Alors que le deadline du dépôt des dossiers des candidats à la présidentielle sénégalaise est fixé pour ce mardi 26 décembre à minuit, tous les regards demeurent braqués sur l’entrée officielle du siège du Conseil constitutionnel. Voici l’interrogation brûlante sur toutes les lèvres et qui taraudent tous les esprits: quid du dossier d’Ousmane Sonko? La question est revenue à l’ordre du jour, depuis que le tribunal d’instance hors classe de Dakar a annulé, ce 14 décembre, la radiation de l’opposant des listes électorales, confirmant ainsi la décision du tribunal d‘instance de Ziguinchor, capitale de la Casamance dont Ousmane Sonko est le maire. Les conseils de l’Etat ont fait un recours en cassation. Mais ceux du leader des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), parti dissout par le gouvernement, crient haut et fort que cette action de leurs confrères d’en face n’est pas suspensive de la décision du tribunal hors classe de Dakar.
De rebondissement en rebondissement, l’affaire continue de faire grand bruit et tout pronostic sur son issue semble bien difficile, voire impossible. C’est alors que le scoop est tombé ce lundi de Noël comme un cadeau pour les partisans de l’opposant: le dossier a été déposé. Certainement en catimini, puisqu’en dehors de ceux qui sont dans le secret du Pastef et de la greffe du Conseil constitutionnel, personne n’a vu le mandant de l’opposant franchir l’entrée du bâtiment qui abrite les Grands juges sénégalais. La stratégie du dépôt dans le secret le plus total, serait une manière de dribbler l’administration sénégalaise qui, jusque-là, refuse, entre autres, à travers sa Direction générale des élections, d’accepter la caution et les fiches de parrainage du candidat, en prison depuis fin juillet. En rappel, Ousmane Sonko est privé de ses droits civiques, donc d’éligibilité, parce que condamné par la justice sénégalaise à deux ans de prison pour corruption de la jeunesse, dans la sulfureuse «affaire Adji Sarr» du nom d’une ex-employée d’un salon de massage de Dakar.
Le dossier est-il porté par le Pastef dissout ou cette coalition de partis de l’opposition qui devait assumer la candidature du secrétaire général du Pastef, Bassirou Diomaye Faye, le plan B parti? Quelle sera la portée de ce dribble magistral à la Sadio Mané, le capitaine et dépositaire du jeu des Lions du Sénégal? Le Conseil constitutionnel est-il en droit de recevoir un dossier qui n’a pas obtenu l’aval de l’administration? Si ces préoccupations sont levées au profit de l’opposant, qu’en sera-t-il de l’autre blocage que pourrait constituer le recours des avocats de l’Etat pour la radiation du candidat des listes électorales? Il importe de noter que le Conseil constitutionnel aura 35 jours pour rendre publique la liste des candidats, soit le 20 janvier 2024. Comme quoi, le temps n’est plus le meilleur allié d’Ousmane Sonko dans cette course à la présidentielle prévue pour le 25 février 2024.
En tout cas, le chemin pour accéder aux listes électorales est encore bien long pour Ousmane Sonko! Et comme dans une course de haies, les obstacles à franchir se multiplient pour le maire de Ziguinchor, même si ce dernier n’en démord pas, tout comme ses militants restent confiants pour la suite des événements qui connaîtra, probablement, de nouveaux rebondissements.
Par Wakat Séra