Elle est enfin là, après le rendez-vous manqué du 25 février! Ce dimanche 24 mars, les électeurs sénégalais pourront, sauf un autre rebondissement de dernière minute, se rendre dans les bureaux de vote pour désigner le successeur de Macky Sall.
N’eurent-été les stratagèmes imaginés, mais déjoués, du président sénégalais pour s’offrir un bonus après avoir donné sa parole de ne pas aller au-delà du bail que lui accorde la Constitution, on devait s’attendre à des élections ouvertes et transparentes. Mais chat échaudé craignant toujours l’eau froide, ce petit doute persiste dans la tête des Sénégalais qui pensent encore que Macky Sall pourrait avoir dans son bonnet magique, une autre ruse, pour tenter de contrôler le scrutin à défaut de l’avoir reporté à décembre. Et tant que le dernier bulletin déposé par le dernier votant n’aura pas été comptabilisé lors du dépouillement, les craintes vont demeurer. Pourvu qu’à la fin, comme il l’a soutenu après y avoir été contraint, Macky Sall félicite le nouveau locataire du palais présidentiel et lui remette les clés de la maison, au plus tard le 2 avril, délai de rigueur constitutionnelle!
La campagne qui a véritablement commencé à la fin, présage, en tout cas, d’une élection qui ne pourra se gagner que grâce à des ralliements. C’est ainsi que le candidat Habib Sy, et avant lui Cheich Tidiane Dieye, ont déposé les armes, avant même le début de la bataille. Ils préfèrent se ranger aux côtés du candidat du Pastef dissous, Bassirou Diomaye Faye. Mais le Conseil constitutionnel qui s’est opposé à l’extension de la liste des candidats sur requête de Karim Wade et Cie, a également, et tout logiquement brandi son droit de véto, en ce qui concerne les désistements de messieurs Dièye et Sy. Leurs noms restent donc dans la liste et les bulletins imprimés à leurs effigies seront bien mis à la disposition des électeurs. A ce titre, c’est l’opposition qui risque une bonne perte de voix, car bien des électeurs iront certainement glisser, dans les urnes, les bulletins des deux chevaux non partants. Pourvu que, alors qu’ils espéraient bien faire, les deux hommes qui se sont mis hors-course avant le jour de vote, ne desservent finalement leur camp.
Les ralliements se sont également opérés pour le compte d’Amadou Ba, le pion de l’Alliance pour la république (APR, pouvoir) et de la coalition Benno Bokk Yakaar. Sauf que pour le moment ces positions des cadres du Parti démocratique sénégalais (PDS), dont la candidature portée par Karim Wade a été retoquée pour bi-nationalité sénégalo-française du fils d’ancien président, posent problème. Le leader du parti est loin d’avoir digéré sa mise à l’écart dont il accuse Amadou Ba d’être à l’origine. La politique ayant ses règles qui échappent souvent à la logique, car obéissant au jeu des intérêts de l’heure, le PDS, et tout le PDS, de Karim Wade au dernier des militants, ralliera-t-il Amadou Ba, maintenant ou lors du second tour auquel échappera difficilement cette élection? Ou alors, Karim Wade, attrapera-t-il la main tendue de Bassirou Diomaye Faye, dont l’ombre tutélaire n’est autre que Ousmane Sonko?
Jusqu’à la fin de cette compétition qui s’annonce palpitante, et prend les airs d’un duel à distance entre Macky Sall et Ousmane Sonko, tout est encore imaginable dans ce Sénégal de tous les politiquement possibles!
Faites vos paris, les jeux sont ouverts!
Par Wakat Séra