Accueil A la une Présidentielle sénégalaise: Karim Wade encore incertain?

Présidentielle sénégalaise: Karim Wade encore incertain?

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Le candidat du PDS à la présidentielle sénégalaise Karim Wade

Aussitôt sortis de la Coupe d’Afrique des nations 2023, les Sénégalais entreront dans une nouvelle compétition le 25 février. Cette fois-ci, les acteurs ne se retrouveront pas sur les magnifiques pelouses vertes des beaux stades de la Côte d’Ivoire, mais dans les bureaux de vote. Ils ne seront pas non plus munis de tickets d’entrée, mais de bulletins à l’effigie du président de la république qu’ils voudront pour le Sénégal pour les cinq prochaines années.

Mais pour le moment, le mercure socio-politique postélectoral est en passe de monter. Non pas à cause du changement climatique dénoncé au gré des COP qui se suivent et se ressemblent par leurs décisions non mises en application, mais parce que le débat sur les parrainages et la liste électorale préoccupe les politiciens, notamment les partis de l’opposition qui en appellent à la sagacité des Sages du Conseil constitutionnel afin que le processus soit davantage transparent. La question pourra-t-elle trouver réponse adéquate à moins de 40 jours du scrutin? En tout cas, sur ces préoccupations et toutes les autres, dont le recours contre la présumée double nationalité franco-sénégalaise du candidat Karim Wade, le Conseil constitutionnel n’aura plus que deux petits jours pour statuer.

Pourtant, Karim Wade et le Parti démocratique sénégalais (PDS), affirment que le fils de l’ancien président a renoncé à la nationalité française à laquelle il a eu droit par sa mère française. Ce qui a permis la validation de sa candidature par le Conseil constitutionnel. Sauf que la présence retrouvée du candidat sur le fichier électoral de la commune de Versailles en France, a remis le débat au goût du jour. Opportunité saisie par Thierno Alassane Sall, un autre candidat à la présidentielle, pour demander que soit réexaminé le dossier de Karim Wade. Quelle sera la décision du Conseil constitutionnel, vu que le champion du PDS dit avoir fait la preuve de la renonciation à son statut de citoyen français par le biais d’une attestation? Si la vérité est du camp de Karim Wade, à moins d’un oubli ou d’un quelconque dysfonctionnement, pourquoi son nom se retrouve-t-il encore sur un fichier électoral en France, droit qui n’est réservé qu’aux Français? Ce fichier de Versailles, brandi par l’adversaire de Karim Wade, attend-il simplement une réactualisation? Qui en veut à l’ancien ministre «de la terre et du ciel» dans le gouvernement de son père Me Abdoulaye Wade, alors président de la république?

Après avoir été condamné, tout comme Khalifa Ababacar Sall, l’ancien maire de Dakar, dans des affaires financières distinctes, Karim Wade, tout comme l’ancien édile de la capitale sénégalaise ont bénéficié d’une grâce présidentielle, puis d’une réhabilitation, suite à la réforme du code électorale adoptée par l’Assemblée nationale, le 5 août 2023. Toute chose qui a remis les deux hommes dans la course à la présidentielle, élection à laquelle ne peut prendre part le président sortant, Macky Sall qui a épuisé ses deux mandats constitutionnels. Karim Wade, 54 ans, va-t-il encore buter sur un autre écueil qui l’éloignerait une fois de plus du fauteuil présidentiel qu’il lorgnait depuis que son père l’occupait? Ce serait certainement un coup dur pour le fils Wade d’être écarté par cette disposition implacable. En effet, la Loi fondamentale sénégalaise stipule en son article 28 que «tout candidat à la présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise».

Malheureusement, au Sénégal comme ailleurs sur le continent, ce paradoxe légal empêche bien des citoyens ayant vécu toute leur vie dans un pays auquel ils sont rattachés par un cordon ombilical de fait. Ils ont tout donné à ce pays qui, en retour leur a également tout donné. Parfois, toute leur famille, sur plusieurs générations ne connaît que ce pays dont ces «enfants» sont exclus de la fonction suprême par un «et» qui pouvait être logiquement remplacé par un «ou». N’est-il pas temps pour les législateurs et les peuples africains de changer cette disposition inique qui survit aux âges et aux charcutages sur mesure opérés par les politiciens? Pour ne citer que trois exemples, Nicolas Sarkozy, ancien président français est d’origine hongroise. Barack Obama, ancien président des Etats-Unis, a des origines kényanes. Rishi Sunak, le Premier ministre britannique est fils d’immigrés d’origine indienne. Qui plus est, son père Yashvir Sunak, médecin généraliste du NHS est né au Kenya, alors colonie britannique, et sa mère Usha Sunak, pharmacienne de Southampton est née au Tanganyika, alors territoire sous mandat britannique.

Pourquoi donc l’exception africaine alors que la plupart, sinon presque toutes les constitutions sous les tropiques sont calquées sur des modèles occidentaux, colonisation oblige?

Il est temps de revoir ses dispositions constitutionnelles qui ne portent que des germes d’ostracisme et de violences électorales de toutes sortes.

Par Wakat Séra