Accueil A la une Prisons: trop de «Makala» en Afrique!

Prisons: trop de «Makala» en Afrique!

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Que s'est-il donc passé à la prison centrale de Makala?

Au moins 129 morts! C’est le bilan macabre fourni par le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC), à la suite de ce qu’il convient désormais de qualifier, sans avoir peur des mots, mais des morts, de «drame de Makala».

Dans la nuit du dimanche 1er au lundi 2 août, ils ont été abattus comme des lapins, ou morts par «étouffement», à en croire les autorités qui les accusent d’avoir tenté de fuir. En tout cas, qu’ils aient cherché à s’évader ou pas, les détenus ont subi un massacre digne d’un film d’horreur à succès. Question: les prisonniers ont-ils réellement tenté de prendre la clé des champs? La réponse à cette interrogation n’est connue que de leurs geôliers, car seules des investigations indépendantes pourront déterminer les véritables mobiles de ce carnage dont le nombre de victimes, selon d’autres sources, serait nettement plus élevé que les chiffres officiels. Si la thèse de l’évasion est confirmée, les pensionnaires de cet hôtel sordide, n’en n’appréciaient certainement plus la saleté et la promiscuité, surtout que nombre d’entre eux, n’ont probablement été jamais jugés, a fortiori condamnés!

Comment donc, construite à l’origine pour accueillir 1500 détenus, cet établissement qui a ouvert gracieusement ses portes à 15 000 «clients», pouvait-il offrir des conditions de détention adéquates à ses occupants? Ils sont de toutes catégories confondues, allant des auteurs de larcins, aux bandits de grand chemin, en passant par des détenus politiques, des manifestants contre le pouvoir, et même de pauvres innocents qu’un jugement aurait empêchés de se trouver dans cet endroit qui a servi, dans les ténèbres de ce lundi, de boucherie pour hommes. Une nuit de plusieurs horreurs, car, en plus des morts et des blessées, des femmes détenues ont également été violées. Violées par des prisonniers en train de chercher à s’évader, si l’on s’en tient à l’argument d’évasion avancé par les autorités? Voici un autre pan du drame à éclaircir, et qui prouve, s’il le fallait encore, qu’un épais nuage, lourd à couper au couteau, plane sur cette tragédie de la prison de Makala, jouée par des acteurs dont tous ne sont pas encore connus.

Que s’est-il donc réellement passé dans cette nuit où l’horreur a atteint son degré le plus répugnant? En attendant d’en savoir davantage, une chose est certaine, les «prison de Makala» sont loin d’être l’apanage de la RD Congo. En Afrique, la surpopulation de l’univers carcéral, est la chose la mieux partagée. Et même si un semblant de cloisonnement est observé, séparant les femmes des hommes, et les enfants des adultes, les frontières ne sont pas aussi étanches entre les quartiers. Pire, au lieu d’être des endroits où le condamné peut trouver une chance de reconversion dans la société, après avoir purgé sa peine de privation de liberté, les prisons sont de véritables goulags qui endurcissent davantage ceux qui ont la chance d’en sortir. Car, des détenus y sont souvent oubliés, sans même jamais être passés devant un juge! C’est ainsi que la prison, qui, pourtant, ne doit être que dissuasive, se transforme, de plus en plus, en centre d’apprentissage de la délinquance pour les enfants et en école du crime et de la récidive pour les adultes qui n’ont pas eu l’opportunité de se repentir et d’y apprendre un métier.

Ceux qui nous gouvernent, pour le bonheur des populations, doivent, en toute urgence, engager les réformes nécessaires pour que la prison ne soit pas que maison d’arrêt, mais surtout lieu de correction dans un environnement plus sain, et surtout loin de toute surpopulation.

Plus jamais de «Makala» en Afrique!

Par Wakat Sara