Un second tour s’impose au Mali suite à la proclamation provisoire des résultats de l’élection présidentielle du 29 juillet 2018. Il mettra aux prises le président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta (41,42%) et le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé (17,80%). Prévu pour le 12 août prochain, ce dernier round d’un scrutin au taux de participation de 43,06%, chiffre relativement appréciable compte tenu des menaces sécuritaires et autre désintérêt des populations pour ce vote, est loin d’être joué à l’avance. Les reports de voix, sans être systématiques pèseront tout de même de tout leur poids, tout comme les voix des indécis compteront sérieusement dans la balance. La chasse est donc ouverte et dans leur peau non moins confortable de faiseurs de rois, Aliou Diallo et Cheick Mobibo Diarra, respectivement 3è et 4è, ne bouderont pas leur plaisir de se faire courtiser. Nous l’avions dit dans notre éditorial du 1er août, ce second tour, remake de la présidentielle de 2013 qui avait déjà mis face à face les deux rivaux politiques, était inévitable. Il importe désormais aux candidats à la course au fauteuil de Koulouba d’y mettre du leur pour faire avancer le Mali sur la voie de la démocratie en faisant jouer le fair-play à fond. Dans ce jeu, le pouvoir a la lourde responsabilité de rendre le processus crédible en montrant patte blanche, notamment sur la présence de la fameuse liste parallèle sur laquelle figureraient de nombreux électeurs fictifs et dans le débat selon lequel des voix auraient été comptées dans des circonscriptions où le vote n’a pas eu lieu.
Autre élection, autres tristes réalités! Emmerson Mnangangwa est proclamé vainqueur dès le premier tour par des résultats annoncés très tard pour éviter les débordements et les manifestations spontanées. Dans ce Zimbabwe où malheureusement la période post-électorale présage des moments lourde de dérives, au moins 6 morts ont déjà été comptabilisés dans les rangs de manifestants qui revendiquent une victoire qui serait en passe de leur être volée. Pire, Nelson Chamissa, le leader du MDC (Mouvement pour le changement démocratique ) et challenger de Emmerson Mnangangwa, président sortant, champion de la ZANU/PF (Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique) et candidat à sa propre succession, est cramponné à sa décision de ne point accepter les résultats du scrutin présidentiel du 30 juillet 2018. Cette surchauffe d’après élection n’était pas moins prévisible, compte-tenu de la prise en otage du pays par l’armée zimbabwéenne dont les officiers, pour préserver leurs avantages et autres passe-droits séculaires dont ils ont toujours jouis sous Robert Mugabe, sont prêts à tout pour dissuader les opposants les plus téméraires. Du reste, Emmerson Mnangangwa, le bien surnommé «crocodile» n’était-il pas déjà l’homme des basses besognes sous le Vieux Bob? S’il est vrai que le plus dur pour les candidats est l’acceptation des résultats, il urge de trouver les moyens pour faire tomber la tension au Zimbabwe afin que le retour au calme soit effectif pour permettre au pays de retrouver la voie de la démocratie, la vraie, après des décennies de règne du presque centenaire Robert Mugabe.
En attendant, que les élections cessent d’être synonymes de violences et de répression systématique de la part des militaires, l’Afrique continue son dur apprentissage de la démocratie et surtout de l’alternance politique. Elle fera peut-être un jour, mentir l’autre, l’ancien président français, Jacques Chirac pour ne pas le citer, qui a affirmé que le continent noir n’est pas mûr pour la démocratie.
Par Wakat Séra