deux mandats.
Mais Ousmane Sonko a proposé et la justice a disposé. Malgré sa condamnation par contumace à deux ans de prison pour «corruption de la jeunesse» dans l’affaire Adji Sarr du nom d’une ex-employée de salon de massage de Dakar, le maire de Ziguinchor, en Casamance, a pu garder intactes ses chances de continuer sa course vers le fauteuil présidentiel. Son séjour actuel en prison, depuis fin juillet pour d’autres griefs d’inculpation, notamment l’appel à l’insurrection, l’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et l’atteinte à la sûreté de l’État, n’a pas, non plus, empêché Ousmane Sonko de demeurer un candidat sérieux pour la prochaine élection présidentielle pour laquelle.
Il a même réussi à déposer son dossier qui se trouve actuellement sur la table du Conseil constitutionnel et attendait validation. Mais le coup fatal a été porté à Ousmane Sonko par cette confirmation de la Cour suprême de sa condamnation dans l’affaire de diffamation qui l’oppose au ministre sénégalais du Tourisme, Mame Mbaye Niang. Six mois avec sursis! Un verdict qui est loin d’être le plus lourd dans l’histoire judiciaire du Sénégal, mais qui suffit à mettre entre parenthèses, les ambitions d’Ousmane Sonko pour la présidentielle du mois prochain.
Le ciel est tombé sur la tête d’Ousmane Sonko mais pas sur celle de la coalition qui porte sa candidature. Le plan B de ce regroupement de partis de l’opposition, en la personne du secrétaire général du Pastef, Bassirou Diomaye Faye, et le cas échéant le plan C du nom du candidat surprise, Habib Sy, seront sans doute immédiatement activés, avec des consignes de vote fermes d’Ousmane Sonko. Probablement, les avocats de l’opposant qui n’ont de cesse de dénoncer une cabale politique montée contre leur client et les militants du Pastef dissous n’ont certainement pas dit leur dernier mot dans ce feuilleton politico-judiciaire de l’été.
Mais les chances de participation de M. Sonko à ce scrutin se sont, au fur et à mesure, étiolées et, depuis cette nuit, elles se sont évanouies. Quelle que soit la procédure judiciaire qui sera initiée, elle n’aura pas le temps d’aboutir avant la validation des dossiers de candidature par le Conseil constitutionnel, voire avant la tenue de l’élection même. Le temps qui est devenu le plus grand adversaire d’Ousmane Sonko et des siens, est devenu, paradoxalement, une arme redoutable au service des adversaires du candidat déchu de ses droits civiques.
Ousmane Sonko n’est peut-être pas fini politiquement, mais sauf rebondissement de dernière minute dont cette affaire semble avoir le secret, il risque bien d’être spectateur, peut-être de première loge, de cette élection qui aura des chances d’ouverture, vu que le président en mandat n’y prendra pas part. Il ne reste plus à Ousmane Sonko, 49 ans, qu’à faire ses prières pour que le gagnant de la présidentielle de février soit de son bord et lui organise un retour en fanfare sur la scène politique.
Par Wakat Séra