La petite campagne pour la grande présidentielle du dimanche prochain titre inexorablement vers sa fin. Les 19 candidats ont déployé, chacun, des initiatives pour tenter de convaincre les potentiels électeurs en deux semaines au lieu d’au moins 21 jours. Si pour certains, la pêche a été bonne, pour d’autres, elle a été squelettique. Mais elle aura été simplement miraculeuse pour Amadou Ba, le cheval de l’Alliance pour la République (APR, pouvoir) et de la coalition Benno Bokk Yakaar dont les filets pourraient s’alourdir d’un poisson au poids phénoménal, nommé Parti démocratique sénégalais (PDS). S’il était dit que les positions du candidat de l’APR et de Karim Wade, le leader du Parti démocratique sénégalais (PDS) étaient inconciliables, les deux auraient fini par se trouver des atomes crochus, selon des indiscrétions, grâce à l’action coordonnée du président Macky Sall et de l’influent Khalife de la confrérie des Mourides, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké.
C’est la magie de la politique qui aura joué, la politique dont le répertoire ne connaît par le mot «jamais». En effet, après que la candidature du fils de l’ancien président Abdoulaye Wade a été retoquée à la dernière minute pour double nationalité sénégalo-française, par le Conseil constitutionnel, Karim Wade et son camp ont accusé l’ancien Premier ministre Amadou Ba d’avoir été à l’origine de la manœuvre. Une donne qui est venue s’ajouter à la guéguerre de l’époque qui a vu Macky Sall claquer la porte du PDS pour créer l’APR. Et comme pour rendre la pièce de sa monnaie à la famille Wade, le président sénégalais n’a laissé aucun répit au fils qui est même passé par la case prison.
Certes, Karim Wade a été amnistié par le même Macky Sall sous l’œil bienveillant du Qatar, mais les politiciens étant connus pour avoir la rancune tenace, rien ou presque rien ne présageait ce rabibochage. Cette alliance APR-PDS devrait, si elle se concrétise, faire ses effets dès le premier tour où la lutte s’annonce très serrée et rude avec de vieux briscards de la politique sénégalaise comme l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall ou Idrissa Seck, ou encore le candidat du Pastef dissous par le gouvernement, Bassirou Diomaye Faye, le clone politique d’Ousmane Sonko.
Assurément, malgré les jeûnes musulman et chrétien qui battent leur plein, les derniers jours de cette campagne pour la présidentielle seront bien croustillants, tout comme promet d’être épicée, comme un bon plat de tiéboudiène, succulent riz au poisson, la présidentielle sénégalaise.
Par Wakat Séra