Accueil A la une Présidentielle sénégalaise: Diomaye Faye, va-t-il, enfin, respirer l’air de la «petite» campagne?

Présidentielle sénégalaise: Diomaye Faye, va-t-il, enfin, respirer l’air de la «petite» campagne?

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Bassirou Diomaye Faye (à gauche) et son mentor Ousmane Sonko (Ph. d'archives)

La campagne pour l’élection présidentielle du 24 mars prochain bat son plein! Juste une manière de parler, car cette période dont l’effervescence habituelle fait bouger tout le pays, jour et nuit, se déroule certes depuis ce samedi, mais est loin de battre son plein. A qui la faute? Peut-être à la période du jeûne de ramadan qui ne favorisera pas les grands rassemblements aux airs de fête nationale ou de soirs de victoire des Lions de la Teranga. Mais le plus gros coupable n’est autre que Macky Sall qui, pour s’accorder une longévité d’une dizaine de mois au pouvoir, avait décrété le report de la course à son fauteuil. Initialement fixé au 25 février, le scrutin avait été déplacé au 15 décembre, puis au 2 juin, avant d’être ramené à des proportions plus raisonnables afin que la loi fondamentale ne soit pas violée. Certes, il a fallu que le Conseil constitutionnel se dresse contre le projet funeste du président sortant, dont le bail au palais présidentiel est arrivé à expiration. Désormais, à moins d’un autre tour, car il en a plusieurs dans son sac, Macky Sall devra remettre les clés de la maison commune à son successeur au plus tard le 2 avril.

Entre plusieurs stratagèmes pour continuer à gagner du temps, et, officiellement, tenter d’éteindre le feu socio-politique qu’il a allumé, Macky Sall a instauré un dialogue national controversé et a fait voter une loi d’amnistie qui a déjà profité à de nombreux prisonniers politiques et manifestants de rue. Sauf que les prisonniers emblématiques, notamment les leaders du Pastef, dissous par le gouvernement, eux, sont toujours derrière les barreaux. Comme quoi, amnistie ou pas, on ne sort pas d’une prison comme d’un moulin, car il faut une décision du juge. Pour l’instant donc, le chef du Pastef, Ousmane Sonko, privé d’élection car absent de la liste électorale, et son lieutenant, Bassirou Diomaye Faye, à qui il a dû passer le témoin pour la compétition au sommet, ne respirent pas encore l’air de la liberté, encore moins celui de la campagne électorale! Du coup, pour faire vivre le cheval du Pastef durant cette campagne, peut-être pas au rabais, mais bien écourtée, deux autres candidats portent le même projet que lui, durant les meetings et les tranches d’antennes à la télévision publique sénégalaise.

Cette drôle de campagne, menée par les opposants Habib Sy et Cheikh Tidiane Dieye au nom de Bassirou Diomaye Faye, avec pour figure tutélaire Ousmane Sonko, n’est pourtant pas, sans risque de déboussoler des militants qui ne sauront plus, le jour J, devant l’urne, ou donner de la tête. Entre trois candidats pour le même projet, ce n’est pas le choix le plus simple à faire! A moins qu’en réalité, la consigne soit d’office donnée, depuis la campagne, de voter pour Bassirou Diomaye Faye, dont les militants attendent toujours la sortie de prison, plusieurs fois annoncée dans «les prochaines heures». Et si la stratégie cachée de Bassirou Diomaye Faye est de passer directement de la prison à la présidence? Ce qui constituerait, certainement, une prouesse pour le Livre Guinness des records! En attendant, la campagne à la Macky Sall, tire lentement, mais sûrement vers sa fin, sans Bassirou Diomaye Faye, ni Ousmane Sonko, mais pour le bonheur des autres candidats qui espèrent ainsi avoir moins d’obstacles à franchir pour convaincre les électeurs qui ont rendez-vous dans les bureaux de vote, le 24 mars!

Comme le dit l’adage, «le malheur des uns fait le bonheur des autres».

Par Wakat Séra